17 ans : c'était l'âge de Mourad Belmoukhtar ce 2 mars 2003 lors d'une course-poursuite à Durfort dans le Gard à la suite d'un cambriolage auquel il avait participé avec deux complices. « On n'est pas sérieux quand on a 17 ans », écrivait un poète fameux.
17 c'est aussi le nombre de balles qui ont été tirées ce soir là par les gendarmes sur le jeune Mourad désarmé.
Il n’en fallait pas tant pour le tuer. L’un des gendarmes présents, Frédéric Chambard, en avait tiré 9 à lui seul, dont l’une s’était avérée fatale.
Depuis plus de six ans ses parents, sa famille, ses amis demandent simplement justice dans l’indifférence générale. Juste la justice pour la mémoire de cette vie certes mal commencée mais surtout interrompue trop tôt, abattue trop tôt dans une chasse à l’homme (ou plutôt une chasse à l’enfant) incompréhensible.
Six ans plus tard, Frédéric Chambard comparait pour les faits de 2003 devant le tribunal de Nîmes. Seul. Aucun des autres gendarmes n’est à ses côtés sur le banc des accusés. Toute l’attente de six ans de silence se concentre donc sur son procès. Mais ce procès sera celui des jeunes, de Mourad et de toute la jeunesse populaire. Le procureur requiert cinq années de prison avec sursis. C’était encore trop pour ses juges : Frédéric Chambart est sorti non seulement libre mais acquitté . Le tribunal a considéré « qu’il n’avait fait que son devoir » et que la gendarmerie n’avait pas à justifier de l’usage de ses armes.
Dans le quartier du Valdegour à Nimes où vivait Mourad, quadrillé les CRS le soir du jugement, l’émeute a été modeste. Quelques voitures brûlées tout au plus. Les autorités sont soulagées.
Elles ne voient pas ce que de tels jugements construisent pour l’avenir : une mémoire sans fin des vies détruites, des victimes stigmatisées et des homicides pardonnés. La fabrique à émeute est en marche. Le jugement de Nimes lui a donné encore un peu plus d'aliments.