Retraite à 64 ans, vous êtes « résignés » vous ? Moi pas du tout !

En les pensant et en les décrivant résignés, une nouvelle fois on fait offense à l'énergie et à l'intelligence des citoyennes et citoyens qui ne sont pas dupes et ont compris depuis longtemps que le pouvoir dispose des moyens législatifs d'imposer sa loi. Ce n'est donc pas une surprise et en aucun cas une défaite définitive et pour Macron et ses soutiens ce sera une victoire à la Pyrrhus dont il n'ont pas fini (et la France avec eux) de payer les effets.

Parmi celles et ceux qui se sont mobilisés nombreux sortiront de cette séquence : 

• confortés dans leur volonté de continuer à construire et porter une alternative de gauche, puissante et démocratique à Emmanuel Macron, le « méprisant de la république », casseur des solidarités et du service public ;  
• alertés et combatifs contre l’"escroquerie démocratique"du RN, faux nez des extrêmes droites néo-fascistes. 

Vivre la plénitude de sa citoyenneté

Les femmes et les hommes que je rencontre dans les défilés ne s’opposent pas seulement à ce projet de loi mais, plus profondément, à la politique ultra-libérale et ses dégâts sociaux dont cette contre-forme comptable n'est qu’une des Xème traductions.

Ils savent que la loi, si elle est adoptée - ce qui est probable - ne sera pas forcément applicable car tachée d’inconstitutionnalité ; ni durable : en démocratie ce que la loi fait, la loi peut le défaire : par voie parlementaire ou référendaire.

Tant qu'il en ont la volonté, les citoyen.ne.s gardent le pouvoir de contester, réorienter, faire bifurquer les politiques publiques en exerçant leurs droits de voter, de s’organiser collectivement en partis, syndicats, associations... d'exprimer et de diffuser des idées, de penser un projet politique, de manifester et faire grève, d'être candidat.e.s et d'exercer des mandats politiques et sociaux… Ainsi vivre la plénitude de leur citoyenneté.

Ne pas sous-estimer la menace autocratique

Cela est possible tant que que le pouvoir exécutif respecte les principes démocratiques et ne dévoie pas les règles constitutionnelles ; tant que le droit de s’organiser en association, syndicat, parti politique n’est pas entravé et que ces "corps intermédiaires" sont respectés et écoutés ; tant qu'une presse libre et indépendante des pouvoirs existe...  Si cela n’était plus assuré nous aurions changé régime ! Et n'est-ce pas ce que nous pouvons craindre en constatant l’attitude et les pratiques du pouvoir Macronien, sourd et solitaire, qui profite et manipule de manière opportune la mue et la montée dans les institutions de la république des élus du RN et des droites extrêmes. On le sait, le pouvoir autocratique est une des options de la « révolution néolibérale » ! 

La fable de la fatigue démocratique

La force du mouvement social en cours montre que le peuple français n’est pas - contrairement à ce qu’on dit - atteint de fatigue ou de déprime démocratique et qu’il sait, quand il le faut, vivifier la démocratie et s’emparer de tous les instruments de la souveraineté populaire, avec détermination et sans violence.

Mais attention, le peuple de gauche et ses organisations, dont l'action s'enrichit de leurs différences, dispose - au plus ! - de 4 ans pour convaincre et se préparer à conduire, dans l'unité, des politiques alternatives et démocratiques pour une bifurcation sociale, écologique, économique profonde et désirable : au plan local, national, européen. La tâche est immense et excitante. On lâche rien !