alain.boutat (avatar)

alain.boutat

Professeur

Abonné·e de Mediapart

153 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 novembre 2025

alain.boutat (avatar)

alain.boutat

Professeur

Abonné·e de Mediapart

CAMEROUN : HALTE AUX HOSTILITÉS POLITICARDES APPAUVRISSANTES !

Les pillages post-électoraux et les « opérations villes mortes » présentent des causes multiples, parmi lesquelles figurent la maîtrise épineuse de l'organisation du scrutin présidentiel dans un contexte tumultueux, l’instrumentalisation de l’ethnicité, le bellicisme politico-alimentaire, la surexcitation du vandalisme convoiteux et l’opportunisme des casseurs en état de précarité économique.

alain.boutat (avatar)

alain.boutat

Professeur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans un tel embrouillamini exacerbé du mimétisme démocratique, ce qui est qualifié de « revendications post-électorales », s’érige en exutoire de leurs instigateurs pour vouloir accéder aux ressources tirées du pouvoir insurrectionnel (1). Hélas ! L’aphorisme d’Alphonse Lamartine, reformulé par Nelson Mandela, illustre assez la légèreté impulsive des fossoyeurs : « Il est très facile de casser et de détruire. Les héros, ce sont ceux qui font la paix et qui bâtissent » (2). Y a-t-il véritablement à gagner en cassant les outils de travail d'opérateurs économiques, en pillant des boutiques d'humbles commerçants ou en saccageant des propriétés privées dans le pays ? Que nenni !

Morts injustes et innocentes

Ces tensions sévères sont quasiment devenues consubstantielles au déroulement des courses électorales à la magistrature suprême en Afrique. Elles sont communément suivies de violences orchestrées par des commanditaires de la terre brûlée comme en Côte d’Ivoire, en Tanzanie ou au Cameroun. Selon un faire-semblant militaire, la tactique consiste à attaquer et à rendre caducs les marchés vivriers, les moyens de production, les écoles, les bâtiments publics... Il en découle davantage de souffrance et de pauvreté pour les démunis.

Comme à l’accoutumée, l’aventure mortelle des « villes mortes » va probablement mourir, une fois de plus, de sa belle mort par simple manque d’intérêt mortel, entraînant malencontreusement, dans cet abîme funeste, d’autres morts injustes et innocentes. Dans un bras de fer dont l'issue est connue d'avance (3), les émeutes débouchent généralement non pas sur le retrait du lauréat désigné par le juge électoral, mais sur le recul du tissu économique local dans une sorte de ruine fumante aux effets navrants pour d'innombrables victimes qui participent à la production et à la consommation intérieures.

Gouvernement focalisé sur de profondes réformes

Comment peut-on ainsi vaincre le sous-développement et son alliée de misère endémique, qui ne sont nullement des fatalités naturelles mais des manifestations d’origine humaine ? Quel est l'antidote à ce poison oppositionnel qui dépouille le peuple et constitue un facteur alarmant de moult conflits ? Dans le cas du Cameroun, il n’est pas absurde de suggérer au chef d’État réélu un gouvernement focalisé sur de profondes réformes, avec une large coalition qui privilégie l’unité nationale et l’intérêt supérieur de la République, après les regrettables violences post-électorales. Rien n'est magique : aucun leader dans ce bas-monde ne saurait triompher si l’ordre politique n’a pas pour fondements la cohésion nationale et le progrès sociétal.

Les fondements susmentionnés n’exigent-ils pas que les forces vives de la Nation camerounaise se retroussent les manches et tentent à l'unisson d'abattre le sous-développement, au mépris des hostilités politicardes appauvrissantes ? Comme aimait froisser la fierté afro-futile l’un des impénitents présidents françafricains, Jacques Chirac, natif de la ville de Paris et ancien chef d’État réélu dans sa patrie, « La démocratie est un luxe pour l’Afrique ». Et renchérissait-il, « Le multipartisme [politique] est une sorte de luxe que ces pays en voie de développement n’ont pas les moyens de s’offrir », car ils sont en butte à des défis autrement capitaux et radicaux (4). Nul n’est lucide à moins d’être repenti. Les élites de ces pays n'auraient-elles pas à essayer autre chose que des parangons empruntés et inadaptés ?

Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste 
Lausanne

(1) Boutat A. « L’Afrique face à l’épreuve des élections présidentielles », Mediapart, 29/10/2025.
(2) Ligo K. « Nelson Mandela lors d'un discours à Soweto, Afrique du Sud, le 12 juillet 2008 », Global Citizen, 03/12/2020.
(3) Fotso H. « Au Cameroun, nouvelle opération ville morte », Deutsche Welle, 03/11/2025.
(4) Priestley P. « Jacques Chirac - Discours à la réunion de l'Association internationale des maires francophones à Abidjan, février 1990 », TV5 Monde Info, 24/12/2021.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.