Quatre cent quatre vingt neuf députés de tous bords sur 519 (à part quelques endormis irresponsables) ont accordé, en juillet, en pleine nuit, de nouveaux pouvoirs discrétionnaires à l’Etat policier. Ça nous rappelle un peu le 10 juillet 1940 à Vichy. Après tout ne s’agit-il pas encore de faire barrage à l’ennemi et d’assurer la sauvegarde des millions de Français en pleine exode, bloqués sur les routes, réfugiés dans les campings, les résidences secondaires, les clubs de vacances, les B§B, près à prendre le large à la nage sur les plages bondées du Sud du pays ?
Fini la fête ! Nous sommes en guerre ! Dans les rues, les patrouilles de militaires vous toisent, vous surveillent, vous font baisser le regard le doigt sur la gâchette. Nous sommes en liberté surveillée.Fini la rigolade, les bals musettes et les brocantes. Ce sont des modèles dépassés par les exigences de la sécurité (Lalande). Ce genre de manifestation pose un problème de responsabilité morale ( Martine Aubry).
Annulés les ambrivadas de mon village, c’est à dire ce rite ancestral des gardians filles et garçons qui, à l’occasion des fêtes, viennent chaque année faire la démonstration dans les rues de leur adresse à contrôler à cheval les troupeaux de taureaux sauvages de Camargue.
Ici, c’est intime, c’est peu fréquenté parce que dans notre Belle France, il y a encore des lieux discrets où les gens du terroir transmettent depuis le Haut Moyen Âge, des cultures locales qui forgent leur identité et les aident à vivre ensemble. Même mon ami Rachid est là. Il est né au village. Il est d’ailleurs devenu un excellent razeteur des courses camarguaises de la région. Bon, c’est une exception, car tout le monde sait que dans le Sud, on vote Front National. Ça veut bien dire ce que ça veut dire ! Un camion islamiste radicalisé chargé de dynamite au milieu des taureaux ça peut faire mal. Alors, on annule tout en pleine fiesta le 15 juillet, après la tuerie de Nice. Personne de moufte. Le maire n’a pas envi qu’on l’accuse de négligence face au terrorisme et à la guerre. On a vu à Nice comment ça s’est passé ! D’ailleurs on ne parle plus beaucoup des 85 morts de la Prom’s. C’est plutôt l’assassinat d’un prêtre en pleine messe à Saint-Etienne-de-Rouvray qui fait la manchette depuis plusieurs jours. Même le pape s’en est mêlé suivi par une grande messe « républicaine » à Notre Dame de Paris en présence du président de la République.
Tout cela est émouvant. La France retrouve ses racines catholiques, civilisatrices, pacifiques, rédemptrices, empli de compassion à l’égard du mouton égaré. Cette religion n’a-t-elle pas apporté les preuves de son immense commisération à l’égard de ceux qui ont notamment commis des actes contraire à la morale sur des enfants. Pas comme l’Islam qu’il faut réformer, revoir de la tête aux pieds, afin de l’adapter aux mœurs et coutumes de notre beau pays dont on sait combien il est respectueux de la vie humaine, des Droits de l’Homme… et des femmes, de l’environnement et de l’état de droit. Justement, l’état de droit qui garantit notre liberté d’aller et venir dans les lieux publics. D’y manifester. D’y faire la fête. D’y organiser librement des festins, des carnavals. Est-ce l’Islam en tant que religion qui nous l’interdit ? Chevènement va-t-il réécrire le Coran ?
Sur le fond, de quel droit, lorsqu’il s’agit de fêtes traditionnelles ou autres manifestations publiques pacifiques, l’Etat s’arroge le pouvoir de les interdire alors que le risque d’attentat est quasi nul ? Ne revient-t-il pas au citoyen de décider lui même s’il se rendra ou pas à ces agapes ? A-t-on bouclé les Champs-Elysées et les marchés bondés de consommateurs parce qu’ils sont aussi fréquentés par des musulmans ? as-t-on fermé les routes d’Europe avec leur 34500 morts par an (en 2009).
Je ne comprends pas et j’ai honte. Honte de notre capitulation devant « l’ennemi ». Honte de l’insulte fait à nos morts en bafouant la liberté des vivants. Honte de nous considérer globalement comme des moutons fuyants l’orage. Honte de tant d’incohérence, de lâcheté de la part de nos élus dont la seule préoccupation est d’ouvrir leurs parapluies. Honte d’être confronté à des mesures d’exception imbéciles, coûteuses, inutiles. Honte d’être amené à me méfier d’une catégorie spécifique de français en mal d’intégration. Honte de notre soumission face au pouvoir des élites, de l’armée, de tous les singes en gris de cette planète qui réinventent chaque jours le complot mondial islamique contre l’occident. Quand cesseront-ils d’entretenir la haine de tous contre tous ? Heureusement, nous avons du vin et des jeux (olympiques) à la télé pour passer un bel l’été au frais dans nos bunkers . Ave Néron, Rome brûle et tu ris.