La menace d'intervention américaine en Iran démontre les limites d'Israël

Cette fragilité contraste fortement avec l’histoire de la République Islamique d’Iran, qui a tenu tête seule, pendant huit ans, à la guerre imposée par Saddam Hussein, soutenu alors massivement par les puissances occidentales.

Un prochain article sera consacré aux mensonges grossiers que nos élites politiques et médiatiques distillent quotidiennement, oscillant entre un soutien affirmé à Israël et un renvoi dos à dos de l'agresseur et de l'agressé via la posture « ni Khamenei, ni Netanyahou », qui revient à falsifier l’histoire, travestir les faits et bafouer le droit international, face à un remake transparent de la guerre d'agression contre les prétendues armes de destruction massive de l'Irak en 2003. Sans même parler du silence face aux crimes de guerre que constituent l'assassinat de militaires et de scientifiques dans leur domicile privé et le ciblage de chaines de télévision. Et ce, alors même qu’Israël a entièrement tombé le masque depuis près de deux ans, révélant au grand jour son visage suprémaciste et génocidaire, brisant plus ouvertement que jamais le tabou de la guerre nucléaire — nous plaçant au seuil d’un Tchernobyl puissance 10 et d’une prolifération nucléaire sans précédent — et menaçant l’humanité entière d’un désastre aux proportions bibliques, sous l’impulsion d’un gouvernement fasciste et messianique, soutenu sans réserve par les États-Unis. Le message adressé à Trump par son ambassadeur en Israël, que nous traduisons intégralement ci-après, donne un aperçu éloquent de l'identité des véritables fanatiques et ennemis des peuples, à qui la complicité des uns et la lâcheté des autres donne les mains libres..

The Washington Post, 17 juin 2025

Traductions et notes entre crochets Alain Marshal

[...] Et bien qu’Israël ait considérablement affaibli les capacités offensives de l’Iran, la mise en œuvre de sa défense lui a coûté cher. The Marker, un grand quotidien économique israélien, a rapporté que la défense antimissile coûte à Israël jusqu’à un milliard de shekels – soit environ 285 millions de dollars – par nuit.

En conséquence, selon certains observateurs, une guerre d’usure prolongée entre Israël et l’Iran pourrait s’avérer intenable, du moins à l’intensité actuelle [à en croire la propagande israélienne rapportée dans la première partie de cet article, la moitié des missiles de l'Iran auraient été détruits ; mais les mensonges de Tsahal sont si notoires qu'en 2006, les Israéliens faisaient plus confiance aux déclarations de Hassan Nasrallah qu'à celles de leurs propres dirigeants ; l'interdiction de filmer les impacts en Israël & les raids contre les journalistes étrangers sont des indices éloquents que les choses ne vont pas si bien que ça].

Sans réapprovisionnement en provenance des États-Unis ou une implication accrue des forces américaines, certaines évaluations estiment qu’Israël pourra maintenir sa défense antimissile pendant encore dix à douze jours, à condition que l’Iran conserve un rythme d’attaques constant. C’est ce qu’a déclaré une personne informée des évaluations des services de renseignement israéliens et américains, ajoutant que, dès la fin de cette semaine, les systèmes israéliens pourraient ne plus être en mesure d’intercepter qu’une fraction des missiles en raison de la nécessité de rationner les munitions défensives. « Il leur faudra choisir ce qu’ils veulent intercepter », a précisé cette source, qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet. « Le système est déjà saturé. »

Tal Inbar, expert israélien en missiles affilié à la Missile Defense Advocacy Alliance, basée en Virginie, a rappelé qu’en 2014, Israël avait cherché à conclure un cessez-le-feu avec le Hamas quelques jours avant d’épuiser son stock d’intercepteurs de défense aérienne. Le niveau des stocks d’intercepteurs reste un sujet hautement sensible en Israël, mais selon M. Inbar, « cela pourrait être un facteur décisif dans un éventuel cessez-le-feu » cette fois encore.

Israël déploie un système de défense aérienne à plusieurs niveaux, composé notamment de son célèbre Dôme de fer, conçu pour intercepter les roquettes à basse altitude, des systèmes David’s Sling et Arrow, ainsi que des systèmes antimissiles américains très coûteux comme le Patriot et le THAAD.

M. Inbar a souligné qu’un des défis pour Israël réside dans sa dépendance au système Arrow, relativement onéreux, qui tire des missiles à trois millions de dollars pièce pour contrer les attaques iraniennes. Tandis que les intercepteurs du Dôme de fer, peu coûteux et produits en série, sont efficaces contre les roquettes rudimentaires du Hamas, ce système est aussi peu adapté face aux missiles lourds iraniens traversant l’atmosphère à plusieurs fois la vitesse du son que « tirer au pistolet 9 mm », a-t-il comparé.

Vendredi soir, les défenses israéliennes n’ont pas réussi à intercepter les missiles iraniens qui ont frôlé le quartier général des Forces israéliennes et frappé le centre de Tel-Aviv. Dimanche soir, un missile iranien a mis hors service une importante raffinerie de pétrole près de Haïfa.

Mardi matin, des vidéos filmées à proximité et diffusées sur les réseaux sociaux – vérifiées par The Washington Post – ont montré quatre impacts de missiles iraniens à proximité du quartier général des services de renseignement israéliens, au nord de Tel-Aviv. Aucun de ces missiles ne semble avoir directement touché le siège du Mossad, atterrissant à plusieurs centaines de mètres de là, mais l’un d’eux a atteint l’intérieur du camp Moshe Dayan, un site voisin qui abriterait le quartier général du renseignement militaire israélien et l’unité 8200, spécialisée dans le renseignement électronique.

Les médias d’État iraniens ont relayé les déclarations du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), affirmant avoir tué des responsables des services de renseignement et de l’armée israéliens. Ces affirmations n’ont toutefois pas pu être confirmées. L’armée israélienne n’a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaire.

Mardi, le gouvernement israélien a indiqué que seuls 35 des 400 missiles tirés par l’Iran avaient atteint leur cible, soit un taux d’interception supérieur à 90 %. Vingt-quatre personnes ont été tuées et plus de 600 blessées, selon les autorités.

Du côté iranien, les autorités ont déclaré que 224 personnes avaient péri dans les frappes israéliennes de dimanche, dernier bilan disponible. Elles n’ont pas précisé combien de ces victimes étaient civiles ou militaires [il y a près de 600 morts à ce jour, en majorité des civils]. Dans plusieurs cas, les missiles et drones israéliens ont visé des immeubles d’habitation densément peuplés, dans le but d’éliminer des responsables militaires ou des scientifiques nucléaires iraniens chez eux [ce qui constitue un crime de guerre, mais suscite l'admiration béate des journalistes et commentateurs occidentaux de tous bords].

Lundi, Israël a également frappé le siège de la chaîne de télévision publique iranienne, après que le ministre de la Défense Israel Katz a déclaré que « le porte-voix de la propagande iranienne » allait « disparaître ». À la suite de cette frappe, l'armée israélienne a affirmé avoir ciblé un « centre de communication militaire » iranien, sans toutefois fournir de preuves quant à une présence militaire effective sur le site [un autre crime de guerre ignoble, qu'aucun média occidental n'a dénoncé].

Jim Lamson, ancien analyste du renseignement spécialisé dans les armements iraniens et aujourd’hui chercheur principal au James Martin Center for Nonproliferation Studies de l’Institut Middlebury, estime que les capacités balistiques de l’Iran vont continuer à se détériorer, Israël ciblant désormais ses sites de production.

« À moins d’un changement de régime ou d’un accord prévoyant l’abandon de leurs missiles dans le cadre d’un cessez-le-feu [car il est clair qu'Israël vise la capacité balistique de l'Iran, bien réelle, et non sa pseudo-volonté d'avoir l'arme nucléaire, mensonge grossier et d'une hypocrisie biblique de la part d'un Etat non-signataire du TNP, doté de dizaines d'ogives nucléaires et ayant mis la région à feu et à sang depuis sa création en 1948], les Iraniens auront énormément de mal à reconstituer leurs forces balistiques », a-t-il affirmé. « Tout dépendra de la capacité d’Israël à endommager et détruire leurs infrastructures de production de missiles. »

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Messianisme nucléaire : quand l'ambassadeur américain en Israël appelle à l'Armageddon

Voici le message dément adressé le 17 juin à Donald Trump par Mike Huckabee, ambassadeur américain en Israël, reposté par la Maison Blanche :

Monsieur le Président,

Dieu vous a épargné à Butler, en Pennsylvanie, pour faire de vous le président le plus décisif de ce siècle – peut-être même de toute l’histoire. Les décisions qui reposent sur vos épaules, je ne voudrais pas qu’elles soient prises par qui que ce soit d’autre.

Beaucoup de voix s’adressent à vous, Monsieur, mais une seule compte. La Sienne. Je suis votre serviteur désigné dans ce pays, entièrement à votre disposition, mais je ne cherche pas souvent à être en votre présence, car j’ai confiance en votre instinct.

Aucun président de mon vivant n’a occupé une position comme la vôtre. Pas depuis Truman, en 1945. Je ne vous écris pas pour vous convaincre, seulement pour vous encourager. Je crois que vous entendrez la voix du Ciel – une voix bien plus importante que la mienne, ou que celle de quiconque. Vous m’avez envoyé en Israël pour être vos yeux, vos oreilles et votre voix, et pour veiller à ce que notre drapeau flotte au-dessus de notre ambassade.

Ma mission est d’être le dernier à partir. Je n’abandonnerai pas ce poste. Notre drapeau ne tombera PAS. Ce moment, vous ne l’avez pas cherché. C’est lui qui vous a trouvé. C’est un honneur pour moi de vous servir.

Mike Huckabee

Il s'agit de rien moins que de messianisme nucléaire, avec la référence transparente à la décision de Truman de bombarder Hiroshima et Nagasaki. Indirectement, c'est bien dans cette démarche de justification du « renversement de régime » A TOUT PRIX que s'inscrivent plus ou moins explicitement nos médias en validant les éléments de langage de la propagande atlantiste et sioniste, tout en proclamant porter la voix de la raison, des droits des peuples, lutter contre « la théocratie des Mollahs », etc. 

C'est dans de telles crises de nature à bouleverser l'humanité que les âmes se révèlent, et comme pour l'après-7 octobre, les visages sont souvent hideux.

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