Réponse a) Pour protéger les enseignants?
Les enseignants doivent être protégés par des masques à haute capacité de filtration ou des masques FFP2. Associés à un lavage des mains réguliers, cela leur assure une très grande protection vis à vis du virus.
Réponse b) Pour protéger les enfants?
Alors que pour la grippe, les enfants font partie des personnes à risque1 et qu'on ne prend pas des mesures aussi contraignantes, les cas graves de Covid sont très rares chez les enfants2.
Réponse c) Pour protéger leurs parents?
C'est aux adultes de faire en sorte que le quotidien des enfants soit le moins impacté possible par la difficile période que nous traversons, et qu'ils ne portent pas de trop lourdes responsabilités pour leur jeune âge. La majorité des parents ne présentant pas de comorbidités (obésité morbide, diabète non équilibré, maladies cardiovasculaires, complexes ou rares, cancer, immunodépression), des mesures ciblées auraient éventuellement pu être mises en place.
De plus, nombreux chercheurs, comme l'épidémiologiste Marius Gibert, indiquent que la contamination de l'enfant à l'adulte est faible.
Remarquons également que les écoles maternelles et les crèches sont ouvertes et les enfants n'y portent pas de masques (heureusement et cela est déconseillé par l'OMS).
Réponse d) Faire participer les enfants à l'effort de "guerre" contre le virus, même si la problématique principale de l'épidémie réside dans l'occupation des lits en réanimation, dont le nombre a été réduit par les gouvernements successifs? Réconforter la peur des adultes et se donner l'impression que l'on est dans la maitrise alors que , de l'aveu même des professionnels de santé ayant appelé à cette mesure, il n'y a aucune preuve que le port du masque par les enfants soit efficace? La majorité des études scientifiques réalisées sur des groupes d'enfants montre qu'il n'a pas eu d'effets bénéfiques3 .
L'OMS recommande de prendre la décision du port du masque pour les enfants au regard de ses "incidences potentielles sur l'apprentissage et le développement psychosocial" 4. Hors il semble que la balance bénéfice / risque n'a pas été prise en compte. De nombreux professionnels de santé (psychologues, médecins, pédiatres…) prennent la parole publiquement pour dénoncer les effets délétères du port du masque: entrave à la communication spontanée susceptible de laisser des traces sur le long terme, fragilisation du lien aux autres, développement de l'anxiété… Ils affirment également l'importance d'une bonne oxygénation pour le cerveau des enfants, en plein développement. Du côté des enseignants, les conditions de travail sont dégradées car le masque porté par les enfants rend plus difficile la relation ainsi que certains apprentissages et renforce l'agitation des élèves qui doivent compenser pour inhiber des comportements (ne pas toucher à son masque ou le retirer).
L'OMS écrit également : "Les enfants ne devraient pas porter de masque lorsqu'ils font du sport ou pratiquent une activité physique, comme courir, sauter ou jouer sur un terrain de jeu, afin que cela ne gêne pas leur respiration"...autrement dit en récréation. Alors que les élèves sont tenus de porter leurs masques en récréation, force est de constater que la mesure ne respecte même pas les recommandations de l'OMS !
Comment a t-on pu arriver à prendre une telle décision, dans la précipitation? Il semble que des syndicats enseignants, notamment le SNUIPP FSU aient appelé officiellement à la mesure (pourtant les adhérents sont très divisés sur le sujet). Mais elle faisait partie d'un ensemble de revendications pour lesquelles des moyens supplémentaires étaient nécessaires, comme le dédoublement des classes. Le gouvernement a finalement adopté la seule mesure qui ne lui coutait rien, car, en plus, les masques sont financés par les familles!
De son côté, le syndicat Sud Education est moins favorable au masque dès 6 ans et met en garde contre les effets négatifs. Un collectif nommé "Enseignants ignorants" vient de se créer en opposition à la mesure et publie cette lettre :Lettre aux syndicats enseignants sur le protocole sanitaire à l'école | Framaforms.org
Nous pouvons regretter aussi le manque de propositions de l'Education Nationale pour faire en sorte que les enfants traversent la période le moins difficilement possible. Ainsi, comme l'écrit Valérie Châtain, art-thérapeute dans le club médiapart, il serait souhaitable de favoriser le jeu, l'expression artistique ou encore l'enseignement en plein-air. Egalement, la parole de l'enfant doit particulièrement être écoutée et favorisée.
Mais il semble pour l'instant que l'enfant soit surtout considéré au travers de chiffres de contagiosité ou de nombre de postillons5...
1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe
2 - L'importance de la contagiosité des enfants est discuté, mais les scientifiques s'accordent sur ce point.
https://www.sfpediatrie.com/actualites/coronavirus-covid-19
3- https://www.publichealthontario.ca/-/media/documents/ncov/covid-wwksf/what-we-know-public-masks-apr-7-2020.pdf?la=fr
4- https://www.who.int/fr/news-room/q-a-detail/q-a-children-and-masks-related-to-covid-19#:~:text=L'OMS%20et%20l'UNICEF%20recommandent%20le%20port%20du%20masque,g%C3%A9n%C3%A9ralis%C3%A9e%20dans%20la%20zone%20concern%C3%A9e.
5- Du nom du collectif "Stop postillons" se félicitant actuellement d'avoir appelé au port du masque pour les enfants