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Billet de blog 6 septembre 2022

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²mmh²- Merci Michel Henrot pour la parution de cet excellent article.

Trois officiers allemands, quelques infirmiers et infirmières se trouvaient encore au service des blessés à Fumay, ainsi qu'un piquet de soldats allemands destiné à rendre les honneurs militaires suivaient le deuil, donnant à ce service funèbre et patriotique un caractère des plus imposant. Sur le bord de la tombe et en présence de l'assistance au coeur visiblement ému...

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Michel Henrot 6 h·  Fumay, le 14 septembre 1914

LIEUTENANT TERNYNCK, MORT POUR LA FRANCE

Le lundi 14 septembre 1914 à 10 heures du matin, ont eu lieu devant une assistance nombreuse, les funérailles de M. Jean Ternynck, âgé de 27 ans, industriel à Chauny (Aisne), Sous-Lieutenant de réserve au 245ème Régiment d'Infanterie, blessé à la date du 24 août alors qu'il se trouvait à Willerzie (Belgique).

Sans famille à Fumay, le deuil était conduit par Monsieur le Docteur Bourgeois de Fumay, médecin Aide Major militaire de réserve en uniforme et par une section d'infirmiers militaires français.

Trois officiers allemands, quelques infirmiers et infirmières se trouvaient encore au service des blessés à Fumay, ainsi qu'un piquet de soldats allemands destiné à rendre les honneurs militaires suivaient le deuil, donnant à ce service funèbre et patriotique un caractère des plus imposant.

Sur le bord de la tombe et en présence de l'assistance au coeur visiblement ému, le médecin chef allemand prononça d'abord quelques paroles dont voici la substance :

" Il y a quelques jours, nous rendions les honneurs à un soldat allemand mort pour sa patrie. Aujourd'hui, nous rendons les mêmes honneurs à un officier français qui succomba pour son pays. Je suis heureux pour l'un et pour l'autre de donner les mêmes hommages et tous doivent s'incliner devant ceux qui sacrifient leur vie pour la sauvegarde de leur nation !! Que leur souvenir vive toujours "

Puis, M. le Docteur Bourgeois médecin Aide Major français s'est exprimé comme suit :

" Messieurs les officiers, je veux que ma première parole soit toute de gratitude et de reconnaissance, et pour les honneurs que vous voulez bien rendre à un officier français, et pour les soins attentifs que vous avez bien voulu lui donner au château de Moray-pré. Cette démonstration va droit au coeur des français, soyez en remercié.

Mon Lieutenant, au nom de l'armée française que j'ai l'insigne honneur de représenter ici, je vous apporte le salut cordial et l'adieu suprême de tous vos camarades.

Je vous salue d'abord Jean Ternynck, Sous-Lieutenant du 245ème Régiment d'infanterie, vous qui après avoir quitté votre ville de Chauny à l'appel de la patrie en danger, avez été frappé sur le sol de la courageuse Belgique. Votre blessure était terrible et malgré les soins empressés vous vous endormiez dans le Seigneur après avoir supporté vos souffrances avec une édifiante résignation.

Vous succombiez donc héroïquement au champ d'honneur à la fleur de la jeunesse, à 27 ans, vous qui semblez avoir répété le serment solennel de Victor de Laprade : " Je jure devant Dieu, sur mon âme immortelle, sur les os de nos morts et de leurs exploits, de vivre pour la France et de mourir pour elle."

Ce serment, vous l'avez tenu et voilà qu'aujourd'hui vous reposez dans les plis du drapeau tricolore, sur la terre fumacienne à l'extrémité de cette voûte immense du Baty, dans ce cimetière où flotte encore l'âme de nos pères, comme dans ces vieilles basiliques moussues toutes remplies des générations de décédés dont parlait Chateaubriand dans son génie Du Christianisme.

Vous dormez de votre dernier sommeil à l'ombre d'un vieux sanctuaire, près de la croix que vous aviez, je le sais, l'immense bonheur d'aimer.

Vous la portiez sur votre poitrine à côté de ma médaille de la Vierge, et votre mère vous parlait d'elle dans sa dernière lettre. Oh oui ! nous leur ferons savoir à vos chers parents dont nous partageons la cruelle douleur, que vous êtes mort non seulement en vaillant soldat, mais aussi en bon chrétien. Vous prierez pour eux, pour nous, pour la France surtout, dans cette patrie promise par le Dieu des armées à tous ceux qui comme vous combattent le bon combat, à tous ceux qui furent sur le champ de bataille des héros et dans la mort des martyrs du devoir au nom de l'armée française qui peut être fière de vous.

Au nom de la ville de Fumay, qui gardera pieusement votre souvenir, Lieutenant Ternynck, je vous salue une dernière fois ! je vous dis au revoir auprès de Dieu et je suis sûr que vous tressaillirez au fond de votre tombe au cri de Vive la France ! toujours et quand même !!! "

8Annie Delhalle et 7 autres personnes

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