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Billet de blog 31 mai 2019

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Les valeureux guerriers de Washington : des planqués et des canailles

Un article de Philip Giraldi, haut gradé de la CIA en retraite, mais oui, sur la clique belliqueuse au pouvoir à Washington. Très bien informé et sans pitié.

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Par Philip Giraldi

Le texte original est paru dans Strategic Culture le 30 mai 2019. On peut le retrouver ici. Traduit par DeepL avec le strict minimum d'édition.
Souvenez-vous de la phrase de Shakespeare : "Il se rit des cicatrices qui n'a jamais été blessé." Cet épigramme aurait pu être écrit en pensant au conseiller à la sécurité nationale John Bolton. Bolton était notoirement un planqué pendant la guerre du Vietnam, comme son patron actuel, non pas en raison de scrupules concernant ce qui se passait, mais parce qu'il avait la trouille pour son pauvre petit cul. Il est maintenant considéré de façon crédible comme l'instigateur de la punition infligée au Venezuela et, de manière beaucoup plus dangereuse, de l'escalade galopante qui a lieu au Moyen-Orient et qui cherche à entraîner l'Iran dans un faux pas qui conduirait à la guerre. Bolton, qui a reçu le prix du "Défenseur d'Israël", est depuis longtemps un ardent promoteur d'un assaut contre l'Iran et il a maintenant le pouvoir de le faire.

Les psychopathes de la Maison-Blanche ont prétendu que les Etats-Unis "et leurs alliés" étaient menacés par l'Iran, ce qui ridicule en soi, car les Perses sont largement dépassés par la présence américaine locale ainsi que par les armes aux mains des Saoudiens et d'Israël. Israël qui est, rappelons-le, armé jusqu'aux dents grâce à la bienfaisance des États-Unis et qui est aussi la seule puissance nucléaire de la région grâce au vol de la technologie et de l'uranium enrichi américains. Les Saoudiens, quant à eux, sont sur le point de recevoir 8 milliards de dollars supplémentaires d'armes fabriquées par les Américains en raison de la "menace iranienne". Que Trump ait organisé la vente d'armes de sa propre autorité discutable comme une "réaction d'urgence" semble ennuyer certains à Washington et dans les médias, mais personne ne fera quoi que ce soit à ce sujet, car tout le monde à l'intérieur du Beltway (le boulevard périphérique de Washington, NdT) déteste l'Iran à cause du travail assidu du lobby pro-Israël.

Trump a déjà envoyé des bombardiers dans la région du golfe Persique ainsi qu'un porte-avions et il y ajoute maintenant 1500 soldats supplémentaires, parce que la menace iranienne s'aggraverait. Cette prétendue menace se fonde sur des renseignements génériques israéliens concernant ce que les Iraniens pourraient faire s'ils choisissaient de réagir aux pressions américaines. Les renseignements recueillis donnent à penser qu'il pourrait y avoir des attaques contre des missions diplomatiques américaines en Irak, ce qui a conduit à l'évacuation de familles et de personnel inutile des postes de Bagdad et d'Erbil. On prétend également que les Iraniens installeraient des missiles antinavires sur de petits navires côtiers pour les déployer contre des navires de guerre américains.

Le Pentagone prétend avoir des preuves photographiques de la menace des missiles antinavires, mais Gareth Porter a démoli l'analyse produite par la Maison-Blanche, notant que les missiles vraiment dangereux étaient en grande partie dissimulés à terre.

La réalité, c'est que le pouvoir exécutif du gouvernement fédéral est fondamentalement en train d'inventer une guerre bidon qui ne répond aucun intérêt national concevable, basée sur des mensonges et qui pourrait même inclure une opération de "faux drapeau" qui lui permettrait de condamner l'Iran pour quelque chose qu'il n'aurait pas fait. Certains ont comparé la période actuelle à la période qui a mené à la guerre d'Irak, ce qui est juste, mais il faut comprendre que la situation actuelle est bien pire, car une guerre avec l'Iran pourrait nuire beaucoup plus aux intérêts américains réels que Saddam Hussein ne l'a jamais fait. L'Iran dispose de défenses efficaces et riposterait, ce qui signifie que des Américains mourraient, et non des Israéliens ou des Saoudiens. Il en serait de même pour des milliers de civils iraniens innocents. Et il y aurait encore des milliers de milliards de dollars à ajouter à la dette de guerre déjà paralysante accumulée par Washington sans le moindre retour sur investissement.

S'il y a de l'espoir à l'horizon, c'est peut-être grâce à un certain nombre de reportages dans les médias selon lesquels le président Donald Trump a exprimé une grande irritation face aux conseils qu'il reçoit de Bolton et du secrétaire d'État Mike Pompeo. Il aurait commencé à voir la lumière lorsque la tentative de coup d'Etat au Venezuela n'a pas tourné comme prévu, ce qui a conduit le président à dire qu'il avait été induit en erreur quand on lui avait donné à penser que le changement de régime serait "facile". Depuis lors, il a déclaré qu'il ne voulait pas d'une guerre avec l'Iran, même si ses actes suggèrent le contraire, et certains reportages laissent entendre qu'il est mécontent et en désaccord avec Bolton en particulier.

Malheureusement, les guerriers de salon qui dirigent actuellement les opérations à Washington n'ont aucune idée de ce qui les attend. Le seul ancien militaire parmi eux est Pompeo, qui est diplômé de West Point. Il a manqué le Vietnam et n'a jamais participé à un vrai combat. C'est aussi un chrétien sioniste qui appelle de ses vœux une guerre majeure au Moyen-Orient dans l'espoir qu'elle provoquera la seconde venue de Jésus Christ.

Ni Pompeo ni Bolton ne comprennent vraiment que la guerre fait des morts. Si Bolton fait ce qu'il veut, des milliers de personnes mourront et les États-Unis seront vilipendés dans le monde entier ou presque. Le président Donald Trump, malgré sa qualité de "génie" autoproclamé, ne semble pas lui non plus comprendre cette réalité. Des morts par millions et une humiliation nationale ne lui disent peut-être pas grand-chose de plus que les chiffres d'un bilan lorsqu'on calcule les coûts de construction d'un bâtiment.

Il faut mettre un terme à cette tragédie imminente. En 2003, cent mille Américains se sont rassemblés au Washington Mall pour protester contre l'invasion de l'Irak. Rien de tel ne s'est encore produit, mais les gens doivent se lever pour exiger que le gouvernement cesse et s'abstienne de faire des choses en leur nom qui ne bénéficient pas à un seul Américain, mais n'apportent que mort et destruction. Trump a promis de le faire quand il s'est présenté à la présidence. Il est grand temps qu'il tienne cette promesse.

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