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Billet de blog 28 juillet 2019

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La poésie est incertaine, c´est peut-être pourtant un moyen bien plus sûr.

Post-scriptum.

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Et s´il fallait nommer ce cheminement solitaire de l´esprit, s´il fallait y faire la reconnaissance que vous vous donnez en permanence à voir aux autres, et que cette situation vous accule à ne jamais devoir mentir en mentant toujours… que nous sommes aussi loin de nos actes que de notre image dans le miroir… Je peux alors me reconnaître. Fou. De plus en plus fou. Ce n´est pas la réflexion, c´est une succession d´instants qui permettent la rencontre. C´est des cartomanciennes sur le chemin, des hasards dont on se demande s´ils ont quelques chances d´en être vraiment, c´est une autre idée du dérisoire, que tout peut arriver quand on n´attend plus rien, c´est Alice au pays des Merveilles, c´est Johnnatan Levingstone le Goéland…

Dans l´instant, être là c´est déjà ne pas avoir envie d´être ailleurs. Tu es avec l´éclairage de ta vision, et si tu l´oublies tu as peur de ne plus être. Je revendique l´invention de la photo-poésie, née d´une certaine zone, dans un certain maquis. Quand je suis chez des gens et que je ne sais plus si ce sont des poètes ou si ce sont des truands, je ne sais plus si je suis un poète ou si je suis un truand. Et je sors. Faussement tranquille. Avec mon sentiment. Je prétends que vivre est un travail. Sur soi. Je suis un photo-journaliste dans un autre temps. Mon image voyage avec moi et moi avec elle. Elle vient avec du recul sur l´événement parce qu´il y a un recul poétique dans sa fabrication, sur et dans l´événement. 

Tu sais bien que la contradiction entre la forme de ta moustache et l´expression de ton oeil peut t´être fatale dans une situation irrégulière. Dans ce cas, une seule chose à faire: dire la vérité. Seulement voilà… laquelle? J´ai si peu de temps pour écrire aux copains. J´écris et fait quelques reportages. L´autre jour nous l´avons échappé belle…! L´hôtesse à mon réveil se réveillait et c´est comme si nous nous étions demandés si nous ne rêvions pas ensemble !… Sur la mer, quelques heures avant Madrid, l´avion était coincé en rase-mottes entre une voie ferrée et une ligne à haute tension… Magistralement le pilote sorti le jumbo par un trou, -une pirouette pas possible!-, un trou que j´avais repéré aussi, peut-être l´avions-nous tous repéré… mais je ne le sentis pas. Et une odeur de cocaïne remonta de la soute à bagages. Tout le monde respirait. Serviettes chaudes. Petit-déjeuner. Nous allions atterrir. Façon de parler. 

L´attitude apparaître-paraître-être, quand on se croit obligé de l´adopter, est précédée et suivie d´une structuration psychique très imprévisible pour un amateur. C´est le danger de dissociation, d´éclatement. Faut alors se ramasser à nouveau, et se dire que ce n´est pas forcément pour re-bondir. Il n´y a rien qui ne s´écrive d´un désir qui n´a envie que d´un autre désir. Comme ça, isolé, cliniquement presque, les désirs inassouvis au marché noir de la névrose… et ce rien qui ne se nomme pas. La sincérité est une histoire privée. Et voilà. Au bout du compte il n´y a plus à compter. C´est peut-être ça la révélation de l´instant, et que derrière c´est encore devant. Bonne route Baddock.                                                                                                                  

Max. 

Baddock relit la lettre de Max Sétoung… Il se peut qu´il y ait des moments où il faux-pas, de travers, il trébuche et joue avec les mots. La poésie est incertaine, c´est peut-être pourtant un moyen bien plus sûr. C´est un moment où il faut pas glisser. Déchirée dans mon ventre la lumière se bat. T´as à peine la force de rester. Et moi à peine celle de partir. Le long d´une côte rocheuse, dans l´eau, chevauchant l´eau et le sable, la gueule dans le vent. Je n´en sais pas plus. Si. Le soleil.

Est-ce que rester n´est pas partir? Est-ce que partir n´est pas rester? Et rester sur place? Et partir sur place? Baddock prend le train pour aller rejoindre Max Sétoung.   

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