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Billet de blog 7 janvier 2022

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M., l'emmerdeur en mode tri sélectif

Dans le même souffle, E. Macron a affirmé dans l’interview au Parisien qu’il peste (sic!) quand l’administration emmerde les Français, mais qu’il a envie d’emmerder les non-vacciné.es. Une nouvelle saillie rhétorique sur fond de faussetés, de démagogie et de basse manoeuvre.

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Il y a un mélange détonnant, au sens de dangereux, dans les discours, les postures et les actes de E. Macron. Ce mélange infantile-autoritaire a rarement trouvé une telle expression dans un système de forme démocratique. De forme, au sens de formel, c’est-t-à dire ayant une apparence démocratique mais pas une réalité, un fonctionnement démocratiques. C’est en revanche l’une des caractéristiques des systèmes non ou post démocratiques, ou pré-fascistes*. Il y a donc ici du en-même-temps ou de l’entre-deux, cet entre deux d’où peuvent surgir les monstres et les monstruosités, selon la célèbre analyse de Antonio Gramci (emprisonné par Mussolini jusqu’à ce que mort s’en suive, afin de l’empêcher de penser). Précisions succinctes.

> Un président peut-il avoir des « envies »? Le mot lui-même est connoté (https://www.cnrtl.fr/definition/envie). Extraits de ce précieux portail lexicographique et textuel. « Besoin, désir plus ou moins violent. 1. ... cet homme [Louis Bonaparte] ne raisonne pas; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. Hugo, Napoléon le Petit, 1852, p. 122**. » Possible aussi d’évoquer l’envie infantile, qui pousse l’enfant, enfin certains y compris à un âge avancé, à « accomplir leur pulsion », d’ordre sexuel, social, idéologique, etc. Quoi qu’il en coûte pour les personnes, des groupes sociaux, la société, la planète. 

> > Un président peut-il avoir envie d’emmerder une partie de la population, même pour les « besoins de la cause »? L’OMS, la majorité des scientifiques, médecins, personnels de santé, associations, etc. ne disent pas qu’il faut emmerder, mais en priorité informer, convaincre, se rapprocher, sous peine d’obtenir un résultat inverse à l’objectif souhaité. Rappelons ici que E. Macron a été déclaré le plus grand épidémiologiste du monde par l’un de ses, comment dire, adorateurs, Richard Ferrand, actuel président de l’Assemblée nationale (adoration infantile partagée par une grande partie des soutiens en tous genres de la macronie, ce qui est un autre signe alarmant quant à la nature de ce régime). L’infantile se conjugue ici avec la croyance dans sa toute-puissance scientifique et stratégique, à l’image de ce « conseil de défense » qui n’écoute que lui-même, plus précisément le « commandant en chef », dont les réflexions, critères de décision, voire membres sont secrets, hors de portée des citoyen.nes, considéré.es comme des enfants, donc!). De ce type de croyance intégriste et fonctionnement mégalo-paranoiaque sont pavées les pires périodes historiques. 

>> E. Macron peste-t-il quand « l’administration » emmerde « les Français »? Le rapprochement entre les deux affirmations (administration-vaccination) vise à légitimer la seconde par la première, tout en prétendant à la figure du « grand libérateur »… de la merde. Elle use aussi du cliché rhétorique du « totalitarisme langagier » fondé sur le flou et la globalisation : l’administration et les Français sont des catégories trop générales pour être précises, pertinentes et honnêtes. Il convient d’y aller voir d’un peu plus près, succinctement. Car dès son intronisation E. Macron a pratiqué le double jeu.  « Non-emmerdement » en faveur d’une infime partie de la population, les hauts-revenus et patrimoines. Emmerdement de la majorité, comme dans Je vous emmerde, vous les réfractaires (à Ma-Politique), les paresseux (à l’ordre du travail et des profits), les illettré.es, ceux-qui-ne-sont-rien, etc. 

NON-EMMERDEMENTS (euphémisme : cadeaux, favoritismes). Suppression de l’ISF, abaissement du taux d’imposition sur les dividendes, sur le capital financier, sur le « coût de production », pérennisation du CICE sous forme de la suppression des cotisations patronales (autrement dit des cotisations notamment pour la retraite), baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, etc. 

Loi droit à l’erreur (on n’ose dire à la « négligence » en hommage à la jurisprudence exonérant Christine Lagarde dans la dite affaire Tapie, d’un coût de quelque 500 millions pour les finances publiques), tout bon pour les hauts-patrimoines et revenus, les possesseurs de capital financier, des grandes entreprises et transnationales. 

Mise en oeuvre d’un plaider-coupable à la française, genre une « grosse amende » fait éviter un procès.

Etc. Etc.  

EMMERDEMENTS.

Diminution de 5 € sur l’Allocation Personnalisée Logement (montant « dérisoire » a osé une députée macronienne). Suppression de nombreux bureaux de poste, de quelque 17 000 lits hospitaliers, non-augmentation des emplois aides-soignant.es, infirmier.es, médecin, enseignant.es, éducateurs et éducatrices, …Sans parler des conditions de travail et des salaires. 

« Incitation » voire obligation de faire des démarches par internet, par exemple pour la recherche d’emploi, le dépôt de demande d’asile…

Non-augmentation du nombre de personnel Pôle emploi, sauf pour les contrôles, suppression du « droit à l’erreur », durcissement des conditions d’accès à l’allocation et baisse de son montant.  

Non augmentation du Smic, du taux de livret A, de la construction de logement sociaux et intermédiaires.

Refus d’individualisation des allocations sociales pour les couples dont une personne, voire deux, sont en situation de handicap. 

Etc., etc.

L’envie d’emmerder d’EM n’est pas seulement une nouvelle « maladresse », une « transgression de la bienséance », une volonté de « parler et faire peuple », les éléments de langage en la matière sont répétitifs et … éculés. Ce n’est pas seulement une faute démocratique, institutionnelle, politique, conjuguée à un calcul politicard, une « basse manoeuvre », une boule puante (resic!). Au-delà de la question non-vaccination, c’est l’expression on n’ose dire chimiquement pure de ce pouvoir, durcissant (sic!) les postures de ses prédécesseurs. Pour faire court : mettre de plus en plus en plus et un nombre toujours plus élevé de personnes dans la merde, en la transformant en or pour une ultra-minorité. Une minorité de plus en plus ultra, radicale. EM ne signifie pas ou plus En Marche, mais Et Merde ou Em Merde. 

  • La France n’est pas en moment fasciste, soit. Mais entre la démocratie et la dictature, il existe diverses formes d’ordre sécuritaire, moral, inégalitaire, excluant, etc. qui forment système. Et quand le président lui-même, et pas seulement un idéologue raciste, xénophobe, patriarcal, vante un certain Pétain au prétexte qu’il fut un « grand soldat ». En oubliant qu’il fut condamné à la Libération, pour fait de coopération active et volontaire avec le régime hitlérien, à l'indignité nationale, soit la privation des droits civiques, la dégradation et la suppression de toute décoration, et à la peine de mort commuée par De Gaulle en détention à perpétuité dans une enceinte fortifiée. C’est un signe, parmi d’autres. Dont une répression inédite contre le mouvement social des Gilets jaunes, la transformation d’une loi sécuritaire d’exception en loi ordinaire, le fait de vivre en état d’urgence sanitaire permanent, des systèmes de décision secrets et discrétionnaires. 

** Un livre à lire et à relire. 

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