Planète banlieue. Drôle de plan. L´odeur vient du wagon-restaurant. C´est la plaine... Quatre hommes en furie et cravates font irruption dans le compartiment où Baddock était calme. Seul. Un des quatre excités brandit un mandat d´arrêt. Un autre lit un avis de psychiatre sur feuille en tête des R.G: “ Incapable de prendre ses responsabilités et même de se prendre en charge, s´est senti submergé par problèmes et responsabilités, préfère prendre la fuite“.
• Je n´en sais rien dit Baddock, l´existence est donnée ne nous la reprenons pas. La monnaie est devenue illicite, nous voyagerons désormais au sentiment… Voici mon billet.
- Dis, Baddock, ton attitude face au chasseur de primes cadre bien avec le diagnostic, n´est-ce pas? Tombe ton costume Baddock, il fait trop chaud dans ce train. Tu as sacrifié la liberté de Bloody à la tienne et…
• M´enfin pardon, qui était recherché?…
- Vous deux nom de Dieu!… Et c´est vrai Baddock, t´as chié dans ton froc. La brèche trop étroite pour deux ?!… Fallait la faire passer d´abord fumier… lui faire un plan d´acide.
• Et si elle ne voulait pas? Peut-être… Regardez, une écluse sur la voie ferrée… les pommiers sont en fleurs!…
-?!?… J´sais pas si t´es complètement incendié ou si tu fais le guignol, en tous cas on t´as enfin coincé…
• Sauf si comme l´oiseau… et je retrouverai des nôtres… (Le vin Jolifeux porte bien son nom. Je dois l´éteindre avec un quart de Contrex. Le sandwich est un peu sec. Et la climatisation toujours en panne.)
- Tu vas finir par craquer putain de Baddock! T´as pas de couilles au cul.
• Non Monsieur le Commissaire, et vous?…(Pan une gifle!)
- Non plus mais revenons-en à ton cas. Tu vas devoir craquer et ce sera dehors pour éviter la bavure…
Mais Baddock était déjà reparti… La forêt en train, au début de l´été, c´est la danse des verts où toutes les couleurs sont invitées. C´est super. Baddock a passé la porte… Personne ne s´y attendait mais encore un wagon à traverser!… Deuxième classe cette fois. Ce n´est déjà plus la même heure et la clim´ remarche. Je paie en francs français et prends la monnaie suisse. C´est toujours ça de perdu. Il fait nuit. Le guetteur-fou a encore frappé. Il attend derrière la porte du compartiment, à l´intérieur.
- Alors Baddock, vieille crapule!!!… Nous on est bidasses au jour moins quelque chose qui n´en finit pas de finir…
- Nous on bosse sous la pluie pendant que le poète glande sous le soleil…
- Nous on élève nos enfants dans la bonne tradition des baffes dans la gueule… T´en veux aussi, dis Baddock?
- Tu croyais que ça aller durer, que l´on te permettrait longtemps ce que tu te permets? T´as gardé le joint depuis trop longtemps, tu vas où, avec a boucle d´oreille, ton diam´ et tes baskets?…
- T´as peur Baddock, et tu vas te faire cogner…
SEUL CONTRE UN WAGON!… Voilà un tunnel qui arrive à temps, Damned!!! Baddock tire le signal d´alarme. La lumière coupée, il se rase la moustache… Quand on rallume, personne ne le reconnaît. Dans un compartiment six places, cinq bonnes-soeurs. Baddock s´assoit et prend un missel. Il l´ouvre... Tout blanc. C´est un missel à écrire… Une soeur lui sourit… relève lentement sa robe… elle n´a pas de culotte.
- Tu veux communier mon fils?…
• Je veux m´excommunier ma soeur, mais je ne suis pas baptisé.
- Je peux arranger ça. Suis-moi.
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