Nous sommes de plus en plus nombreux à percevoir la puissance et l’imminence des menaces qui pèsent sur l’humanité ; à mieux comprendre les défis écologiques, démographiques, technologiques, anthropologiques immenses auxquels il faut faire face ; à cerner et à mesurer le poids de leurs conséquences sanitaires, sociales, économiques, démocratiques. La survie même de notre espèce sur la planète pourrait être menacée ; la marche historique vers le « mieux vivre » portée par une vision du progrès social et l’aspiration à la démocratie et à la liberté, peut être freinée, interrompue, voire retournée.
Faire face impose des changements politiques radicaux : savoir et avoir le courage de bifurquer pour sortir de trajectoires dangereuses et intenables. Cela ne saurait se faire contre les peuples et sans leur accord et leur coopération active, particulièrement de celles et ceux qui connaissent déjà la précarité et subissent l’injustice et qui seront les plus impactés par les changements.
Cela interroge les modes d'accompagnement et de conduite des changements de nature politique qui doivent sécuriser la vie sociale, professionnelle, préserver la santé et le bien être des personnes et populations en changement ; impulser « des dialogues » à tous les niveaux de la société pour mobiliser et nourrir l’intelligence collective ; imaginer, expérimenter, généraliser des solutions.
Ne pas ajouter une conduite brutale des changements à la brutalité des facteurs de changement est un défi majeur pour les gauches qu’on les définissent ou qu’elles se définissent « radicales et/ou d’accompagnement », qu’elles pensent transition ou bifurcation.. Elles doivent joindre durablement leurs forces pour :
- Tenir bon sur les transformations profondes, radicales à opérer.
- Convenir, en avançant, des stratégies et des méthodes pour les conduire.
- Imaginer et mettre en œuvre les modalités d’accompagnement adaptées et diversifiées pour assurer l'engagement citoyen.
En procédant ainsi on est fidèle à ce qui philosophiquement constitue "la gauche" :
- poursuivre un idéal, avoir et partager une vision du progrès humain, universel ; être en mouvement pour l’atteindre.
- vouloir changer l’ordre établi quand il est injuste, inégalitaire, régressif, répressif, dangereux.
- être prêt à faire face et s’organiser pour résister à celles et ceux qui maintiennent ce mauvais ordre, à tout ce qui le conserve et le justifie.
En veillant à conserver et exploiter au mieux la pluralité des gauches on maintient la force motrice de La Gauche :
- Pluralité d’analyse et de compréhension des causes de régression et des facteurs de progrès : références faites aux concepts d'anthropocène et/ou de capitalocène.
- Pluralité de la forme que peut prendre un monde meilleur, désirable : référence faite aux modèles communistes, socialiste démocratiques, anarcho libertaires ; aux modèles institutionnels de type étatiste, communalistes, régionalistes.
- Pluralité des voies à emprunter pour qu’il advienne : référence faite aux dynamiques révolutionnaires, réformistes, coopérativistes et d'économie sociale et solidaire...
Enfin, être de gauche c’est aussi penser qu’il n’est pas de « paroles révélées », de solutions « prêtes à porter ». C’est se méfier des " hommes providentiels », des « guides suprêmes » !
C’est apprécier en revanche l’utilité des "catalyseurs et médiateurs de changements" : « éclaireur·se d’itinéraires », "animateur.trice de groupes d'actions", "facilitateur.trice d’échanges", "savant co-formateur", "coordonnateur.trice de collectifs", "organisateur de commun", toute autres figures renouvelant le modèle du pouvoir et du leadership tribunitien.