Dans la ligne de mire des procureurs auto-proclamés de l’ombre « malfaisante », il y a notamment Bill Gates, cofondateur de la Société informatique Microsoft, accusé d’avoir « créé le SARS-CoV-2 ». Dans le même registre médiatico-complotiste, l’ère du procès à charge contre la 5G s’ouvre avec une égale imposture obsessionnelle.
Nouvelle technologie de communication
Selon les propagateurs de ces fausses informations, le coronavirus est apparu à Wuhan, capitale tentaculaire de la province chinoise du Hubei, en raison de l’activation des premières antennes 5G, avant que le minuscule monstre organique ne s’en accommode et ne se répande impitoyablement sur la planète entière. Or, c’est plutôt la Corée du Sud qui, en avril 2019, lança en première mondiale son réseau national 5G, afin de s’assurer à l’avance d'une innovation destinée à fournir un débit internet 20 fois supérieur à la 4G.
Dans ce contexte de concurrence internationale, l’exploitation des antennes chinoises ne démarra qu’en octobre 2019, aussi bien à Wuhan, épicentre initial de la maladie mortelle, que dans d’autres agglomérations urbaines de l’Empire du Milieu. Dès lors, si la 5G est à l’origine du coronavirus, pourquoi ce satané micro-organisme n’a-t-il pas d’abord pris naissance dans la capitale sud-coréenne Séoul, préalablement à l’expulsion fortuite de sa descendance prolifique vers les villes chinoises qui, avec Wuhan, ont déployé en même temps la nouvelle technologie de communication incriminée ?
Tout virus est fondamentalement biologique
Par surcroît, l’écrasante majorité des lieux planétaires ayant de facto succédé, de fil en aiguille, aux foyers chinois de la Covid-19, à l’instar de ceux des pays africains, n’ont ni antenne activée de la 5G, ni onde probable du transfert d’agents infectieux. Au-delà du patin-couffin, les faits semblent militer pour une origine animale du SARS-CoV-2 ou pour un accident de laboratoire, même si l’incertitude y plane aujourd'hui avec acuité. Dans l’absolu, tout virus pathogène est fondamentalement biologique et nullement radioélectrique !
Quid des conséquences éventuelles de la 5G en physiopathologie ? D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), suite à certaines recherches disponibles, « aucun effet sur la santé n’a été causé par une exposition aux technologies sans fil ». Nonobstant le fait que peu d’études épidémiologiques n’existassent sur l’impact réel des fréquences spécifiquement empruntées par la 5G, il n’en reste pas moins que les degrés énergétiques des ondes électromagnétiques n’y sont pas sensiblement plus élevés que ceux connus de la 4G.
Perspectives nouvelles de communication
Aussi faut-il en convenir, en saine intelligence avec l’OMS, que si « les niveaux d’exposition sont inférieurs aux recommandations internationales, aucune conséquence pour la santé publique n’est anticipée ». Parmi d’autres idées reçues, il y a l’opinion saugrenue selon laquelle la 5G affaiblirait le système immunitaire. Sur ce plan aussi, l’évidence crève les yeux, car la réponse scientifique coule de source, en dépit des élucubrations complotistes évoquées supra.
Pour Simon Clarke, professeur en microbiologie cellulaire à l’Université anglaise de Reading, « L’idée que la 5G affaiblisse les défenses immunitaires ne tient pas. Le système immunitaire peut être affecté par beaucoup de facteurs, comme la fatigue ou une mauvaise alimentation ». L’observateur objectif gagnerait ainsi à admettre que la 5G offre d'évidentes perspectives nouvelles de communication et de connectivité dans différents domaines-clés (téléphonie mobile, robotique, formation à distance, télémédecine, etc.). Comme toute innovation, elle comporte des avantages et des inconvénients, auxquels il importe de rester vigilant, sans passer sous les fourches caudines des coriaces prophéties d’inquiétude.
Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne