La méfiance des opposants à cet accord est compréhensible, compte tenu du contexte ambiant de prévarication élitaire, sous réserve que le raisonnement mis en exergue reste atrophié par la mise en parallèle exclusive des recettes nominales fixes et non additives, grossièrement extrapolées et échelonnées sur des décennies.
Écart entre les avantages en termes réels
Sur le plan socio-économique, les retombées directes et indirectes semblent indéniables. Mais il y a aussi fort à parier que l’écart entre les avantages des parties prenantes sera plutôt favorable en termes réels au partenaire de l’Empire du milieu, qui, loin d’être une antenne de charité de Mère Teresa, s’emploiera à ne point échapper au destin de rentabilité et au retour sur l’investissement réalisé.
Saurait-il d’ailleurs en être autrement, dans une planète globalisée qui attise malicieusement la rapacité économique et perpétue ouvertement des jeux collectifs à somme nulle ? Dans de telles conditions, il appartient aux pays de l’arrière-monde de s’obstiner également à tirer leurs propres épingles de ces jeux collectifs.
Comme le soulignait le Prix Nobel d’économie Milton Friedman, fondateur de l'École de Chicago, « Si un échange entre deux parties est volontaire, il n’aura lieu que si les deux pensent qu’ils en tireront profit. La plupart des erreurs économiques découlent de l’oubli de cette idée, de la tendance à supposer qu’il y a un gâteau figé, qu’une partie ne peut gagner qu’au détriment de l’autre ».
Comparaison rigoureuse des variantes
En effet, les transactions sur des prestations présentant des marges économiques contributives devraient être à somme positive non nulle, justifiant au demeurant le bien-fondé d’un partenariat avec des tiers. Aussi importe-t-il de pouvoir réexaminer tout accord préétabli pour de longues périodes, dans la perspective d'une coopération réévaluable et renégociable à intervalles réguliers.
Par ailleurs, en instituant de préférence des quotes-parts de recettes flexibles, soumises équitablement aux fluctuations des marchés, il y aurait lieu de compléter la réflexion par des options stratégiques distinctement fondées sur des scénarios de coûts supportables, de risques encourus et d’avantages escomptés par les protagonistes.
Enfin, l’esprit de progrès ne se détermine judicieusement sur tout projet que par comparaison rigoureuse des effets associés aux variantes en présence. C’est de ça qu’il devrait s’agir, dans le cadre de l’exploitation envisagée du gisement de fer de Kribi-Campo et dans l’attente d’une décision émanant du pouvoir exécutif !
Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne