Une jeune femme très écoutée au C.E.S.E, une prof de philo, Gilet Jaune à ses moments perdus, a lancé :
- Compte tenu de la détestation globale de Macron et sa posture psychorigide, il apparaît que la possibilité d'une sortie de crise se joue sur la flexibilité politique.
- Quelle genre de flexibilité politique, Marion ?
- La fin pure et simple de l'idée d'une gouvernance présidentielle autoritaire de type gaullien.
- C'est à dire ?
- Le régime parlementaire à la proportionnelle.
- Mais tu es folle. C'est le marasme assuré en France.
- Bien vu Marc. Ça va très bien chez nous en ce moment. (Marc est éditorialiste à Public Sénat)
- Mais c'est la porte ouverte au populisme et à Marine Le Pen et sa bande !
- Justement non. Une fois la tête du despote coupée, son palais brûlé, il n'y a plus de possibilité de retour. Plus d'Hitler en perspective. Plus de Pétain, Plus d'Erdogan, plus de Trump, plus de Xi Jinping, plus de Kim Jong-un ... et plus de Macron non plus.
- Alors ça nous mène où ? A Beppe Grillo ?
- Justement. Fini le temps du prince. Il nous faut juste un petit président tranquille honorifique et sans pouvoir. Un rigolo du style Hollande, ou l'allemand Steinmeier dont personne n'a jamais entendu parler. Ou la Reine d'Angleterre. Ou un moine bouddhiste.
- C'est absurde. Tu n'as pas l'impression d'être complètement passéiste, Marion ? Il faut donner le pouvoir au Peuple. Un point c'est tout. Le Peuple ne se trompe jamais. Fini les singes en gris qui se gavent.
- Qui représente de Peuple, Marc ?
- Le Peuple lui-même. Il est souverain.
- C'est qui le Peuple ? C'est quoi son numéro de portable ?
- Ne cherche pas à être drôle Marion : il n'y a pas d'humour dans la lutte des classes. Les femmes ont du mal à être révolutionnaires. A moins d'avoir une cervelle d'homme.
- C'est clair, Marc. Le Peuple au masculin, alors.
- LA PEUPLE, ça n'existe pas.
- C'est embêtant.
- Il faut qu'il s'organise, le Peuple, Marion. Il faut l'aider. C'est notre mission d'intellectuels révolutionnaires. Il faut concevoir des représentations d'un type nouveau où le Peuple se retrouve, communie, s'exprime, décide.
- Le Peuple CRÉE une classe révolutionnaire
- Le Peuple est toujours d'accord avec le Peuple. Le Peuple sait tout. Il sait ce qu'il veut. Le Peuple ne ment pas. Il ne fait pas de promesse. Il déambule et pense. Il répare ce qu'il casse. Il ne pille pas la Fnac. Il ne brûle pas les voitures comme les casseurs. Il se prend en charge. Il passe à la télé. Le Peuple est l'Espoir. L'Esprit, La Conscience. Le Concept.
- La 6e République à régime parlementaire, c'est de la connerie. La gouvernance un concept dépassé. La société civile citoyenne, une utopie, Marion.
- Le Peuple augmente les retraites et les salaires. Il est anticapitaliste et écologiste. Il négocie avec d'autres Peuples, même ceux qui veulent nous bouffer.
- Les Peuples ne se bouffent pas entre eux. Le Peuple est pour la peine de mort et contre la guerre. Il n'est pas antisémite. Il croit en la laïcité. Pour la solidarité internationale et l'accueil des migrants affamés, à demi noyés, de toutes les couleurs sans restriction. La grève générale permanente. La biodiversité et le circuit court. Le Peuple est dans TOUT. Et TOUT est dans le peuple. Une république parlementaire, c'est beaucoup trop simpliste, trop dangereux. Trop populiste. Ça ne peut pas marcher en France SANS LE PEUPLE. Il faut raser les ronds-points, réunir une assemblée constituante du peuple et recourir au référendum d'initiative populaire. Il faut revenir à l'ordre et la Loi. Calmer le jeu.
- Il faut reformater les media. Trop de dérives. Toujours à dénoncer les violences policières...! Cela trouble l'objectivité révolutionnaire
- C'est simple, non ?
- Tu as raison Marc. Tout est clair. Ton approche dialectique est positive. Le seul pouvoir légitime c'est Le pouvoir d'achat. Reprends un peu de cette langouste grillée divine et simplissime et un coup de Poligny-Montrachet. Et enlève ce gilet jaune au restaurant. Ça m'agace.
- OK
- Dis Marc ... qu'est-ce que tu fais après, là, cette nuit ?
- Rien. Pourquoi, Marion ?