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Billet de blog 12 juin 2012

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Election à Saint-Denis 1. Contre la stratégie du hold up, un combat nécessaire

Saint-Denis ville populaire, Saint-Denis ville monde, Saint Denis ville pauvre a voté à 46 % pour François Hollande et 22 % pour Jean Luc Mélenchon au premier tour, marginalisant la droite et l’extrême droite, n’accordant au FN que la moitié de son score national.

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Saint-Denis ville populaire, Saint-Denis ville monde, Saint Denis ville pauvre a voté à 46 % pour François Hollande et 22 % pour Jean Luc Mélenchon au premier tour, marginalisant la droite et l’extrême droite, n’accordant au FN que la moitié de son score national.

Au second tour, François Hollande approche les 80 %.

Les habitants de Saint-Denis et des villes limitrophes ont fait mentir les schémas trop simples qui font des banlieues, du chômage, des difficultés matérielles et de la pauvreté, le terreau inexorable des dérives et de la haine.

Ici la solidarité est un combat quotidien qui rassemble acteurs associatifs et élus au côté des sans papier, des expulsés, des Rroms, de tous les démunis. Ici la fermeté sur les principes d’humanité se conjugue toujours avec la recherche de solutions concrètes.

Saint-Denis : « un trésor est caché dedans » aurait dit le laboureur de Jean de La Fontaine.

De tels trésors attisent les convoitises. Le parti socialiste, incarné par le jeune, fringant et très ambitieux vice président du Conseil général Mathieu Hanotin a décidé de mettre la main dessus. Puisque le « changement c’est maintenant », rien n’a semblé plus urgent que de venir disputer ce trésor à l’un de ses artisans, le député sortant Patrick Braouezec, ex maire de la ville, président de la Communauté d’Agglomération. Avec l’appui des plus hautes autorités du PS et du gouvernement. Bien plus urgent sans doute que d’aller combattre la droite et l’extrême droite dans leurs bastions.

Quel mépris pour ces villes et leurs habitants !

Dimanche, à l’annonce des résultats qui mettaient Mathieu Hanotin en tête du premier tour, nous n’avions pas l’impression de vivre une élection. Nous avions l’impression de vivre un hold-up minutieusement élaboré.

Au-delà du scandale moral qu’elle constitue, cette stratégie a une raison politique qu’il faut identifier et combattre. Au seuil du changement qu’on nous promet, il s’agit au plus vite de priver les territoires populaires de leur voix politique. Comme s’il était urgent de désarmer le peuple.

La période qui s’ouvre sera difficile. Lorsque l’espoir de changement se heurtera (très vite) aux lois des marchés financiers que les propositions socialistes ne sont pas à même de combattre, lorsqu’après le rejet de Sarkozy, viendra le temps de la désillusion, que restera-t-il au peuple désarmé pour faire entendre son désarroi ou sa colère ? On sait qui, aujourd’hui, prétend répandre la haine en son nom.

Patrick Braouezec a décidé de se maintenir. C’était une décision nécessaire.

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