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Billet de blog 13 février 2018

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Auto-psy d'un connard moyen, moi même. Ou comment j'ai mis les pieds chez Cogito'z!

Après la lettre ouverte, sur la miviludes et Cogito'z... Il me semblait utile de situer mon propos. Cet article, plus personnel, évoque la façon dont j'ai vécu cette "rencontre" avec la structure Cogito'z. J'essaie également de donner quelques biais de compréhension de ma personnalité, ainsi que des événements, des fois que ça intéresse quelqu'un...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme il m'est arrivé de lire des réactions spsychologisantes, après lecture de mes mots, en particulier après lecture de mon article en forme de lettre ouverte pour la miviludes, concernant Cogito'z... J'ai décidé de faire ma part, en amenant un peu d'eau au moulin... Raconter plutôt comment j'ai vécu le passage chez eux, après m'être limité à une description plus factuelle, dans la lettre. J'ai suivi le parcours zèbre lyonnais, puis sur Avignon, complet... L'intégrale, si si! Ha non, je connais pas Mr Revol.

Dépressif, post toxico, aujourd'hui à l'AAH, j'ai été touché par mes premières lectures Facchinesques, autour de 2006-2008. Alors au fil des méandres dépressifs, je suis allé à Psyrène (un centre de Lyon, aux tarifs tout à fait adapté à leurs public de cadres sup...). Un peu trop creux, à mon goût, alors que j'y suis tout de même allé trois fois. J'ai donc voulu aller à la source, Cogito'z Avignon... La terre sainte, lieu de naissance de la zébritude, ou autres zèbreries.

Après un second bilan (indispensable d'après eux, le premier avait 16 ans, périmé), mais pas trop cher (voyez vous mêmes), la séance de restitution à donné lieu à un retour tellement simpliste que je me suis déjà senti lésé... Puis j'ai reçu déferlement de mails et de liens de conseils de la sainte "Jeanne", celle qu'a vu l'homme qu'a vu l'ours... Ses conseils, avant tout, un zèbre devrait apprendre à mieux vivre ses émotions, donc apprendre à méditer.

Dans mon entourage, j'ai cotoyé des méditants... Ce qui me rebute, généralement, avant tout, ce sont les croyances. Mais on m'explique à Cogito'z qu'en fait, là, c'est laïque. Que c'est un travail sur les sensations et les émotions. On me fait une liste impressionnante d'allégations thérapeutiques... Il faut que je trouve une solution pour avancer, alors je me laisse convaincre, j'y vais. Je raque, il faut un budget, mais les tarifs n'étant pas affichés sur leur site (celui d'Alain donc, cette fois, vous pouvez les télécharger ici, les tarifs ont un peu baissés en 4 ans), puis je me pointe. Vous remarquerez également que si ces activités sont administrativement séparées, pour raisons comptables j'imagine, l'adresse de contact est: méditez@cogitoz.com... Histoire de rassurer tout le monde sur le sérieux de la démarche.

Je me retrouve alors avec une bande de cadres supérieurs, majoritairement post burnout, barrés "spirituel", qui cherchent le bonheur a l'intérieur. Certain-e-s se reconvertissent en coach... Tout en vénérant la vie de saint Alain. Ben merde, je croyais que c'était laïque, j'avais pas compris qu'on dressait une statue à celui qu'a vu la vierge, il y a dix ans, dans un monastère boudiste... En Inde.

Re merde alors, le bonheur à l'intérieur, je connais aussi déjà... En fait, j'aurais plutôt des gros soucis avec l'extérieur, moi! Je suis les séances (j'ai déjà payé, forcément), avec le loisir occasionnel de leur chier sur les mocassins, lorsque mes questionnements sont rejetés et éludés, avec compassion. Cogito'z me reçois enfin, une fois le cycle de médiation terminé, pour une séance "psychologique"... Chouette !... Pour m'expliquer qu'en fait, je ne corresponds pas au profil. Je suis bien zèbre, ça c'est sûr, mais finalement, j'ai trop de problèmes... Puis tout le monde sait bien que: "le travail psychologique, ça marche pas avec les zèbres adultes" (sic)...

Hé bin... Re re merde alors ! J'ai essentiellement fait tout ça en voyant que c'est marqué sur votre porte que vous travaillez la psycho avec les zèbres... À l'époque, c'était marqué: "membre de l'association européenne de psychothérapie integrative", sur la porte (je n'y suis pas retourné, dernièrement). Et sur leur site internet, il y a des phrases du genre: "Aujourd’hui nous avons ouvert notre expertise. Cogito’Z est devenu un centre psychologique destiné à tous ceux, qui pour de multiples raisons, connaissent des difficultés de développement de soi." (sic). Alors bêtement, moi, j'avais cru que, si le travail psychologique ne marchait pas, avec les zèbres, vous auriez fermé boutique... Non ? Vous n'êtes pas des escrocs... Ça se saurait ! M'Voyez ?

Bon, en fait je me casse, après cette première et donc dernière "consultation psychologique", comme j'étais venu... Enfin non, quelques centaines d'euros plus léger, en fait. Je me suis accroché à l'idée que j'étais "chez les meilleurs", tout du long !... Comme un connard que je suis. Je suis passé outre tout ce qui me dérangeais, sans exception, puisque c'était les meilleurs. Ça fait chier, d'être un connard, régulièrement, depuis 35 ans... Non seulement ça coûte cher, mais en plus ça fait mal à l'estime de soi ! Surtout du fait qu'on trouve toujours quelqu'un pour vous prendre pour un connard, de fait, quand on l'est...

La dernière fois, niveau psychologique (car cette dimension connardistique ne se limite pas au travail psy), c'était en 2004, avec un connard psychanaliste freudo-laccannien, hyper réputé, Lyon presqu'île, à 90 € la séance... Heureusement non remboursée ! J'avais mis deux ans à lui claquer la porte au nez ! Accessoirement, ça à coûté aussi aux personnes environnantes: huit ans de "service national d'éducateur"... Alors bon, je sais, c'est pas comme ça que ça s'appelle, mais c'est un peu comme ça que je le voyais, donc que je l'ai vécu. Huit années à côtoyer des professionnels, perdus par des conditions de travail déplorables, tout en brassant allègrement des concepts psychanalytiques vaseux (en plus d'êtres incompris), en se demandant si tout ça a du sens.

C'est un critère d'embauche, de savoir se demander si ça à du sens, pour les éducateurs... Avec aussi, accessoirement, la capacité de n'y répondre que par une analyse psychanalytique et individuelle des situations. La pensée systémique, analytique pour le coup, dans un système en cours de restructuration par la rentabilité, c'est gênant. Ça lève des lièvres du genre "pourquoi on fait ce qu'on fait ?", qui peuvent même remettre en question ce que l'on fait, ce que l'on fait "vraiment"... Mieux vaut se concentrer sur comment on le fait, ça engendre moins de remous. Il faut avoir la foi dans le service qu'on mène pour le bien de tous, sinon, si on questionne le fond, les paradoxes de l'exercice, on devient dingue.

Peut-être que je m'en souviendrai, à la longue, quand ça va mal... Ceux qui vendent leur services, surtout s'ils les vendent particulièrement cher, n'ont pas forcément intéret à ce qu'on aille mieux. Il est même potentiellement peu probable qu'ils aient une quelconque idée de comment procéder... De comment y aider, quoi, à aller mieux, pour avoir si bien réussi. On peut pas être bon en tout... Alors que le fait d'aider quelqu'un à aller mieux est exclu des méthodes psychanalytiques, ainsi que chez Cogito'z, apparemment.

Trouver des brebis prètes à payer cher pour se lamenter, en acceptant leur triste sort, tout en venant au moins une fois par mois, c'est bcp plus rentable... C'est sûrement plutôt comme ça qu'on "réussit". Et puis on est sûr qu'ils ou elles reviennent, si on les aide pas... Il est pas périssable, leur triste sort!... Enfin pas à court terme, quoi, on a bien tous et toutes une date de péremption, mais qui permet généralement quand même un peu de se projeter... En terme de business plan.

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