Vos paroles s'élèvent dans les limbes.
Je m’adresse à vous et au-delà à toutes les françaises et tous les français, parce qu’une émotion légitime monte du pays. Je comprend le besoin de me voir clarifier les choses et je vais le faire…parce que je n’ai rien à cacher…après 32 ans de vie politique sans aucun problème judiciaire…je n’ai jamais dérogé aux valeurs qui sont les miennes…Aujourd’hui candidat à l’élection présidentielle je fais face à une attaque d’une violence inouïe…j’assume toutes mes responsabilités…J’ai été entendu par la police pendant quatre heures…nous leur avons tout dit
Quel moment historique ! Quelle détermination ! Quelle franchise !
La réalité des faits la voici…Oui, j’ai employé mon épouse comme collaboratrice…elle a été ensuite la collaboratrice de mon suppléant …elle est encore redevenu ma collaboratrice par la suite…Oui elle a donc occupé ce poste pendant quinze ans… pour un montant moyen de rémunération de 3677 euros net… On a présenté cet emploi comme fictif…Pourtant il était bien réel même si ce sont des tâches anodines, effectuées dans l’ombre, parfois seul… refusant de parler à ma place comme l’on fait certaines épouses d’hommes politiques…
Ça c’est bien envoyé ! Lorsqu’elle représentait son époux dans les évènements locaux, les manifestations culturelles et sportives, elle la bouclait. Parfois même on ne la voyait pas tellement elle était assise derrière et transparente. Pas comme cette Madame Chirac où cette Carla Sarkozy.
On a beaucoup commenté la phrase de mon épouse qui dit n’avoir jamais fais de politique…je rappelle que le collaborateur parlementaire travaille dans le domaine politique mais que c’est le député qui fait de la politique…on s’appuie sur une interview de ma femme…en anglais… sortie de son contexte dans laquelle elle explique qu’elle n’a jamais été mon assistante….oui, elle n’a jamais été ma subordonnée… elle était surtout ma compagne de travail et ma collaboratrice…Pénélope n’a jamais revendiqué de rôle dans la lumière…
Voilà, ça c’est clair. Limpide. Lumineux. Et tout labeur mérite salaire. Il ne faut pas oublier que Pénélope s’est aussi occupée des enfants. Elle travaillait chez elle, ne l’oublions pas.
Aujourd’hui on retourne cette discrétion contre elle et contre moi…Ne tirons pas d’une interview tout en pudeur un jugement qui détruit 30 ans d’engagement à mes cotés…
C’est beau ! De quel droit oser détruire 30 ans d’engagement de Pénélope au coté de son mari. Pénélope mérite-t-elle une telle sanction ? Allez comprendre. Est-ce sa pudeur qui l’a perdue ? Vous l’avez compris : lors de cette interview elle ne voulait pas apparaître comme l’autre anglaise, cette chipie de Cherie Blair, nous explique le grand homme. Alors elle a dit n’importe quoi. Comment pouvait-elle raconter qu’elle n’était pas assistante parlementaire alors qu’elle touchait un salaire pour cela ? Vraiment, Pénélope ! Vous avez pourtant fait des études…
Les faits encore, j’ai employé mes enfants, Marie et Charles qui ont travaillé pendant 15 mois… rien n’était dissimulé…tous les contrats de travail dont je parle sont strictement légaux…Oui mesdames et messieurs, tout cela était légal…Mais suis-je pour autant quitte sur le plan moral ? Cette question éthique est si élevée si essentielle, quelle me place face à ma conscience….Le premier courage en politique est de reconnaître ses erreurs…Collaborer avec sa famille en politique est une pratique aujourd’hui rejetée par les français… Ce qui était acceptable hier, à défaut d’être accepté, ne l’ai plus aujourd’hui…C’était une erreur. Je le regrette profondément et je présente mes excuses aux Français…
Voilà, c’est dit ! cet homme est remarquable d’abnégation. Qui aurait, comme lui, chez les politiciens, le courage de présenter des excuses pour une activité qui somme toute était légale, de pratique courante et acceptable ? Personne.
Et là, coup de théâtre
Dès ce soir, compte tenu de ce qui vient d’être dit, j’ai décidé de me retirer de la vie politique… (rumeur effarée dans la salle) Je ne suis plus candidat à l’élection présidentielle et je renonce à toute fonction élective et autre responsabilité au sein de mon parti. Je souhaite désormais me consacrer à ma famille surtout à mon épouse Pénélope si éprouvée par les accusations dont elle fait l’objet. Oser l’accusé d’avoir accepté un travail fictif ! C’est trop. Laissez ma femme tranquille. Je pars. Il en va de mon honneur, de l’honneur de la France. Je ne vois pas comment je pourrai assumer avec dignité et crédibilité une fonction présidentielle tout en ayant suscité tant de défiance au sein du peuple français à qui je demanderai de se serrer la ceinture en zigouillant notamment 500 000 emplois ? Je respecte le peuple français. Je respecte la liberté de presse. Je respecte la justice et en particulier ces magistrats dévoués et probes du parquet national financier. Ils font leur travail. Qui oserait en douter ?Je ne suis pas l’homme providentiel. Irremplaçable. Le seul pouvant redresser notre patrie si mal en point. J’ai apporté la preuve, bien sûr, pendant cinq ans lorsque j’étais premier ministre, de mes compétences en la matière : lutte contre le chômage, l’insécurité des quartiers, les déficits publics, l’évasions fiscales, les délocalisations, etc. Il y a autour de moi des femmes et des hommes de ma famille politique, jeunes, dynamiques, certains ayant été mes ministres, capables de me remplacer et porter un projet de rupture. Quelques uns n’ont jamais eu à faire à la justice. Comme moi. Je serai là, à leur coté, qu’ils se rassurent. Je les sais hésitants, intimidés par l’idée qu’ils se font de la haute fonction présidentielle, de la probité qu’elle exige. Je serai leur modèle, leur guide, leur maître à penser. Je leur souhaite bonne chance !
Mes amis journalistes, je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions… Mais je n’en n’accepterai aucune concernant les procédures en cours… Ce n’est pas le tribunal médiatique qui me jugera.
Mesdames et messieurs….
Silence.
Pas de question ? Alors je vous laisse. Merci d’être venus. Vive la France.
Applaudissements.
Il fait soleil. Je suis heureux et fier d’être français. Enfin un homme qui se tient debout. Même François Hollande n’aurait pas fait mieux en matière d'hara kiri pour sauver son camp. Fini le Pénélopegate. Elle ne sera pas la première anglaise a devenir Première dame de France et compagne de travail de son mari de président. Enfin, ça aurait été marrant après tout avec le Brexit à négocier face à une autre dame anglaise. Moins transparente celle là. Sûrement.
Je me réveille en sursaut avec la radio dans les oreilles : j'ai été choisi par des millions de français... aucune instance n'a la légitimité de remettre en cause le résultat de la primaire...