La peur peut tous nous gagner.
Quand la situation est incertaine ; quand on ne voit plus clairement où l’on va ; quand, de caractère tempéré, plutôt paisibles et conciliants, nous sommes surpris et parfois heurtés par des rapports ou comportements rudes que nous ressentons agressifs, menaçants ; quand nous craignons de voir ébranlés les équilibres - d'autant plus s'ils sont fragiles - qui fondent notre vie quotidienne, celle de notre famille, de nos proches ; quand notre cycle de vie est perturbé durablement, par vagues successives ; quand nos visions du monde sont brouillées et nos certitudes ébranlées ; quand nous ne parvenons plus à nous projeter dans un futur meilleur et désirable ; quand des vagues de pessimisme triste et conservateur submergent notre optimisme joyeux et créateur.
La peur est mauvaise conseillère. Elle trouble la perception et la compréhension des évènements, elle pousse au retrait et pire à la soumission à l’ordre établi. Les « partis de la peur » sont autoritaires et sécuritaires, les sociétés qui ont peur sont la proie facile des pires démagogues et potentiels tyrans.
Face au « parti de la peur » notre responsabilité est grande
Militant politique de gauche, attachés à la démocratie et au progrès humain et social, il nous revient d’anticiper, de prévenir, d’inverser le cour de ce processus pernicieux qui va de l'inquiétude, à l'affolement, du retrait à la soumission.
C’est dans l’échange, l’écoute, en étant attentif à l’isolement, au repli et en provoquant des occasions de rencontres, d’échanges réflexifs, de co-élaboration sociale et politique que nous jouons notre rôle. Il nous appartient de garantir au plus grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes, quel que soit leur âge, leur mobilité, leur force ou fragilité, de pouvoir s’associer au mouvement, physiquement ou virtuellement, sans danger, sans crainte.
Il est nécessaire de démonter les manipulations médiatiques tout en maîtrisant nous mêmes les images que nous projetons et la mise en scène de notre force et détermination. Il peut être contre productif parfois de trop focaliser sur les dangers de la situation et de sur jouer la colère et l’indignation. Et si cela relève d'une stratégie de communication de lutte, c'est en maîtrisant l’effet de "distanciation". Le moyen est de toujours mettre de l’humour, de la gaité, de la musique, de la poésie dans l’action revendicative comme on l’a vu tout au long des huit journées de mobilisation de l’inter-syndicale. Toujours préférer la puissance tranquille de l’action de masse à la déflagration du coup de force éclair, la résistance passive à la contre attaque violente.

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Communiquons notre enthousiasme.
Et surtout ne pas oublier, au fur et à mesure, de valoriser les acquis individuels et collectifs de ce formidable moment de prise de conscience, de mobilisation, de communion, d'apprentissage dans l’action.
Laissons aussi de la place aux temps et espaces de respiration, de co-élaboration collective, pour penser et dessiner des perspectives, les scénarios, les diverses stratégies possibles de dépassement de la crise, imaginer des solutions. Chercher et valoriser ensemble tout ce qui permet de transformer le risque en opportunité, le mouvement en petites ou grandes victoires.