Agrandissement : Illustration 1
La forte abstention des pays africains contre des sanctions Onusiennes à l’égard de la Russie (invasion de l’Ukraine) ne s’explique pas uniquement par la volonté de préserver une neutralité face aux deux blocs.
Ce NON-ALIGNEMENT africain version 21è siècle n’a pas le même fondement qu’à l’époque des indépendances des jeunes états africains.
Autant les raisons politiques telles que (1) la défiance envers le nouvel ancien colon (France, UK) soupçonné de vouloir maintenir un rapport de subordination, (2) l’envie d’aller voir ailleurs (Chine, URSS) où l’herbe du Marxisme-Léninisme semble forcément plus verte ont dominé ce courant politique des années 1958-1980; autant la nouvelle appétence à cette neutralité africaine s’explique davantage par l’échec du continent des Kwame Nkrumah, Sékou Touré et autres Thomas Sankara à réussir un virage socio-politico-économique faisant de lui un partenaire respectable et respecté.
L’incurie des nations africaines à se développer les obligent à une dépendance tutélaire avec des nouveaux Maîtres (Chine et Russie) dont les objectifs sont identiques aux précédents, bien que les méthodes divergent. Sceller des alliances avec la Russie ou la Chine, en lieu et place des Français et leurs alliés historiques ne change rien fondamentalement à la condamnation de l’Afrique à demeurer un continent d’assistés. Un éternel assisté ne compte point dans ce monde violent, un monde où la guerre froide militaro-économico-industrielle a remplacé la guerre froide idéologico-militaire. Le monde jadis divisé en deux blocs distincts Est et Ouest, représentés par l’URSS et les USA, s’est effacé au profit d’un monde plus pragmatique, celui où les alliances économiques sont le juge d’une paix fragile. Un monde où les nations qui ne s’emploient pas à développer leurs indépendances plurielles n’ont aucun rôle majeur. L’Union Européenne découvre à ses dépens qu’elle est larguée, l’Allemagne incluse. Sa dépendance (notamment gazière) aux autres dictatures non-occidentales est son talon d’Achille.
L’Afrique devrait donc s’inquiéter de sa position de dernière du monde. Son non-alignement ressemble donc davantage à un aveu de faiblesse qu’une position idéologique.