Alors que la planète bleue connaît dorénavant une période de dégradation accentuée de l’environnement économique, le dollar des États-Unis d’Amérique renforce, de fil en aiguille, sa valeur d’actif-refuge. Or, un billet vert qui prend significativement de la hauteur, est souvent nuisible à une partie essentielle du commerce international.
Situation des pays africains
La situation des pays africains est sans doute l’une des plus fragiles et préoccupantes. Au cours de la dernière décennie, les « monnaies souveraines » y ont été les moins performantes, entraînant par ricochet une augmentation sensible des coûts d’importation et une pression inflationniste manifeste dans ces économies anémiques et souffreteuses.
Selon le média multi-support Financial Afrik, la majorité de la quarantaine de monnaies, au Nord et au Sud du Sahara, présente une dépréciation de 49% à presque 100% par rapport au dollar américain. Deux d’entre elles ont formellement cours en Afrique francophone : le franc de la République démocratique du Congo et l’ariary de Madagascar.
Le franc CFA, émis respectivement par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et par la Banque des États de l’Afrique centrale, est en vigueur dans 12 pays francophones, un pays hispanophone et un pays lusophone. Hérités de la colonisation française, ces deux moyens d’échange communautaire figurent parmi les monnaies les moins instables du continent, en raison de leur parité fixe avec l’euro.
Phénomène mondial
Toutefois, l’affaiblissement de la devise européenne par rapport au dollar américain et au franc suisse, observé ces derniers temps sur les marchés financiers, risque d’affecter également les économies vulnérables des 14 États qui utilisent le franc de la Communauté financière africaine.
Sachant que la volatilité est relativement un phénomème mondial, les pays africains ne sont pas les seuls touchés par la tourmente monétaire. En effet, la livre sterling du Royaume-Uni et de la Couronne britannique a récemment connu sa plus faible valeur par rapport au dollar depuis 1985, et le yen de l’Empire du Soleil levant son plus bas niveau depuis 1998.
Enfin, le ralentissement de la croissance des affaires dans l’Empire du Milieu et dans d’autres « grandes économies » devrait probablement se prolonger dans un avenir prévisible. La demande internationale en biens et services commercialisables deviendrait alors moins soutenue, et la gestion des risques de change encourus encore plus délicate.
Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne