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Billet de blog 27 janvier 2021

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BLAGUES DE MAUVAIS GOÛT À LA COVID-19

Dans des circonstances alarmantes d’épidémie vertigineuse, des supputations mensongères vont allègrement à une allure étouffante, inondent régulièrement la toile internet d’immondices invraisemblables et finissent progressivement par réveiller les doctrines les plus sceptiques sur les facultés discursives de l’esprit.

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Dans ce contexte contrarié par l’absence de thérapies crédibles, des mutants d'échappement immunitaire sont venus alourdir la contagiosité du coronavirus impénitent. Ils se reproduisent plus que jamais de manière prolifique, imposant une riposte par des moyens croissants de vaccination et de dépistage. Aussi les tests agréés sont-ils décisifs dans la prévention engagée contre le SARS-CoV-2.

Badinages répétitifs

Pendant ce temps brumeux des malheurs dépourvues d’accalmie, des vidéographies virales abondent sur les réseaux sociaux. Certaines semblent cocasses, mais d'autres poussent le bouchon un peu loin au risque de devenir néfastes aux politiques de santé publique. C’est notamment le cas des badinages répétitifs qui monopolisent l’attention médiatique sur les tests antigéniques.

En réalité, un test antigénique permet de savoir diligemment si une personne est contaminée à la terrible Covid-19. Il s'effectue invariablement aujourd’hui par un prélèvement de matière à l’aide d’un écouvillon introduit dans les narines jusqu’au nasopharynx, réputé favorable à la détection d’une présence d'antigènes.

À l’inverse du test d’amplification des acides nucléiques (PCR), qui réagit au code génétique du virus (ARN), et du test sérologique, qui s’intéresse aux immunoglobulines G (IgG), le test antigénique est plutôt focalisé sur les protéines structurelles du fastidieux micro-organisme pathogène (protéine Spike, protéine de la nucléocapside).

Dans une étude du Centre Unisanté de Lausanne, réalisée en octobre 2020 sur 380 personnes présentant des symptômes de la COVID-19, la comparaison du test PCR et du test antigénique révèle respectivement 26% et 22% de cas positifs. L'écart global de sensibilité entre les deux tests ne semble donc pas excessif.

Traque d'antigènes

La technique immuno-chromatographique courante repose sur la traque d'antigènes dans l’échantillon de la matière analysée. Si cette technique éprouvée n’est pas rigoureusement appliquée à partir d’un prélèvement nasopharyngé, en respectant les conditions précises du test (frottis, potentiel hydrogène, température, etc.), les résultats obtenus ne prouvent absolument rien !

Par surcroît, l’acidité des denrées alimentaires, à l'instar du Coca-Cola utilisé pour démontrer l’inefficacité du test antigénique sur les réseaux sociaux, abîme le matériel de dépistage. Quelle sorte de colle graillonnante voudrait-on alors remuer dans la reconnaissance des épitopes d’antigènes par les paratopes d’anticorps ?

La pertinence de telles balourdises ne saurait guère convaincre les observateurs avisés, en raison non seulement des galéjades qu'elles représentent, mais également des nombreux biais de confusion des phénomènes observés, de sélection des échantillons considérés et d'investigation des facteurs d'exposition mesurés.  

En retrait par rapport à toute blague complotiste de mauvais goût, faudrait-il conclure que ces examens rapides seraient à 100% incontestables ? Nullement. Il peut y avoir occurrence marginale de faux négatifs ou de faux positifs, mais le prélèvement nasopharyngé doit être irréprochable pour poser un diagnostic fiable !

Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste 
Lausanne

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