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Billet de blog 21 janvier 2025

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LA SURPRENANTE RECONVERSION DE DIDIER RAOULT

Surgi au milieu du tintamarre favorisé par la pandémie coronavirale Covid-19, Didier Raoult est devenu célèbre pour avoir préconisé l’usage thérapeutique de l’hydroxychloroquine. Âgé de 72 ans, le professeur émérite français tente d’opérer une étonnante reconversion professionnelle dans la cosmétologie de luxe.

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Proscrit pendant deux ans de l’exercice de la médecine pour cause de « charlatanisme », suite à une décision de l’Ordre des médecins, l’ancien directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection (IHU-MI) a désormais décidé de substituer la mémorable hydroxychloroquine par des gammes de produits anti-âge, en se tournant manifestement vers le domaine lucratif des cosmétiques.

Promesse d’une régénération épidermique

Conjointement avec la femme d’affaires Nina Basri, le professeur marseillais a cofondé « Magnifiscience », une nouvelle entreprise spécialisée dans la production d'articles de soins destinés à la fine fleur mondaine. Installée sur la prestigieuse place Vendôme à Paris, cette nouvelle entreprise propose des substances enrichies en actifs qui sont censées ralentir les signes apparents de l’altération cutanée physiologique due au vieillissement génétiquement programmé.

Les premiers produits distribués, notamment une crème de 60 millilitres vendue à 75 euros (1), renferment la promesse d’une régénération épidermique, tout en protégeant la peau contre les agressions exogènes. Dans une vidéo sur YouTube, l'entrepreneur se confie : « C’est une alliance entre une approche scientifique très basique et une approche de pratique très fonctionnelle qui a donné lieu à la naissance de cette nouvelle petite start-up [prometteuse]. »

Notoriété plombée par des soupçons

La reconversion marque un tournant décisif pour celui qui a vu sa notoriété plombée par des soupçons d’imposture épidémiologique et de gouvernance douteuse d’un institut hospitalo-universitaire ayant pignon sur rue (2). En effet, l’étude menée sous la direction de Didier Raoult sur l’efficacité attendue de l’hydroxychloroquine, un sulfate indiqué pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du lupus érythémateux, avait suscité de nombreuses controverses, qui ont conduit à la disqualification scientifique de l’infectiologue marseillais par une partie conséquente de la communauté sanitaire.

En octobre 2024, l’Ordre des médecins a reproché au professeur qui se croyait sorti de la cuisse de Jupiter, d’avoir promu un traitement « insuffisamment éprouvé » et d’avoir enfreint plusieurs articles du Code de la santé publique. Sous la couverture de « Magnifiscience », le microbiologiste ambitionne dorénavant de concilier la recherche scientifique et la technologie cosmétique. Et la « start-up » créée ne peinerait pas à exploiter une telle avancée innovante pour restaurer l'enveloppe cutanée et maintenir la juvénilité de l’épiderme humain.

Fan de Donald Trump

Dans cette perspective exceptionnelle, « Magnifiscience repose sur une vision commune : utiliser la science de pointe pour offrir des soins révolutionnaires à la peau. » (3). Le recyclage de Didier Raoult est certes surprenant, mais il affiche la vive intention de rebondir dans un secteur économique en expansion, où la science et le bien-être esthétique ne sont pas toujours indivisément compatibles. Aussi y a-t-il lieu de se méfier des coups de jeune dispendieux qui peuvent malheureusement se révéler des coups d'esbroufe fâcheux.

L'ex-leader de l'IHU-MI a déjà été acculé à prendre sa retraite dès l’été 2022. Les désagréments ne semblent pas pour autant derrière lui. Une information judiciaire sur des « manquements graves en matière de santé et de recherche », ouverte par le parquet de la cité phocéenne, est en cours. Le « mégalo » qui ne supporte pas d’avoir raté la fournée des Légions d’honneur 2022, est un fan de Donald Trump et, comme lui, adore se pousser du col. Il aurait sollicité en vain une invitation à la cérémonie d’investiture de son idole, avant de s'envoler vers Washington pour obtenir sa « place sur place », caressant le vœu de « faire ce que Macron ne peut pas faire » (4).

Alain Boutat
Épidémiologiste,
économiste et politiste
Lausanne

(1) Regley M. « Interdit d’exercer la médecine, Didier Raoult lance une start-up de cosmétiques anti-âge », Paris Match, 15/01/2025.
(2) Kessouf Y, Magnodeix M, Pascalliero P. « Didier Raoult : deux ans d’enquête sur une imposture », Mediapart, 17/01/2022.
(3) Monney S. « Didier Raoult se reconvertit dans un domaine... inattendu », Blick, 16/01/2025.
(4) Amelin H. « Comment Didier Raoult espère être invité à l’investiture de Donald Trump », INFO RTL, 11/01/2025.

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