Les populations autochtones représentent environ 370 millions de personnes et vivent dans 90 pays. Bien qu’ils ne forment que 5 % de la population mondiale, ils constituent aujourd’hui 15 % des individus les plus marginalisés de la planète. Les enfants des populations autochtones sont parmi les principales victimes. Ils parlent une langue à la maison et se retrouvent confrontés, dès leur entrée à l’école, à une langue officielle d’enseignement qui leur est totalement étrangère.
Les enfants autochtones toujours exclus de l’éducation
Commence alors pour ces enfants, un véritable parcours du combattant pour comprendre l’enseignant, apprendre les leçons, participer en classe et faire les exercices… Pourtant des recherches montrent qu’apprendre dans sa langue maternelle améliore les résultats scolaires des enfants et que les enfants parlant plusieurs langues développent davantage de facultés intellectuelles que les enfants qui ne parlent qu’une seule langue. De nombreux états sont cependant encore réticents à mettre en place un enseignement bilingue. Les enfants des communautés tribales ne reçoivent donc aucun soutien pédagogique adapté à l’école et ils ne peuvent trouver d’aide à la maison, leurs parents parlant exclusivement ou presque la langue de la communauté. Résultat : ces enfants enregistrent des taux d’abandon scolaire parmi les plus élevés du monde.
En Inde, 6 enfants d’origine tribale sur 10 abandonnent l’école
C’est notamment le cas en Inde, où d’après les derniers sondages, 58% des enfants d’originale tribale abandonnent l’école primaire, contre 37% pour les autres enfants. Certains états comme l’Odisha ou l’Andhra Pradesh ont essayé d’intégrer les langues tribales dans les écoles publiques, mais la plupart des autres états où les populations autochtones sont très présentes ont été réticentes à franchir le pas. Dans l’état du Madhya Pradesh, au centre de l’Inde, la situation est particulièrement difficile.
Plus de 20% de la population appartient à l’une des 46 tribus que compte l’état comme par exemple, les Baigas, les Gonds ou encore les Arkat, Moins de 10% des enfants terminent l’école primaire et malgré tout, ils sont pourtant souvent incapables de lire et d’écrire, ce qui renforce l’idée parmi les villageois que l’école est sans intérêt. Les écoles proposent, il est vrai, une éducation médiocre. Elles manquent d’argent, ont du mal à recruter des enseignants, et n’ont ni matériel ni livres.
Des supports pédagogiques bilingues nécessaires pour les populations autochtones
Aide et Action, en partenariat avec les communautés et les associations partenaires, produit des supports pédagogiques en langues tribales et forme les enseignants à leur utilisation afin de faciliter l’apprentissage des enfants. Dans le district de Balaghat en collaboration avec Tata Trusts, Aide et Action supporte également le développement de bibliothèques mobiles : des bibliothécaires se rendent ainsi chaque jour dans des villages différents pour animer des séances de lectures, raconter des histoires, proposer des chants ou proposer des livres à emprunter aux enfants. Le tout en langue tribale et en langue officielle afin de familiariser les enfants aux deux langues. Le succès est sans appel.
Enfants et adultes passionnés par la lecture et le partage des connaissances
Les enfants attendent avec impatience avec impatience la visite du bibliothécaire. Les enseignants ont déjà noté à quel point ces séances de lectures orales contribuaient à rendre les enfants plus confiants et les tests de lectures en classe primaire et moyennes montrent déjà des progrès notables. Des séances de bibliothèques sont également ouvertes une fois par semaine à l’ensemble de la communauté. L’occasion pour les villageois de lire, de raconter des histoires et de partager le folklore de la tribu. Ils en profitent aussi pour discuter des besoins de l’école, de l’importance de scolariser les enfants et de les aider à travailler à la maison. Cette activité permet de mobiliser toute la communauté et de les sensibiliser à l’importance de l’éducation pour tous.