De fait, le choléra est une toxi-infection entérique et diarrhéique aiguë, à laquelle il est possible de succomber rapidement par collapsus cardiovasculaire ou par déshydratation corporelle, en l’absence de traitements appropriés : compensation des pertes digestives, réhydratation par voie orale ou par voie intraveineuse, antibiothérapie à la tétracycline ou à la doxycycline, etc.
Concentration en Afrique
L’infection est provoquée par l’absorption de boissons ou d’aliments contaminés par des vibrions sécréteurs d’une toxine intestinale, qui s'avère inductrice de la perte inéluctable dans l’organisme humain de liquides et d’électrolytes (15 à 20 litres en moyenne journalière).
Les symptômes précurseurs graves sont relativement rares au début de l’infection, mais ils peuvent apparaître dans un délai de quelques heures à cinq jours d’incubation, suite à l’exposition à la maladie : abondantes diarrhées acqueuses, brutales douleurs abdominales, vomissements de substances à propension déshydratante, nausées caractéristiques d’inconforts gastriques, absence de fièvre, etc.
Tous les continents de la planète déclarent des cas de choléra, mais c’est en Afrique qu’ils sont concentrés à plus de 50%. Entre la mi-août et novembre 2021, ONU Info faisait état de 3’300 morts au Nigéria, parmi 94’000 patients identifiés dans 32 États sur 36. Au Niger voisin, les autorités ont officiellement annoncé 156 morts et 5’400 malades originaires de six régions du pays sur la même période. Plusieurs foyers de choléra sont également signalés en Afrique de l’Est, dans la Corne de l’Afrique et dans le Golfe d’Aden.
Situation du Cameroun
Prenons la situation récente du Cameroun. Le pays fait actuellement face à une augmentation du nombre de cholériques, sur la base des informations communiquées ce jour par le Ministère de la santé : 29 personnes sont passées de vie à trépas en une semaine, dans trois grandes villes à l'ouest du pays et dans la capitale politique.
La pathologie d’origine oro-fécale réapparaît périodiquement dans cette « Afrique en miniature » peuplée de plus de 25 millions d'habitants. D'après le Ministre Manaouda Malachie, « Entre le 16 et le 22 mars 2022, une flambée de cas de choléra est observée dans le Sud-Ouest, avec plus de 300 cas notifiés ». En réalité, l'épidémie camerounaise frappe désormais sept des 10 régions du pays.
Ainsi, depuis octobre 2021, selon certaines sources concordantes, elle a fait l’objet d’un dénombrement de 102 morts et d’un recensement de 2’600 cas de morbidité avérée. La précédente manifestation bactérienne à gram négatif de la bacille virgule (Vibrio cholerae) avait déjà occasionné 66 décès confirmés entre janvier et août 2020.
Prophylaxie et mesures structurelles
La prophylaxie anticholérique englobe un ensemble d’actions préventives en matière de pratiques alimentaires, d’accès à l’eau potable et d’assainissement des égouts, susceptibles d’empêcher l’apparition de la maladie et sa propagation épidémique.
Il existe, en outre, des vaccins administrables par voie orale, présentant des performances immunologiques non négligeables, notamment le vaccin monovalent O1, efficace de 85 à 90% pendant six mois, et les vaccins bivalents O1 et O139, induisant une protection attestée de 65% à 70% durant cinq ans.
En somme, les vaccins anticholériques sont de nature à constituer des inputs contributifs du système de santé communautaire, mais ils ne sauraient se substituer aux nécessaires mesures structurelles à long terme d’éducation sanitaire, d’hygiène générale et d’amélioration des infrastructures publiques à usage collectif.
Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne