
Kunti KAMARA, cet ancien CO (commandant officer) de 17 ans lorsqu’il semait la terreur dans la contrée de Foya au Libéria dans un groupe rebelle, est jugé pour « tortures, actes de barbarie et complicité de crimes contre l’humanité » commis pendant la première guerre civile de 1989 à 1997. Plus précisément, les actes d’accusations sont circonscris à la période 1993-1994, au pic des tensions guerrières avec la fraction de l’ancien Président déchu (en 2003) Charles Taylor.
Il est précisément reproché à Kunti Kamara, arrêté en France en 2018, d’avoir participé à des atrocités réprimées par le droit pénal international comme « crimes contre l’humanité ». Tour à tour, à la barre défilent des témoins oculaires ou rapporteurs de faits entendus ci et là tels que la pratique du « tabet » (attacher les mains des victimes derrières le dos, pour mieux exposer leurs torses à la sanction de la hache qui va les ouvrir majestueusement, pour en extraire les cœurs) ou le cannibalisme sous ses diverses formes abjectes (manger le cœur arraché par la pratique du « tabet », vendre les morceaux humains transportés dans des brouettes). Je n’oublie pas les actes de viols des soldats de l’ULIMO (fraction rebelle dont appartenait Kunti Kamara) dont auraient assisté le prévenu, ni l’exécution par Kunti Kamara d’une dame soupçonnée de sorcellerie.
Initié par l’ONG Suisse Civitas Maxima, ce procès dont les faits remontent à une trentaine d’années, se tient en France, c’est-à-dire à 5 000 km du théâtre des crimes. Cet « exil » de la justice, à la faveur de la jurisprudence de la compétence universelle, est un aveu d’échec des gouvernants africains. En effet, la justice libérienne a tourné son regard ailleurs que de s’occuper des siens. La justice de la prix Nobel de la paix Hellen Jonhson SIRLEAF et de l’unique africain ballon d’or européen George WEAH, les deux derniers Présidents du Libéria, a sacrifié les victimes pour s’accommoder aux équilibres maléfiques du pouvoir.
UN PRIX NOBEL QUI N’AIME PAS LA PAIX DES VICTIMES
Il est bon de rappeler le parcours de cette lauréate du prix Nobel de la paix (2011), arrivée au pouvoir deux ans après le départ d’un des plus sanglants dictateurs que le monde n’ait connu, à savoir Charles TAYLOR. Hellen Jonhson SIRLEAF, élue le 8 novembre 2005, cristallise tous les espoirs du peuple libérien et de la communauté internationale. Il faut dire qu’elle en a la légitimité car elle-même survivante de la purge de Samuel K. DOE qui a non seulement tué l’ex-Président William TOLBERT, mais également 13 de ses ministres. Hellen Jonhson SIRLEAF, alors ministre des finances, ne doit sa survie qu’à un miracle.
La miraculée sait aussi avoir le mauvais flair comme lorsqu’en 1997, elle finance la campagne présidentielle de Charles Ghankay TAYLOR, chose qu'elle reconnaîtra être une erreur. La commission « Vérité et réconciliation », à cause de son implication dans le financement de factions armées, exigera que Jonhson SIRLEAF soit interdite d'occuper pendant trente ans des responsabilités officielles. Ce mauvais flair a également été mis en lumière dans le scandale des « paradis papers » qui la cite comme directrice d’une compagnie écran immatriculée au Bermudes.
Dans ce contexte, on peut aisément comprendre que la première femme élue Présidente en Afrique n’ait pas eu l’empathie nécessaire pour les 250 000 morts de la première guerre civile de son pays. Quid de George WEAH ?
L’ELU DU PEUPLE QUI NAIME PAS LE PEUPLE
George WEAH, élu le 26 décembre 2017, prend ses fonctions le 22 janvier 2018. L’espoir renaît dans la conscience collective du monde entier. Il n’est pas possible que ce footballeur qui a porté à lui tout seul les dépenses financières de l’équipe nationale du Libéria, aidé des milliers de proches et inconnus, ne puisse pas être le défenseur des causes justes, du peuple et des victimes de ce génocide. Que non, l’homme d’état n’a rien à voir avec le footballeur du peuple. Mister George n’est pas Monsieur le Président Weah : ce sont deux faces distinctes d’un homme qui s’est adapté aux exigences politiciennes. Jouer à l’équilibriste est certainement une exigence de la politique. Des seigneurs de cette sale guerre sont au pouvoir à Monrovia. Un d’eux est actuellement sénateur, un autre colonel. Les victimes sont sommées de vivre en « harmonie » de voisinage avec leurs bourreaux. George WEAH a d’autres chats à fouetter, laissant alors la charge à son pays d’accueil (la France) de gérer ce détail de l’histoire du peuple qui lui a pourtant permis de réaliser son rêve de Président.
Ainsi va la vie en Afrique, un continent peuplé de sanguinaires. Il y a eu le Rwanda, la Sierra-Leone, le Libéria, la Guinée Conakry. Il y a le Tchad avant et maintenant, en attendant d’autres monstres.