Dans un tel embrouillamini pathétique de mimétisme persévérant, ce qui est qualifié de « revendications post-électorales », s’érige en exutoire pour le combat de leurs instigateurs en vue d'accéder aux ressources du pouvoir (1). Hélas ! L’aphorisme d’Alphonse Lamartine, reformulé avec pertinence par Nelson Mandela, illustre la légèreté impulsive des fossoyeurs : « Il est très facile de casser et de détruire. Les héros, ce sont ceux qui font la paix et qui bâtissent ». Y aurait-il vraiment à gagner en cassant les outils de travail de purs opérateurs économiques ou en pillant des propriétés privées ? Que nenni !
Morts injustes et innocentes
Il en découle davantage de souffrance et de pauvreté pour les plus démunis. Ces tensions sont quasiment devenues consubstantielles au déroulement des courses électorales à la magistrature suprême en Afrique. On ne saurait rester aveugle aux violences inutilement orchestrées par les partisans de la terre brûlée en Côte d’Ivoire, en Tanzanie ou au Cameroun ! La modeste tactique ne consiste-t-elle pas, à l’instar d'une campagne militaire, à endommager et à rendre caduques ressources, moyens de production et bâtiments publics ?
Comme à l’accoutumée, l’aventure mortelle des « villes mortes » va probablement mourir, une fois de plus, de sa belle mort par simple manque d’intérêt mortel, entraînant malheureusement, dans un tel abîme funeste, d’autres morts injustes et innocentes. La motivation majeure serait la contestation a priori du scrutin présidentiel et a posteriori du résultat officiel. Que viserait alors cette contestation dans un système qu'on aurait soutenu ou dont on se serait servi ? Sinon faire reculer non pas le vainqueur désigné par le juge électoral et constitutionnel, mais le tissu économique local dans une sorte de ruine fumante aux conséquences désespérantes pour les citoyens qui participent à la production et à la consommation intérieures (2).
Gouvernement focalisé sur de profondes réformes
Comment peut-on ainsi vaincre le sous-développement et son alliée de misère endémique, qui ne sont nullement des fatalités naturelles mais des manifestations d’origine humaine ? Quel est l'antidote à ce poison oppositionnel qui dépouille la population et constitue un facteur alarmant des conflits ? Dans le cas du Cameroun, il n’est pas absurde de suggérer au chef d’État réélu un gouvernement focalisé sur de profondes réformes, avec une large coalition qui privilégie l’unité nationale et l’intérêt supérieur d'une République, après de regrettables tensions post-électorales. Rien n'est magique ! Aucun leader dans ce bas-monde ne saurait triompher si l’ordre politique n’a pas pour fondements la cohésion nationale et le progrès sociétal.
Les fondements susmentionnés n’exigent-ils pas que les forces vives de la Nation camerounaise se retroussent les manches et tentent de vaincre à l'unisson le sous-développement, à l’abri impitoyable des cupidités désolantes et des hostilités politicardes ? Comme aimait égratigner la fierté afro-futile honteuse l’un des célèbres présidents françafricains impénitents, Jacques Chirac, natif de la ville de Paris et chef d’État réélu de l'Hexagone, « La démocratie est un luxe pour l’Afrique ». Et renchérissait-il, « Le multipartisme est une sorte de luxe que ces pays en voie de développement n’ont pas les moyens de s’offrir », car ils sont en butte à des enjeux autrement exigeants (3). À moins d’être masochistes, les élites de ces pays saignés ne devraient-elles pas imaginer autre chose que des parangons empruntés ?
Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne
(1) Boutat A. « L’Afrique face à l’épreuve des élections présidentielles », Mediapart, 29/10/2025.
(2) Fotso H. « Au Cameroun, nouvelle opération ville morte », Deutsche Welle, 03/11/2025.
(3) Priestley P. « Jacques Chirac - Discours à la réunion de l'Association internationale des maires francophones à Abidjan, février 1990 », TV5 Monde Info, 24/12/2021.