Alain_Dubois

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Billet de blog 27 octobre 2023

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Acapulco, miroir du futur

La catastrophe d’Acapulco nous donne une image, ou une répétition générale, de catastrophes diverses mais de plus en plus graves qui vont se multiplier dans les années à venir dans le monde entier. La seule réponse à la hauteur ne peut être que la destruction mondiale du capitalisme.

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Les images d’Acapulco après le passage de l’ouragan Otis sont prémonitoires de ce que l’humanité va subir de plus en plus et sur toute la planète dans les années et décennies à venir. Bâtiments effondrés, routes et voies ferrées coupées, ports et aéroports inutilisables, interruption des réseaux fournissant nourriture, eau, électricité, gaz, communications, impossibilité de secourir les blessés, hôpitaux dévastés, et ce qui va inévitablement suivre, épidémies, pillages, banditisme, combats…

 La chose n’est pas nouvelle. C’est peut-être avec l’ouragan Katrina, en Louisiane et en Floride en 2005, qu’a commencé la prise de conscience que de telles méga-catastrophes sont dues non pas à des phénomènes naturels (comme les éruptions volcaniques, les séismes ou les tsunamis), ou même à des accidents d’origine humaine (comme les marées noires ou les accidents nucléaires), mais à des perturbations profondes et graves du fonctionnement de la biosphère, causées, aggravées ou multipliées par l’utilisation même des nouvelles technologies développées à partir de la moitié du 20e siècle et l’augmentation exponentielle des agressions multiformes à l’environnement liées aux profondes modifications de l’agriculture, de l’élevage, des transports, etc., qui les ont accompagnées. Ces nouvelles catastrophes sont très diverses et ont des causes directes différentes, mais traduisent toutes la révolution, lors des 80 dernières années, des rapports entre l’humanité et les écosystèmes dont elle fait partie. La liste en est déjà longue (tempêtes, ouragans, typhons, sécheresses, inondations, canicules et vagues de froid, incendies géants, glissements de terrain, etc.) mais elle va continuer à s’élargir avec la fonte accélérée des glaciers continentaux et insulaires, les changements de courants océaniques, les destructions de nappes phréatiques, etc. Ce sont des milliers de catastrophes de ce type mais à des échelles diverses, qui vont se multiplier sur toutes les terres émergées du globe, et peu à peu se combiner, démultipliant ainsi leurs effets.

 Face à cette perspective inéluctable, il n’est pas un État, pas un gouvernement, qui soit à la hauteur, ou même au centième de la hauteur de ce qu’exigerait la situation si leur but était vraiment d’empêcher l’effondrement de la population et de la civilisation humaine. Les médias passent sans broncher du SIRINEFA (si rien n’est fait) aux résultats sportifs ou aux derniers avatars de la société du spectacle, et toutes les organisations politiques et syndicales sans exception se montrent incapables d’engager un combat mondial massif contre le capitalisme, responsable de cette course à l’abîme.

 Naomi Klein s’était appuyée sur l’expérience de l’ouragan Katrina pour développer sa réflexion sur la « théorie du chaos » qui a gardé toute sa pertinence. Ne nous y trompons pas, en effet, jusqu’au dernier moment, avant l’effondrement irréversible, les capitalistes continueront à utiliser les premiers stades de la catastrophe mondiale pour augmenter leur plus-value. C’est pourquoi la bataille pour la destruction du capitalisme est et sera la mère de toutes les batailles. Dans la situation d’extrême urgence actuelle, tous les combats qui ne se situent pas dans cette perspective sont amputés d’une dimension fondamentale et sont d’une certaine manière des diversions inutiles et parfois nuisibles.

Alain Dubois

27 octobre 2023

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