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Billet de blog 20 juillet 2020

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INFECTION À PAPILLOMAVIRUS ET PROPHYLAXIE DES ADÉNOCARCINOMES

Selon une étude de l’Université australienne de Nouvelle-Galles du Sud, qui vient d’être publiée dans le journal « Infectious Agents and Cancer », il y aurait un lien vraisemblable entre le cancer de la prostate et le cancer du col de l’utérus (1). Que peut-on en espérer par rapport à la difficile prophylaxie des adénocarcinomes ?

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Le cancer du col de l’utérus est causé par une infection majeure à papillomavirus, acquise lors de rapports sexuels vaginaux, anaux ou oraux (2). Le recours au préservatif n’offre aucune protection à visée intégrale, car la contamination est également possible par les zones de la peau qui échappent à la couverture d'un condom, à l’instar des doigts de la main et des testicules producteurs de spermatozoïdes.

Pathologies essentiellement silencieuses  

On dénombre plus d'une centaine de variétés de papillomavirus humain, dont une quarantaine concerne les pathologies à caractère génital. À la genèse de ces pathologies essentiellement silencieuses et usuellement asymptomatiques, l’agent pathogène s’incruste par effraction dans une cellule de la muqueuse des orifices naturels et y reproduit allègrement une descendance éminemment prolifique.

Première maladie virale sexuellement transmissible, la contagiosité du papillomavirus humain (VPH) affecte 70 % en moyenne des femmes et des hommes actifs dans leur vie, avec 50 % environ des contaminations entre des partenaires âgés de 16 à 25 ans. Elle est à l’origine de diverses affections cancéreuses sévères, en particulier celles du col utérin, du pénis, de l’anus, de la bouche et de la gorge.

Affections cancéreuses à VPH

L’infection à papillomavirus peut être évitée de manière préventive, notamment en s’abstenant d’imiter des pratiques sexuelles portées par une filmographie perverse, voire de suçoter ou de lécher les parties intimes. Mais il est surtout recommandé de se vacciner contre les virus cancérigènes fréquents (VPH-16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58), de préférence avant l’âge initial de l’activité libidinale courante.

Aucune thérapie efficace n’existe aujourd’hui pour guérir les affections cancéreuses à VPH. En général, le bistouri chirurgical n’a pour objet que de faire disparaître, autant que faire se peut, leurs conséquences génitales, anales ou buccales. Cette impuissance thérapeutique rejoint la relativité de la réponse immunitaire et du traitement des tumeurs d’origine glandulaire (adénocarcinomes).

Prophylaxie des adénocarcinomes

Avec le lien qui serait désormais établi entre le cancer du col de l’utérus et le cancer de la prostate, il y a lieu d’espérer la sortie d’un vaccin préventif contre la tumeur maligne la plus répandue chez l’homme (3). Cette timide lueur d’espoir devrait ouvrir d'autres pistes de recherche, parallèlement aux vaccins thérapeutiques qui sont destinés aux cas métastiques classiques. L'âge y est un facteur de risque majeur, le cancer prostatique étant rare avant 50 ans, et son incidence croissante après 65 ans. Enfin, le pronostic vital est souvent favorable lorsque la tumeur est détectée suffisamment tôt.

Même si le lien précité n'est pas certain, attendu que les deux cancers affectent des organes différents et nourrissent des facteurs de risques distincts, pourquoi ne faudrait-il pas s'y pencher pour avoir le coeur net ? S’attacher à procurer une immunité durable émergerait alors comme un excitant défi à relever, dans le cadre d'une approche orientée vers la prophylaxie des adénocarcinomes. Les obstacles à surmonter restent cependant nombreux (4). Aussi faudrait-il se doter d'une patience quasi angélique, sachant que l’impatience est l’ennemie de la science, notamment en oncologie.

Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste 
Lausanne

(1) IAC. « Découverte d'un lien entre cancers du col de l'utérus et de la prostate », CoverMedia, 20/07/2020.
(2) CHUV. « Cancer du col de l'utérus », Centre des tumeurs gynécologiques, 12/07/2020.
(3) Negoita S. et al. Annual report to the Nation on the status of Cancer, part II : Recent changes in prostate cancer trends and diseases characteristics, Ed. Cancers, 2018.
(4) Villers A, Grosclaude P. « Epidemiology of prostate cancer », Médecine Nucléaire, Janvier 2018.

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