Alain JAUNAULT (avatar)

Alain JAUNAULT

Retraité, ancien dirigeant d'entreprises de l'économie sociale et consultant, je milite depuis toujours à gauche sur le champ politique, syndical, associatif social et culturel, sur un engagement "socialiste démocratique".

Abonné·e de Mediapart

15 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 mars 2020

Alain JAUNAULT (avatar)

Alain JAUNAULT

Retraité, ancien dirigeant d'entreprises de l'économie sociale et consultant, je milite depuis toujours à gauche sur le champ politique, syndical, associatif social et culturel, sur un engagement "socialiste démocratique".

Abonné·e de Mediapart

Soudain surgit à la conscience militante la réalité de la crise sanitaire.

Nous avons abordé cette échéance électorale tendus par la crise démocratique, avec la volonté de dessiner un "futur désirable" pour faire face aux périls planétaires et proposer une alternative démocratique locale. Soudain surgit à la conscience la réalité de la crise sanitaire, obligeant un recadrage pratique et conceptuel, imposant la vigilance tout en ouvrant d'autres perspectives...

Alain JAUNAULT (avatar)

Alain JAUNAULT

Retraité, ancien dirigeant d'entreprises de l'économie sociale et consultant, je milite depuis toujours à gauche sur le champ politique, syndical, associatif social et culturel, sur un engagement "socialiste démocratique".

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Engagé dans la campagne municipale au sein d'une liste d'union de la gauche sociale et écologique, je suis revenu de notre dernière réunion de campagne, ce vendredi soir, avec un sentiment ambivalent :

  • Le soulagement d'être allé au bout de ce qui était possible dans cette aventure d'union nécessaire et difficile ; finalement assez confiant dans le résultat.
  • L'impression d'un décalage un peu surréaliste avec le contexte social, économique et politique perturbé par l'accélération (et surtout la concrétisation soudaine) de la crise sanitaire dont l'expression et les conséquences restaient jusque là très hypothétiques..

Le point de presse du premier ministre, ce Samedi soir, veille du premier tour, renforce mon sentiment.

Futur désirable et actualité sidérante.

 Lors de ces 8 mois de campagne nous avons réfléchi, construit et défendu un programme de progrès, fixant un "futur désirable", un horizon souhaitable pour faire face aux périls planétaires et proposer une alternative démocratique locale. Mais, à aucun moment depuis janvier, nous n'avons intégré dans notre réflexion la menace qui montait. Nous n'avons jamais évoqué les questions auxquelles doivent répondre les élus et particulièrement le Maire, lors d'une grave crise engageant la qualité de vie de la population et le lien social. En sa qualité d'agent de l'état, le Maire est chargé " du bon ordre, de la sûreté, de la sécurité et de la salubrité publique" ce qui en la période devient une responsabilité première.

 Réorienter de débat du second tour.

 Dans l'entre deux tours, cette contrainte immédiate aux conséquences de long terme, va dominer le débat électoral et induire le choix des électeurs  Dès qu'elle sera installée, l'équipe qui sera au conseil municipal agira sous une triple contrainte :

  • endiguer la prolifération du virus, pour cela limiter la circulation des personnes, les relations, les interactions physiques, les flux d'échanges interpersonnels non nécessaires ; informer, surveiller, contraindre...
  • garantir la permanence des services vitaux (publics et privés) indispensables à la préservation d'une qualité de vie individuelle et collective supportable.
  • enfin préserver l'expression des solidarités et du lien social, dans les lieux de vie (quartiers, équipements...).

 Tout cela dans la perspective d'un "retour à la normale", dans des délais non maîtrisables. Sachant que le retour ne devrait pas être une simple restauration de la situation antérieure, mais son dépassement, éclairé des leçons de l'expérience.

 La prime aux sortants ?

 L'enjeu est énorme, la tâche est phénoménale ! Et nous vient une question dérangeante : est-il pertinent de changer de Maire dans de telles circonstances. L'expérience de l'exécutif n'est-elle pas un atout de bonne gouvernance de crise.

Des électeurs ayant besoin d'être rassurés ne risquent-ils pas de voter plutôt pour des équipes en place. Les circonstances donneraient alors une prime aux sortants. renouvelant les exécutifs pour 6 ans. En revanche, un report de l'élection à distance de la crise sanitaire, aurait maintenu les exécutifs six mois à un an de plus bien sûr. Mais les équipes prolongée, auraient pu être jugée à leur comportement et efficacité dans la crise, au regard des perspectives ouvertes d'une sortie par le haut de la crise.

 Alors on peut s'interroger sur la pertinence du maintien de la date des élections. Cette question a-t'elle été examinée sous le bon angle avec les bonnes intentions par les responsables politiques (présidents des assemblées, chefs de partis...) et tranchée sur les bons arguments et pour de bonnes raisons, par le président de la république ?

Ce soir, l'incohérence de ce maintien avec les mesures d'arrêt généralisé des activités, est patente et le premier ministre - enfermé dans la décision présidentielle - ne parvient pas à convaincre de la tenue du second tour, ce qui serait un véritable accident industriel. Le "en même temps" qui sert de philosophie au président Macron atteint là ses limites ultimes et révèle surtout l'impasse dans laquelle il est enfermé, incapable d'imposer - en toute légitimité - un arbitrage essentiel.

Nous avons abordé cette échéance électorale tendus par la crise démocratique ; avec un sentiment d'urgence tant nous nous inquiétons des risques d'une dérive autoritaire du pouvoir (au plan local, national, international...). Notre modèle est malade mais nous y sommes attachés en l'absence d'alternatives avérées... 

Soudain l'enjeu devient la capacité de la puissance publique, dans notre cadre républicain et démocratique, à préserver nos vies autant que notre cohésion sociale. Mais ce défi n'était-il pas déjà au cœur de l'élection autour de la double exigence écologique et sociale "fin du monde, fin du mois" ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.