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Billet de blog 11 avril 2017

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Aide au développement : Pourquoi la France croit-elle si peu en l’éducation ?

Quatorze organisations de défense du droit à l’éducation, dont Aide et Action, membres de la Coalition Éducation, questionnent le manque de mobilisation de la France en faveur de l’éducation dans le monde et demandent aux candidats à l’élection présidentielle de s’engager à allouer, d’ici 2020, 15% de l’aide publique française au développement à l’éducation.

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En 2015, 189 chefs d’État se sont engagés à ce que – d’ici à 2030 - tous les enfants puissent bénéficier d’une éducation primaire et secondaire gratuite. La même année, l’aide allouée par la France à l’éducation de base, et notamment des populations les plus démunies, chutait à un niveau extrêmement bas.

En baissant drastiquement de 9,3% par rapport à 2014, cette aide ne représente plus aujourd'hui que 2,3% du budget total de l’aide française au développement (OCDE). De quoi questionner sérieusement le rôle que la France attribue à l’éducation dans le développement durable mondial ?

Illustration 1
© Eliane LEONI - AEA

Améliorer la qualité de l’éducation, lutter contre le décrochage scolaire, permettre la formation professionnelle sont les moyens les plus efficaces pour lutter contre l’extrême pauvreté, faire reculer les maladies, la famine et la malnutrition, et aller vers davantage de paix et de tolérance. De l’éducation dépendent la santé, l’égalité entre les hommes et les femmes, la sécurité alimentaire, la croissance économique, la préservation de l’environnement, la lutte contre les changements climatiques et plus encore. Dans un monde en proie aux conflits, quelle meilleure réponse contre l’obscurantisme que l’accès à une éducation de qualité pour toutes et tous ? Les dépenses consacrées à l’éducation doivent être significativement augmentées. Seule une aide six fois supérieure à celle actuellement allouée pourra combler le déficit du financement de l’éducation dans le monde.

Selon l’UNESCO, chaque année, 36 milliards d'euros manquent encore pour parvenir à une éducation de base universelle de qualité ; un déficit qui ne représente finalement qu'une goutte d'eau à l'échelle des financements internationaux. L’UNESCO recommande que les pays riches consacrent 10% du total de leur aide publique au développement (APD) à l’éducation de base. Avec ses 2,3%, à peine, la France se place derrière bon nombre de ses voisins européens. Quant à sa contribution aux fonds multilatéraux pour l’éducation ? Dérisoire. Ainsi, entre 2003 et 2015, la France n’a financé le Partenariat mondial pour l’éducation qu’à hauteur de 2,15%, contre 21,76%  pour le Royaume-Uni et 14% pour les Pays-Bas. Le bilan n’est pas plus encourageant du côté du fonds « l’Éducation ne peut attendre », lancé en 2016 pour soutenir l’éducation dans les situations de crise.  La France ne lui a alloué aucun montant en 2016 et vient d’annoncer 2 millions d’euros seulement pour 2017. Une somme minime en comparaison des engagements du Royaume-Uni et de la Norvège et au vu des besoins de ce fonds : 3,56 milliards d’euros sont nécessaires, en urgence et sur les cinq prochaines années, afin de protéger plus de 75 millions d’enfants et de jeunes vivant dans 35 pays en crise et en conflit et privés d’éducation.

Nous ne nous expliquons pas un tel désengagement. Désintérêt ?  Négligence ? Quels arbitrages peuvent aujourd’hui justifier que notre pays n’assume pas sa part de financement et de responsabilité ? En pleine campagne électorale française, alors que l’éducation nationale figure dans tous les discours et intentions des présidentiables, nos interrogations et notre incompréhension face au manque de préoccupation français en matière d’éducation mondiale  persistent et grandissent.

A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, nous, organisations de défense du droit à l’éducation et membres de la Coalition Education, appelons à faire de l’éducation une priorité pour la France et un axe majeur de sa politique de développement. Nous demandons à la France d'allouer, d’ici à 2020, 15% de son APD à l'éducation. Par ailleurs, 30% de l'aide à l'éducation devrait permettre de soutenir le Partenariat mondial pour l'éducation ainsi que le fonds « l’Éducation ne peut attendre », et ce afin de répondre aux besoins urgents des populations dans les pays les plus pauvres et/ou en crise.

Investir dans l’éducation c’est construire, durablement, la paix et lutter contre les inégalités. Si nous sommes conscients que la France ne peut pas tout, seule, elle peut néanmoins beaucoup plus.


Aide et Action a rejoint la Coalition Education - France dès sa création (en 2014). Cette Coalition est le relais français de la Campagne mondiale pour l'éducation (CME), alliance de la société civile internationale établie en 1999 à la veille du forum de Dakar. Lors de son Assemblée mondiale de 2011, à Paris, la CME a réaffirmé son engagement pour que le droit à l'éducation soit effectif et n’a cessé depuis de mobiliser la société civile - syndicats, ONG, organisations de défense des droits des enfants et des jeunes - à travers ses coalitions nationales et régionales présentes dans plus de 100 pays.
Les 14 organisations
membres de la Coalition Éducation* se reconnaissent dans une approche large et ambitieuse telle qu’énoncée dans la déclaration d’Incheon à l’issue du Forum Mondial sur l’Education en 2015 : « assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ». L’objectif de la Coalition Education est de mobiliser l'opinion publique, les gouvernements, les parlementaires et autres décideurs pour que la communauté internationale tienne ses engagements de financement et d'encadrement d'une éducation publique de base gratuite et obligatoire pour tous, et particulièrement pour les plus vulnérables.

* Organisations membres de la Coalition Éducation : Aide et Action, Céméa, France Parrainages, Gref, Handicap International France, La Ligue de l’enseignement, One, Partage, Plan International France, Planète Urgence, Sgen-CFDT, SNUipp-FSU, Solidarité Laïque, UNSA Éducation.

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