Je lis dans un quotidien parisien que la hausse du nombre des Français de confession juive qui s’exilent en Israël est moins important que prévue. Enfin ce n’est pas dit comme ça. Ce que je lis en titre c’est : « Une hausse des départs de juifs français vers Israël moins forte qu’annoncée ». Un juif est-t-il français avec un F majuscule ou un f minuscule ?
Faisons un retour sur image lors de l’intervention de Natanyahu, premier ministre israélien à la grande synagogue de Paris le 11 janvier au lendemain des attentats, en présence du président de la France, François Hollande. Il lance : Tout juif, toute juive, qui veulent émigrer en Israël seront accueillis les bras ouverts.Nous sommes en France, en présence du président de la République française qui ne dit mot. Que veut dire cela ! Que des français sont invités à fuir leur patrie parce qu’il y aurait ici des pogroms, un nouveau Vel d’hiv à la place du stade de France ? Qu’Israël serait plus sûr pour les Français de religion juive que la France ? Comment accepter qu’un président de la République française accepte un tel discours francophobe de la part d’un chef de gouvernement étranger sans broncher ? Il faudra attendre plus de 15 jours pour que le président de tous les français fasse une déclaration de principe au musée de la Shoah, à Paris, en rappelant que : « Français de confession juive, votre place est ici chez vous, la France est votre patrie » Avec pour paradoxe, la mise sous protection par l’armée des synagogues et bâtiments accueillant surtout des juifs.
Comme on l’a vu depuis, les assassinats de masse ne visent pas particulièrement les français de confession juive. Et ils ne sont pas, non plus, un phénomène particulièrement français ou islamiste.
La question que je pose alors porte sur l’état d’urgence : est-ce que les dérogations aux Droits de l’Homme et du Citoyen dans notre pays, constituent une garantie renforcée de la protection des communautés religieuses ou culturelles spécifiques de français qui se sont constituées en toute liberté chez nous ? Français juifs, Français musulmans, Français de toute confession, Français écologistes militants, posez-vous la question ? Sachant que ces dérogations portent notamment sur le droit à un procès équitable, le respect de la vie privée, la liberté d’expression et la liberté de réunion et d’association.
Je reviens sur ce grand loupé de Natanyahu pour m’interroger sur cette folle paranoïa politico médiatique qui fait suite aux attentats de janvier et du 13 novembre et à ses conséquences sur notre vivre ensemble ainsi que sur nos droits fondamentaux. Nous subissons des attentats. Oui, il y a des morts et des blessés chez nous, en effet. La violence est là, à tous les étages, comme en Israël d’ailleurs. Nous baignons dans la violence. Pas seulement le terrorisme sectaire d’une ultra minorité de fous furieux crétinisés, mais dans notre vie quotidienne.
Alors j’implore mes confrères journalistes, de la presse et surtout de l’audio visuel de faire preuve de discernement et de courage et de cesser de lancer des Une tonitruantes chaque fois qu’un ou des assassins fanatisés tuent au nom d’une quelconque doctrine religieuse sanguinaire. A ce rythme là, avec plus de 7 milliards d’habitants sur cette planète, nous n’avons pas fini de nous faire bassiner jour après jour, avec le récit des actes de violence attribués à un complot mondial fomenté par une confrérie de « terroristes islamistes » qui veulent la peau de l’occident judéo-chrétien. Pourquoi ne pas, par exemple, se concentrer un peu plus sur la Cop 21 et le dérèglement climatique qui a tué plus de 600 000 personnes depuis 1995, selon l’ONU. Et ce n’est pas fini.