« Don’t know much about history… » Ce sont les premières paroles de la chanson de Sam Cooke, What a Wonderful World, qui scande le superbe film de Peter Weir, Witness, sorti en 1985.
« Je ne connais pas grand chose en histoire / en biologie / à propos des livres de science / du peu de français que j’ai appris » chantonne Harrison Ford lorsqu’il entend le vieil air de Sam Cooke et qu’il invite Kelly McGillis à quelques pas de danse. Kelly McGillis qui tient dans le film le rôle de Rachel Lapp, la mère du petit amish témoin (Witness) d’un meurtre. Ce témoin que le personnage incarné par Harrison Ford (il s’appelle dans le film – ce n’est certes pas un hasard – John Book !) tente de protéger par tous les moyens, avant de s’apercevoir que le meilleur est encore de le ramener dans sa communauté.
La communauté Amish, à laquelle le film rend au passage un hommage extraordinaire.
Tout comme notre Président de la République qui, à propos de la demande de débat autour de la 5 G, déclare que la France, pays des Lumières, ne va pas résoudre « la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile » et en se réglant sur « le modèle amish » !
What a Wonderful World ! Les lumières, d’un côté, et l’obscurantisme de l’autre. Parce que le savoir, sans doutes ni nuances, se trouverait tout d’un côté, et l’ignorance, crasse et vulgaire, tout de l’autre.
« Je ne connais pas grand chose en histoire, ni en biologie… » mais, à la différence de Sam Cooke (pour qui seul l’amour importe), je sais quand même ceci : que d’avoir de pareilles certitudes, que de rejeter ainsi le débat, que de croire pouvoir traiter la complexité à coups de déclarations volontaristes, n’est ni très scientifique, ni très éclairé, ni très sage.
Et qu’il est encore maintenant quelques témoins – witness – pour le saisir. Et en garder la mémoire.
Dans les « livres d’Histoire ».