Une proposition ministérielle de nomenclature d’intitulés de licence circule actuellement dans les universités. La réduction du nombre d'intitulés est argumentée par le souci d'augmenter la lisibilité et de favoriser la mobilité et la pluridisciplinarité. Et ce pour prétendument aider les étudiants à construire ou à préciser leur projet personnel et les préparer progressivement à l’insertion professionnelle par une ouverture socio-économique et culturelle (pour une insertion professionnelle soit immédiate, soit différée suite à une poursuite d’études en master).
Si la perspective d'un cadrage national des diplômes est souhaitable (même si la contradiction avec l'autonomie des universités est frappante), la méthode qui a permis d'établir cette nomenclature et qui est utilisée actuellement pour la faire adopter est fort contestable : les instances représentatives nationales des sections existantes n'ont pas été associées à l'élaboration de cette proposition. En ce qui concerne la section 20 du Conseil National des Universités (CNU, Anthropologie Biologique, Ethnologie, Préhistoire), nous constatons la disparition de l'ensemble des mentions des disciplines qui la compose. Ces disciplines ne pourront être enseignées qu'en tant que mineure d'une discipline qui a le statut de mention. Il s'agit d'un appauvrissement intellectuel et scientifique considérable qui, de plus, va à l'encontre de la louable volonté affichée de favoriser une plus grande fluidité de la mobilité : la mention Sciences Sociales recouvrirait alors une telle diversité de parcours possibles, qu'en réalité la nomenclature proposée offrirait très peu de chance à un étudiant de poursuivre harmonieusement ses études dans le cadre d'une mobilité. Cela ouvre la voie à un important risque qui combine la diminution significative de la mobilité par manque de parcours équivalents et l'augmentation d'étudiants en échec en cas de mobilité dans un contexte où les parcours manquent cruellement d'harmonisation.
La disparition de la mention Ethnologie-Anthropologie serait désastreuse pour les milliers d'étudiants qui s'engagent chaque année dans nos formations, pour les enseignants-chercheurs qui verrait leur champ d'enseignement réduit aux besoins des disciplines dominantes élues par le pouvoir politique. La disparition de la mention ethnologie-anthropologie serait également désastreuse pour les formations master, qui sont articulées aux formations de licence.
Il nous paraît urgent d'envisager une alternative à cette sombre perspective :
1°) Nous proposons que la 20è section du CNU, dans la continuité de son engagement, s'empare de cette question et devienne le cadre d'un débat indispensable car il en va de la survie de notre discipline, comme des autres disciplines de notre section.
2°) Récupérant ainsi un rôle qui est sa vocation de promotion et de défense de notre discipline, nous proposons que la 20è section du CNU soit l'instance de discussion, de débat et de proposition dont notre discipline a besoin.
3°) Afin d'envisager enfin un avenir constructif, il nous paraît indispensable que le CNU prenne l'initiative et organise une rencontre sur ce point dès la rentrée.
Vendredi 14 juin 2013
Premiers signataires membres de la 20 section du Conseil
National
des Universités
Patrick Deshayes, Université de Lyon 2
Dejan Dimitrijevic, Université de Nice
Catherine Ales, EHESS
Alain Bertho, Université de Paris 8, président de la 20 section du CNU
Sylvie Beyries, CNRS CEPAM
Jean Philippe Brugal CNRS Aix en Provence
Sandrine Costamagno, CNRS TRACE Toulouse
Michèle Cros, Université de Lyon 2
Michel De Fornel, EHESS
Anna Degiovann, CNRS Aix en Provence
Bernard Formoso, Universté Paris Ouest
Ghislaine Gallenga, Université de Provence
Georgiana Gore, Université de Clermont Ferrand
Pauline Guedj, Université de Lyon 2
Philippe Hameau, Université de Nice
Estelle Herrscher, CNRS Aix en Provence
Gaelle Lacaze, Université de Strasbourg
Agnès Martial, EHESS Marseille
Pétition : http://www.petitionpublique.fr/?pi=ETHNOLOG