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Billet de blog 7 avril 2020

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LE CORONAVIRUS EST-IL INERTE OU VIVANT ?

Les mesures préconisées par l’Université américaine John Hopkins (Maryland) contre le mystérieux coronavirus, avalisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), semblent globalement saines et pertinentes, faute d’être innovatrices.

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À l’entame de ces mesures destinées à « éviter la contagion », des représentants de la célèbre université située à Baltimore affirment, à boule vue et sans hésitation, que le « virus n’est pas un organisme vivant, mais une molécule de protéine (ADN) recouverte d’une couche protectrice de lipides », susceptible de se disperser et de se décomposer allègrement à l’aide de « tout savon ou détergent ».

Boîte de Pandore

Mais au-delà de l’hygiène des mains et des surfaces, le voile de la particule virale est-il pour autant soulevé au regard de sa terrible contamination galopante dans le monde ? À l’instar de la boîte de Pandore de la mythologie grecque, le malheur qui s’est évadé de la jarre des maux pour s’abattre sur l’humanité, mérite d’être qualifié prudemment par des mots, en évitant l’ambiguïté de maintenir l’espérance des âmes confinées au fond du maléfique récipient.

Nonobstant l’absence de consensus scientifique sur la notion même de « vivant », si le vagabond délinquant peut mourir ou disparaître, par dispersion ou par décomposition, n’est-ce pas parce qu’il est d’abord « vivant » ? N’a-t-il pas, lui aussi, la propriété biologique de former « sa propre substance à partir de celle qu’il puise dans le milieu », comme l’évoquait, au début du dix-neuvième siècle, le naturaliste Jean-Baptiste de Lamarck sur « l’évolution du vivant » ?

Agent pathogène SARS-CoV-2

Faudrait-il rappeler que l’agent pathogène SARS-CoV-2 est bien caractérisé par un génome présent dans tout être vivant ? Grâce à ce génome, il peut évoluer et se multiplier en abondance, lorsqu’il s’incruste par effraction dans une cellule hôte et la détourne à son avantage comme otage pour échapper à la garde immunitaire déclenchée impétueusement par son infectivité alarmante.

À l’inverse d’une bactérie qui peut exister en permanence de manière autonome, le coronavirus est entièrement dépendant de son bailleur involontaire, dont il va s’évertuer à parasiter la cellule hébergeante par filouterie patrimoniale génétique, en s'activant à y reproduire sans gêne une descendance éminemment prolifique.

Micro-bandit impénitent

En conséquence, lorsque les conditions sont réunies, le micro-bandit impénitent peut être sévèrement condamné comme tout criminel vivant, décomposé rapidement comme toute matière organique et éliminé physiquement comme tout intrus envahissant, dès le moment où la défense déployée par les mécanismes actifs du corps humain sont à la hauteur de combattre son intrépidité.

Alors, le coronavirus est-il inerte ou vivant ? La solution réside probablement dans cette interrogation de Jean-Michel Claverie : « une plante est vivante, mais est-ce qu’une graine de plante est vivante », sachant qu’elle peut rendre vivante cette plante à la faveur de l’environnement dans lequel elle tire sa quintessence ? À chacun d’y répondre selon sa propre conception du « vivant » !

Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste 
Lausanne

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