Un vent de folie souffle sur la ville.
Hier en trois quarts d’heure et quelques SMS, les trois partisans de Mathieu Hanotin qui pensaient tenir la sortie du magasin Carrefour ont été submergés par le journal de campagne de Patrick Braouezec… et ont préféré partir en grommelant contre la mobilisation des « apparatchiks » du « PC ». Un regard qui manifeste leur méconnaissance profonde de cette ville et de sa vie. Parmi tous ceux qu’on croise partout depuis deux jours, infatigables et incroyablement souriants, bien peu ont encore une carte (celle là ou une autre) dans la poche. C'est la ville qui bouillonne.
Le staff de Mathieu Hanotin pense peut-être que toute mobilisation ne peut relever que de ses propres méthodes, ne peut qu’être de l’ordre de « l’opération de commando ». C’est bien ainsi que les décrit un élu peu suspect d’antisocialisme primaire, Georges Sali, président du groupe des élus PS, ancien président du comité de soutien de Français Hollande, qui diffuse une « lettre ouverte aux électeurs socialistes ». Il y parle de « méthodes particulièrement violentes, d’abord dirigées contre les militants socialistes locaux ». Et appelle à voter pour Patrick Braouezec au nom de l’intérêt des dionysiens.
Que dire en effet d’un homme qui peut dire qu’il est « toute la gauche » parce que les accords d’appareils l’autorisent à aligner sur ses tracts toute une série d’icones : les logos des partis, y compris celui du Parti communiste (il n’est pas à une contradiction près) et du Front de gauche ? Alors que toute la gauche locale appelle à la mobilisation pour son adversaire…
Dans cette logique, une campagne électorale consiste alors pour lui à faire prendre les images pour le réel, les appareils politiques pour des idéaux, les incantations pour des idées, le spectacle de la représentation pour la représentation démocratique, le cynisme du pouvoir pour l’intérêt des habitants.
Qu’on ne s’y trompe pas : cette figure de la politique est aujourd’hui dominante. Elle est mortifère. Lorsqu’elle aura pris toute la gauche, il n’y aura plus de place que pour le désespoir et l’émeute.
Depuis plus d’un an, des résistances à cette politique là ont émergé dans le monde et continuent de se manifester. Du Maghreb à New-York, de Dakar à Madrid, elles ont pris des stratégies et des noms différents, avec la même volonté de faire surgir le réel du monde sur les scènes du pouvoir.
A Saint-Denis, de façon imprévisible mais indiscutable, cette indignation s’est donné un objectif à court terme : l’élection de Dimanche.