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Médecin, Professeur agrégé de cardiologie, enseignant à l'universitaire de Douala au Cameroun, Médecin des hôpitaux de France

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Billet de blog 4 mai 2024

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ASSURANCE MALADIE EN AFRIQUE : UN LEURRE A PLUSIEURS MILLIARDS DE DOLLARS

L'Afrique a du mal à offrir un accès aux soins de santé compétitif à ses citoyens, à des années lumières du slogan pompeux de "SANTE POUR TOUS EN L'AN 2000" que l'OMS et les dictatures africaines annonçaient il y a plus de 40 ans déjà. Avec moins de 5% du budget de la santé (contre 15%, Abuja 2001), sur fond d'évacuation sanitaire des dignitaires corrompus, l'Afrique est mal partie pour de bon.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'assurance maladie est l'ensemble des moyens mis en œuvre pour permettre à un individu ou une population à accéder à l'offre de soins la plus optimale possible.

Il s'agit d'un moyen économique mis à la disposition d'un service sanitaire (offre de soins) rendu pour maintenir (cible préventive) ou rétablir (cible curative) la santé des populations.

Ce moyen financier, sous forme de cotisations est assuré soit par l'État (modèle français), soit par le privé (entreprises assurant leurs salariés) dans des pays sans intervention étatique (modèle camerounais). 

Les Etats, même les plus vertueux, étant incapables d'offrir une couverture complète de l'offre de soins à leurs populations, n'assurent donc qu'une partie (70% en France), renvoyant les cotisants vers des mutuelles complémentaires qui prennent les 30% restants (appelés le tiers-payant) et les éventuels dépassements d'honoraires courants dans les établissements privés.

En effet, plusieurs experts dans les cliniques privés ou des professeurs émérites du public pratiquants légalement 30% de leur activité sous forme de consultations privées appliquent des dépassements d'honoraires. Ces dépassements ont des prix qui peuvent s'envoler selon l'expertise proposée par le médecin.

Il faut dès lors avoir une bonne mutuelle complémentaire (à l'assurance maladie étatique) pour suivre le rythme desdites surfacturations légales. C'est dire si votre cotisation en mutuelle de santé complémentaire est d'autant plus importante que vous fréquentez les praticiens qui aiment rouler dans une jaguar ou Lamborghini. En français facile, certains soins ne sont pas à la portée des pauvres...même en France

Cela étant dit, le slogan "santé équitable pour tous" est un leurre, même en occident. C’est toute de même une question d’écart très écarté dans les pays à gouvernance bananière. Donc cette limite est tenue dans les pays occidentaux où les bons médecins sont légion et la bonne médecine assez vulgarisée. On peut bien se soigner sans être obligé d'aller vers les spécialistes les plus inaccessibles (tarifs exorbitants).

La COUVERTURE SANTE UNIVERSELLE (CSU)  n'est rien d'autre qu’une assurance maladie.

Le panier financier commun provient des cotisations des contribuables. Plus les cotisants ont des revenus faibles (pays pauvres), plus la cagnotte générée et gérée par l'État est faible et l'offre de soins rudimentaire. La santé ayant un prix et donc un coût, les maladies complexes ne sauraient par conséquent être prises en charge par une CSU de pauvres cotisants.

En français facile, la CSU camerounaise et de beaucoup de pays à gouvernance tortueuse ne permettra l'accès aux soins que pour les maladies à faible coût (maladies aiguës comme le paludisme, les diarrhées, la tuberculose, etc) ou quelques rares maladies chroniques. Le Cameroun a fait le choix salutaire d'inclure dans le panier la dialyse (insuffisance rénale chronique terminale), ce qui est un exploit à louer.

Étant donné que l'assurance maladie ou CSU est une affaire de "njangui" (cotisation) pour se soigner, qu'un pays compte une tranche de sa population sous le seuil de pauvreté, la France dont la politique sociale est une réalité mondialement reconnue, a fait le pari de devoir soigner tout le monde. Ce n'est pas le cas des USA. Comment permettre donc à chaque citoyen sur le sol français d'être soigner alors que les soins ne sont pas gratuits (l'assuré cotise par les prélèvements à la source de son salaire) ?

LES RICHES PAIENT POUR SOIGNER LES PAUVRES 

Les travailleurs cotisent pour les chômeurs à travers la COMPLEMENTAIRE MALADIE UNIVERSELLE (CMU) qui a évolué en France COMPLEMENTAIRE SANTE SOLIDAIRE (CSS)

L'obtention de la CMU (aujourd'hui CSS) obéit à des critères de précarité bien définis.

La France étant une terre d'accueil d'immigrants donc de "sans-papiers", sur la base du sacro-saint principe de ne laisser aucun être humain mourir de maladies curables, l' AIDE MEDICALE D'ETAT(AME) a été mise en place. Cependant, il faut justifier d'une certaine période (> 3 mois ?) sur le territoire sans titre de séjour (entre autres conditions) pour bénéficier de l' AME.

Qui paie donc pour ces clandos ? Les travailleurs bien entendu. On comprend pourquoi l'AVC guette tout salarié français qui se risque de guetter sa fiche de paie, notamment les rubriques sur les cotisations sociales.

C'est donc dire si la santé pour tous est impossible dans les pays pauvres en voie de sous-développement.

Nous n'avons même pas encore abordé le volet "fraude à l'assurance maladie" qui, dans un système économique fragile, est une cause immédiate de mort subite de ladite assurance maladie. 

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