Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2), qui a touché à différents degrés 99,3 % des pays de la planète (2), a entraîné un surcroît de 3'000 morts d'octobre à novembre 2024 dans 27 pays, mais la douloureuse statistique funeste a surtout été établie entre 2020 et 2022. L’impénitent micro-organisme infectieux n'a pas de saison spécifique, mais devient progressivement récurrent, avec des résurgences assidues, à l'instar du virus de la grippe coutumière.
Hypothèse zoonotique
L’origine de ce coronavirus coriace demeure un mystère qui fait l’objet de vifs débats scientifiques. L’hypothèse zoonotique d’une transmission animale est cependant privilégiée par rapport à l’hypothèse accidentelle d’une fuite ou d’une confection expresse en laboratoire, que le pays de Xí Jìnpíng a toujours niée, sans toutefois apporter un témoignage fiable. Ainsi, l’identité, le foyer, la durée et le processus de transfert au « patient zéro » restent énigmatiques.
Le malheureux pangolin, prisé par les consommateurs d’animaux sauvages, fut longtemps suspecté, avant d’être innocenté. De même, une étude conduite par des chercheurs de l'Hexagone sur des virus proches du SARS-CoV-2, circulant parmi les chauves-souris autant soupçonnées, conclut qu’il est peu probable qu’ils aient pu dompter « la capacité à infecter les poumons humains par accumulation de mutations au cours d’une circulation préalable silencieuse [entre] des populations humaines ou [des] hôtes intermédiaires. » (3).
Hypothèse accidentelle
En 2023, d'autres chercheurs ont cependant révélé avoir trouvé que plusieurs échantillons positifs du virus responsable de la Covid-19, contenaient aussi de l’ADN d'animaux comme le chien viverrin. Ils ont alors élaboré la conjecture selon laquelle le tanuki aurait « été l’intermédiaire entre les chauves-souris, réservoir de la maladie, et l’homme » (4). Or, il n’existe pas de traces sérologiques évidentes d’infections observées qui conforteraient cette nouvelle conjecture.
En réalité, l’hypothèse principale de la diffusibilité zoonotique du virus SARS-CoV-2 n’est pas improbable. La communauté scientifique n'est pas simplement parvenue jusqu’ici à déterminer avec quasi-certitude l'origine de la redoutable Covid-19 (5). Quant à l'hypothèse accidentelle, elle n'est pas exclue, mais manque encore d'éléments fort probants. Aussi n’y a-t-il pas aujourd'hui de réponse crédible sur l'amorce de la pandémie, nonobstant l'existence d'affirmations qui trouvent créance dans la bouteille à l'encre des réseaux sociaux.
Urgence d'une coopération internationale
En effet, faute d'assurance véritable, certains médias s’encombrent d'ambons osés où se mêlent à qui mieux mieux des faits purement fantaisistes et des rumeurs colportées. La Chine a plusieurs fois été accusée de dissimuler des informations cruciales sur l’origine de la pandémie. Et l’OMS qui n’a plus été autorisée à enquêter sur le sol de l’Empire du milieu depuis 2021, convie désespérément Pékin à communiquer des données fécondes sur la genèse de la Covid-19 (6).
L’urgence d’une coopération internationale est pourtant essentielle en vue de prévenir d'ultérieures épidémies ou pandémies vicieuses. Une question s’impose alors à l’esprit : la planète habitable est-elle prête à affronter une prochaine crise sanitaire sévère ? Que nenni ! Nonobstant de réels progrès réalisés sur les plans épidémiologique, clinique et pharmaceutique, le monde demeure insuffisamment armé, notamment dans les pays en développement, pour relever les défis polymorphes d’un tel ébranlement de sociétés humaines.
Alain Boutat
Épidémiologiste,
économiste et politiste
Lausanne
(1) Huet S. « Covid-19 : 15 millions de morts dit l’OMS », Le Monde, 14/12/2022.
(2) OMS. « Cinquième anniversaire de la COVID-19 », Communiqué de presse, 30/12/2024.
(3) Institut Pasteur. « Origine du SARS-COV-2 : les recherches se poursuivent », Le journal de la recherche, 22/03/2023.
(4) Aubaret A. « Covid-19 : l’origine du virus reste un mystère quatre ans après le début de la pandémie », La Croix, 11/11/2024.
(5) AFP. « Une nouvelle étude renforce l'hypothèse du marché de Wuhan pour expliquer l'origine du Covid », RTS, 19/09/2024.
(6) TDG. « L’OMS redemande à la Chine les informations sur l’origine du virus », Tribune de Genève, 30/12/2024.