
Quand il y a du drame, il y a toujours des caméras. Deux morts et des flammes impressionnantes. L’incendie du 39 rue Gabriel Péri à Saint-Denis le 8 septembre a fait carton plein. Le lendemain matin sur la petite place à proximité de l’immeuble, ils étaient tous là : les journalistes, le préfet Lambert, nommé par Sarkozy, Cécile Duflot, ministre du gouvernement Ayrault, Didier Paillard, Stéphane Peu et Patrick Braouezec, édiles locaux du Front de Gauche. Le message politique était clair, martelé avec conviction : les sinistrés seront tous relogés !
Deux jours plus tard, les télévisions se sont tues. Les caméras ne sont plus là. Les ministres et les élus non plus.
Les services d’hébergement d’urgence de l’Etat ne font pas face. Les résidents du 39 Gabriel Péri sont renvoyés sur le fameux « 115 » qui n’ouvre qu’à des hébergements provisoires d’une nuit dans un hôtel dont on ne connait souvent l’adresse que très tard dans la soirée. Ceux qui sont allés à l’Hôpital sont refoulés, faute de papiers. On leur accorde une allocation alimentaire de 32 euros pour quatre jours. Demain, il auront des vêtements du Secours populaire et un repas du Secours islamique.
En l’absence de toute cellule de crise, en l’absence de local mis à disposition des sinistrés, en l’absence de toute dynamique de solidarité impulsée par les élus locaux, on assiste à des scènes surréalistes.
Lundi soir c’est au pied de l’immeuble, en pleine rue, qu’on se rassemble avec quelques voisins et militants associatifs pour échanger les informations, appeler le 115, faire le point avec des listes de fortune, constater le désastre. Il faut investir la Bourse du travail, proche, pour avoir enfin un coup de main de la mairie. Le lendemain, la scène se répète… Mais cette fois-ci, la Bourse du travail a été fermée empêchant, quel symbole, une réunion du Réseau solidarité logement de Saint-Denis.
Où sont les services de Madame Duflot, Ministre du logement, repartie très vite en voiture du lieu de son allocution de dimanche ? Où sont les services de la préfecture ? Où sont les élus et les services de la mairie ?
Mais qui sont donc ces femmes et ces hommes « sans qualité », dont la vie ne vaut que pour les effets de manches qu’ils permettent de faire sur un écran ? Juste des locataires victimes d’un propriétaire indélicat, dans un immeuble non entretenu, dont on avait coupé l’eau ! L’un d’eux, natif de la ville, quand il revenait au milieu de la nuit de son emploi à Rungis devait apporter, sur son scooter, des bouteilles d’eau minérale pour faire sa toilette : l’épicier de la rue, comprenant la situation avait augmenté ses prix !
Les sinistrés et leurs soutiens ont décidé de faire une marche en mémoire des deux victimes mercredi. Car même les morts ont été oubliés. En trois jours !
PS : on me demande des nouvelles des oubliés du 59-61. Ils sont toujours à la rue.