Alain_Dubois

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Billet de blog 15 novembre 2025

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Connaissez-vous Albert Iinstiin?

La nouvelle mode consistant à prononcer en français « -iine » la syllabe « ein », dans des mots importés de langues diverses, comme « Shein », n’a aucune justification. S’il fallait la suivre, il faudrait l’appliquer à bien d’autres mots d’origine germanique ou anglo-saxonne, comme le nom d’Albert Einstein.

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Qui a parlé de défense de la langue française ? Certainement pas les distributeurs de films qui de plus en plus maintiennent leurs titres originaux sans les traduire, les marchands d’écrans qui affichent la valeur de leur diagonale en pouces, les concessionnaires automobiles qui vendent des SUV (Sport Utility Vehicles), les sites internet qui font la promotion de leurs black fridays, les journalistes qui s’extasient devant les first ladies, etc. : chacun pourra ajouter des dizaines d’autres exemples.

 Cette lourde tendance à suivre une mode « internationale » (en fait anglo-saxonne, et généralement même nord-américaine) affecte non seulement les mots eux-mêmes, mais encore leur prononciation. Le cas du mot « Shein », qui défraie la chronique actuellement, est exemplaire à cet égard : sous prétexte que ce mot serait dérivé de la formule « she inside », nos communicants s’estime justifiés à le prononcer « shiine », comme ils prononcent « Epstiine » pour désigner un triste personnage public américain impliqué dans des affaires récentes d’exploitation sexuelle qui embarrassent beaucoup le président américain. Mais en français on ne prononce pas les mots selon leur origine, sinon il faudrait prononcer le J de tous les mots d’origine espagnole comme une jota (d’origine arabe), ou ne pas prononcer la lettre Ğ dans les noms d’origine turque (comme yatagan). En français, les syllabes comportant les trois lettres « ein » peuvent se prononcer « in » dans les noms communs comme « peindre » ou « teindre », ou « éïne » dans les noms propres comme « Einstein », « Holbein » ou « Steinbeck ». Si l’on prononce « shiine » ou « Epstiine », il faudrait alors prononcer « Iinstiine » ou « Stiinbeck ».

 Il est vrai que le ridicule n’a jamais tué, fort heureusement, mais aujourd’hui c’est peut-être dommage, en notre époque de surpopulation mondiale, facteur crucial de la crise de la biosphère.

Alain Dubois

15 novembre 2025

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