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Billet de blog 3 octobre 2025

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L’IMPÉNITENT VIRUS SARS-COV-2 REFAIT SURFACE…

La récente incarnation de l'abondante parentèle funeste Omicron, baptisée Frankenstein, semble à son tour participer à la circulation du virus SARS-CoV-2. L’avatar ne fait-il pas référence à l'horreur imaginée dans le roman de l'Anglaise Mary Shelley au XIXe siècle ? Il y est question de la création par un jeune savant helvétique d'un « être vivant assemblé avec des parties de chairs mortes » (1).

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Le monstre hideux, doté d’une intelligence exceptionnelle, prendra sa revanche pour avoir été abandonné par son brillant créateur et abominé par la railleuse société. Est-ce « le Prométhée moderne » de la terreur virale ? En tout cas, bien que le bio-micro-organisme acellulaire ne soit pas un « être vivant » comme le légendaire Victor Frankenstein, il est à l'origine de plus de 80 % des infections avisées à la veille de l'équinoxe d’automne 2025, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. L'énigmatique Covid-19 a finalement tendance à devenir une affection respiratoire voisine de la grippe coutumière : « Entre le 15 et le 21 septembre dernier, le réseau Sentinelles, composé de plus de 1 300 médecins et pédiatres, a constaté une hausse du taux d’incidence du coronavirus : 48 [patients] ont ainsi été recensés pour 100 000 habitants. » (2).

Contagiosité présumée plus élevée

Sous la surveillance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis la fin du mois de juin 2025, suivi motivé par sa contagiosité présumée plus élevée, le vilain microbe n'a pas démontré jusqu’ici, hormis son agilité, une sévérité morbide au regard des précédents variants du vagabond micro-organisme pathogène. D'après l’agence spécialisée des Nations unies à Genève, Frankenstein « connaît une croissance rapide par rapport aux [divers] variants co-circulants à l’échelle mondiale » (3). Il s'est notamment propagé en Asie, avec une progression rapide, passant de 2,5 % des souches à 11 %. Au Canada, aux États-Unis et en Europe, l’effrayant variant y est aussi en nette progression. L’Afrique n’est pas définitivement épargnée, en raison notable de la mobilité internationale des voyageurs.

L’effet sur les hospitalisations paraît heureusement limité dans les pays touchés. Les manifestations restent néanmoins plurielles : céphalée, fébrilité, myalgie, rhume, toux et mal de gorge sont les symptômes récurrents présentés par les patients contaminés. Ces signes ne sont pas fondamentalement différents de ceux d’autres variants qui ont précédé le fameux Frankenstein. Ignoble virus à ARN (acide ribonucléique), le SARS-CoV-2 mute avec constance dans la protéine Spike (glycoprotéine cellulaire) et continue ainsi de se reproduire, au rythme de ses résurgences épisodiques. Porté par une émergence assidûment réglée, le minuscule monstre peut échapper partiellement à notre immunité et favoriser la propagation virale.

Médecine sociale et préventive

La vaccination annuelle, destinée en principe à entraîner le système immunitaire à lutter contre le virus, est vivement conseillée pour les sujets à risques. Ceux-ci regroupent notamment des individus de plus de 65 ans, des femmes enceintes et des personnes âgées de plus de 16 ans atteintes de certains antécédents pathologiques (obésité, asthme, SIDA, diabète, syndrome coronarien aigu, hypertension artérielle, cardiopathie, affection du rein, maladie du foie, etc.).

Il y a cependant lieu de noter que le taux d’anticorps baisse au cours du temps, aussi bien à la suite de l’infection redoutée qu’après la nécessaire vaccination. Il est donc primordial de mettre à jour la composition prophylactique d’antigènes dans les vaccins réputés et de les orienter prioritairement vers les personnes vulnérables ou souffrant de comorbidités. Au-delà de la vaccination préconisée, les recommandations de médecine sociale et préventive concernent également l’aération régulière des espaces collectifs et le maintien des attitudes barrières qui permettent de freiner la contagiosité.

Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste 
Lausanne

(1) Shelley M. Frankenstein ou le Promothée moderne, Corréard, 1821.
(2) Arce C. « Le variant Frankenstein du Covid-19 en hausse cet automne, quels en sont les symptômes ? », HUFFPOST, 01/10/2025.
(3) Oms. « Risk Evaluation for SARS-CoV-2 Variant Under Monitoring: XFG », Technical document, WHO, 25/06/2025.

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