A 15 jours de la Conférence de refinancement du Partenariat Mondial pour l’Education, les messages d’alertes demandant aux leaders et gouvernements d’augmenter sensiblement leurs dépenses et investissements en éducation se multiplient. Et pour cause, on estime aujourd’hui que 263 millions d’enfants sont privés d’éducation, que 600 n’ont pas les compétences de base et que 825 millions jeunes parviendront d’ici à 2030 sur le marché du travail sans avoir les compétences de base.
1 crise mondiale reconnue par tous
En dépit de cette situation critique et désormais connue de tous (FMI, Banque Mondiale, Unesco, G20…), l’aide internationale à l’éducation ne cesse de baisser, comme le souligne le blog du Partenariat Mondial pour l’Education (PME) en publiant cette semaine 8 graphiques montrant l’urgence de la situation en matière d’éducation.
« La croissance rapide de la population signifie qu’améliorer l’éducation continuera d’être un réel goulot d’étranglement, notamment en Afrique Subsaharienne », prévient Julia Gillard, Présidente du PME dans un article publié dans le Huffington Post. Autrement dit, inutile de se voiler la face : « nous faisons face à une situation catastrophique », assure la Présidente du PME, « mais nous pouvons y faire face en augmentant sensiblement les investissements en éducation, notamment ceux du Partenariat Mondial pour l’Education » dont la conférence de refinancement, co-présidée par les Présidents de la France et du Sénégal, se tiendra les 1 et 2 février. Même message de Malala Yousafzai (https://twitter.com/twitter/statuses/951142212867448832) ce 10 janvier 2018, qui appelle dans une vidéo diffusée sur Twitter les leaders internationaux à annoncer leurs contributions au PME.
Dans un article intitulé « Humanitarian aid for education should be doubled says UN envoy Gordon Brown », Gordon Brown, envoyé spécial des Nations Unies, appelle lui aussi à augmenter le montant de l’aide humanitaire accordé à l’éducation, ce qui inclut davantage de fonds pour le Partenariat Mondial pour l’Education et pour le Fonds « L’Education ne peut attendre ». A l’heure actuelle, souligne-t-il, les pays qui lancent un appel d’urgence ne reçoivent pas suffisamment de fonds pour couvrir les besoins en éducation. 70 millions d’enfants vivent en situation de crise humanitaire précise Gordon Brown et ce nombre est malheureusement appelé à grossir dans les années à venir.
La solution : augmenter les fonds alloués à l’éducation, notamment pour le Partenariat Mondial pour l’Education
Pour faire face à cette crise mondiale, le Partenariat Mondial pour l’Education, l’un des bailleurs de fonds les plus importants de l’éducation de base dans les pays à faible revenu, a besoin de financements accrus pour 2018-2020 avec pour objectif d’atteindre USD 2 milliards par an d’ici 2020. Ce montant lui permettra d’améliorer les résultats scolaires et l’équité pour 870 millions d’enfants vivant dans 89 pays. Mais pour l’heure, le compte n’y est pas. L’Union Européenne a annoncé une contribution de 350 millions de dollars pour la période 2018-2020, la Suisse a annoncé une augmentation de 41,5 millions de dollars US de sa contribution au PME pour la période 2017 – 2020. Manque la contribution de la France.
La France toujours silencieuse
A 15 jours de la Conférence de refinancement, l’hexagone, qui s’était pourtant engagé « à montrer l’exemple et à encourager les bailleurs à augmenter leur contributions triennales au PME en annonçant un renforcement substantiel de son effort financier pour le triennum 2018-2020 » (Réponse du ministre de l’Europe et des affaires étrangères à la question N° 3324 « Contribution française au Partenariat mondial » du député M. Jean-Luc Reitzer ) n’a toujours pas annoncé officiellement sa contribution.
La France, qui a souhaité co-présider cette conférence avec le Sénégal, n’aura pourtant d’autres choix que montrer l’exemple et surtout de donner bien plus que le « petit » chèque de 8 millions d’euros fait au PME en 2016. Alors que tous les regards se tournent aujourd’hui vers notre pays et que tous attendent avec impatience un engagement concret de la France, susceptible de changer la tendance à la baisse de l’aide internationale à l’éducation, Aide et Action, aux côtés des membres de La Coalition Education, demande à Emmanuel Macron d’augmenter la contribution de la France à hauteur de 300 millions de dollars sur la période 2018-2020, soit « à la hauteur des objectifs volontaristes du PME fixés pour 2020« , tel que le précise le communiqué publié par les membres de la Coalition Education.