Médicament le plus indiqué en pharmacie et considéré comme le moins douteux des antalgiques, l’acétaminophène fut découvert en 1878 par Harmon Northrop Morse, mais ne sera distribué sous la dénomination de paracétamol qu’autour de 1930. Il est prescrit pour le traitement symptomatique des douleurs et des fièvres plus ou moins aiguës, en agissant essentiellement au niveau du système nerveux central.
Conséquences défavorables
En général, l’administration des doses thérapeutiques normalisées du paracétamol présente peu de dangers. Dépourvu de propriétés anti-inflammatoires, il est mieux toléré que l’aspirine et l’ibuprofène dont l’efficacité antipyrétique est relativement identique. Des conséquences défavorables, causées par une toxicité indéniable, ont cependant été observées sur le foie et les reins, à la suite de surdosages caractérisés ou de prises durables du médicament par certains patients dépendants.
Par ailleurs, depuis une dizaine d’années environ, il semble de plus en plus admis dans la littérature épidémiologique que l'absorption du paracétamol pendant la grossesse est associée à des risques de troubles d’inattention, d’audition, d’hyperactivité et d’autisme chez l’enfant à naître. En d’autres termes, une forte exposition prénatale à l’analgésique paraît préjudiciable au développement neurologique de la petite enfance.
Dans la même veine, une étude de l’Université de Copenhague, menée sur des souris en état de gestation et publiée le 30 mai 2017 dans la revue scientifique Reproduction, montre que les rongeurs dont la mère avait absorbé la molécule synthétique « présentaient durant l’accouplement moins de pénétrations et d’éjaculations que les mâles non exposés in utero ». Autrement dit, la programmation masculine des souriceaux dans chaque portée de la souris femelle n’était pas entièrement achevée.
Attente de validations élargies
En appliquant le modèle expérimental aux bébés de sexe masculin, la substance active serait de nature à inhiber le comportement du fœtus, à atténuer la libido à l’âge adulte et à réduire la production de testostérone par les testicules (via la stimulation hypothalamo-hypophysaire). Elle favoriserait, de surcroît, une attitude manifestement passive.
Les conclusions de l’étude danoise précitée n’excluent pas non plus les effets secondaires sur la « féminité masculine », le déficit de neurones dans le noyau sexuellement dimorphe du cerveau et la perturbation de la fertilité à long terme des bébés de « sexe faible ». Il en résulte une mise en garde contre les remèdes à base de paracétamol (Dafalgan, Doliprane, Efferalgan, Mylan, Panadol, Perdolan, Tremadol…) pendant la gravidité.
Toutefois, les résultats obtenus jusqu’ici sur les effets indésirables de cet analgésique répandu, gagneraient à être confirmés par des recherches complémentaires. Dans l’attente de validations élargies à d’autres travaux scientifiques, il y a lieu de se rappeler chaque fois qu’aucun médicament ne doit être pris à la légère, en particulier durant la grossesse.
Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne