Longtemps d’usage plutôt confidentiel, un mot fait fureur actuellement dans de nombreux milieux, textes et discours : celui d’« opportunités ».
Il est devenu crucial de savoir « saisir les opportunités », mais jamais de « créer des opportunités ».
En d’autres termes, il faut être attentif, sinon aux aguets, pour ne pas laisser passer une possibilité offerte par la société, la nature, l’actualité, et intervenir alors, mais seulement alors, pour modifier la réalité ou atteindre des buts.
Ce langage est celui de la passivité, de l’attente, de la dépendance, de l’impuissance, de l’échec, de la défaite.
On le retrouve dans d’autres modes langagières actuelles, comme celle de l’emploi à tout bout de champ, et souvent hors-propos, du terme de « résilience ».
Il reflète remarquablement bien l’époque pathétique que nous vivons, où les hommes s’en remettent au destin, aux gourous, aux devins, aux chefs, aux « Césars et tribuns », aux dictateurs, aux tyrans, au lieu de prendre collectivement leur destin en main.
J’ignore d’où cette mode, devenue frénétique mais encore quasi-invisible, provient, mais je crois qu’il est sain d’attirer l’attention sur sa stupidité et sa nocivité dès qu’on la décèle...
Alain Dubois
5 juillet 2025