Mélenchon récidive et accuse la tradition juive d’être responsable du racisme de Zemmour.
Interrogé le 28 octobre sur BFM après les propos du grand rabbin de France, qui avait assuré que Zemmour était "antisémite certainement, raciste évidemment", Jean-Luc Mélenchon a récidivé en tenant à nouveau des propos offensants et méprisants envers les Juifs et la lutte contre l’antisémitisme, il a déclaré ( lien ci-dessous) :
"Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu’il reproduit beaucoup de scénarios culturels : on ne change rien à la tradition, la créolisation, mon dieu, quelle horreur... Tout ça ce sont des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme. Ça a ses mérites, ça lui a permis de survivre dans l’Histoire. Donc moi je ne crois pas qu’il soit antisémite, enfin je ne sais pas, parce que véritablement ce n’est pas vraiment mon problème s’il est antisémite, il sera condamné. Il est raciste, ça c’est sûr, il a été condamné pour ça".
Selon cette déclaration, il faudrait attendre une éventuelle condamnation par la justice pour constater l’évidence, alors que Zemmour multiplie les diatribes antisémites : suspicion quant à l’innocence du capitaine Dreyfus, réhabilitation de Pétain « sauveteur de Juifs » défense de l’attitude de Papon pendant l’Occupation et dénonciation de son procès ; critique de la loi Pleven de 1972, qui pénalise racisme et antisémitisme et de la loi Gayssot contre le négationnisme de la Shoah ; rejet du discours du Vel d’Hiv de Jacques Chirac reconnaissant en 1995 la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, attaque contre les familles Sandler et Monsonego, victimes de la tuerie antisémite de Merah à Toulouse.
Surtout Mélenchon choisit d‘attribuer les positions racistes et antisémites de Zemmour à des traditions « beaucoup liées au judaïsme ». Ce sont donc les Juifs qui seraient responsables de l’antisémitisme qui les frappe et de la campagne de haine de Zemmour. Et il ajoute avec légèreté et cynisme « parce que véritablement ce n’est pas vraiment mon problème s’il est antisémite ».
Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et Tous les Racismes ( RAAR) condamne fermement ce nouveau dérapage concernant les Juifs, venant de la part d’un candidat de gauche à la Présidentielle, ainsi que les attaques portées par l’appareil de la LFI à l’encontre de ceux et celles qui protestent contre ces propos.
Plusieurs fois ces dernières années Mélenchon a tenu des propos qui ne peuvent qu’aider à la diffusion de l’antisémitisme, notamment en juin dernier sur la tuerie antisémite de Toulouse en 2012. Il déclarait alors :
« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Cela a été Merah en 2012. Cela a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Elysées. »
Donc, selon lui, l’assassinat de trois enfants juifs à l’école Ozar Hatorah en 2012 par Merah était « écrit d’avance » au titre d’une manipulation électorale. Il niait ainsi la gravité de l’assassinat, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, d’enfants tués parce que Juifs. En 2019 il déclarait qu’il fallait refuser la « génuflexion » devant les « oukases » du CRIF en lien avec la défaite du Labour et de Jeremy Corbyn lors des élections britanniques. En juillet 2020, il disait que Jésus avait été mis sur la croix « par ses propres compatriotes », reprenant ainsi un des plus vieux poncifs antisémites.
Cette dérive récidivante est inacceptable.
Le poison antisémite ne doit pas gangréner la gauche. Au contraire le combat pour l’émancipation sociale passe depuis toujours par la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
C’est pourquoi le RAAR appelle à rejeter les propos de Mélenchon et continuera à intervenir publiquement contre les attaques de ce genre, d’où qu’elles proviennent.
Déclarations de Jean-Luc Mélenchon
Communiqué du RAAR le 7 juin 2021 après de précédentes déclarations de Mélenchon https://www.facebook.com/RAAR2021/posts/251973660062057
« Halte au complotisme et à la relativisation des actes antisémites. Mélenchon doit retirer ses propos et s’excuser.
Communiqué du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR)
Jean-Luc Mélenchon a déclaré dimanche 6 juin sur France Inter :
« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Cela a été Merah en 2012. Cela a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Elysées. Avant, on avait eu Papy Voise dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance. Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau. Nous aurons l’événement gravissime qui va, une fois de plus, permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. Voilà, c’est bateau tout ça. »
Donc, selon lui, l’assassinat de trois enfants juifs à l’école Ozar Hatorah ainsi que des militaires en 2012 par Merah était « écrit d’avance ».
Il fait la comparaison avec le fait divers de 2002 (Papy Voise), qui n’a rien à voir.
Au-delà du complotisme évident, c’est une sous-estimation totale de la gravité de l’assassinat, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, d’enfants tués parce que Juifs.
Ce n’est pas le premier dérapage de Jean-Luc Mélenchon dans ce domaine.
En 2019 il déclarait qu’il fallait refuser la « génuflexion » devant les « oukases » du CRIF.
En juillet 2020, il disait que Jésus avait été mis sur la croix « par ses propres compatriotes », reprenant ainsi le plus vieux poncif antisémite.
Le RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) exige solennellement de Jean-Luc Mélenchon qu’il retire ses propos, s’en excuse et déclare explicitement qu’il ne considère pas les crimes de Merah comme une action inspirée par on ne sait quel complot, mais comme un attentat antisémite.
Le 7 juin 2021 raar@riseup.net
Les membres du RAAR mènent un combat permanent contre Zemmour mais aussi le RN, comme en témoigne la tribune publiée dans Mediapart le 3 Novembre https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/031121/nous-devons-combattre-la-propagande-antisemite-de-zemmour
Nous devons combattre la propagande antisémite de Zemmour
- 3 nov. 2021
- Par Les invités de Mediapart
Rappelant l'historique des propos antisémites d'Eric Zemmour et ses antécédents dans l' « occultation de l’horreur génocidaire », des membres du RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) appellent « à une mobilisation contre la propagande raciste et antisémite de Zemmour et du Rassemblement national ».
Le patronyme de Zemmour ne nous intéresse pas, contrairement à Jean-Marie le Pen, qui lance, goguenard : « La seule différence entre Éric et moi, c'est qu'il est juif, Il est difficile de le qualifier de nazi ou de fasciste. Cela lui donne une plus grande liberté. » Zemmour est un fasciste. Depuis des années, il répand les idées de l’extrême droite, qui porte en elle le racisme et l’antisémitisme comme les nuages la pluie.
Dès 2014, dans Le suicide français, il tente de réhabiliter Vichy et Pétain, qui auraient contribué à "sauver" des Juifs français. Cette illustration de sa « préférence nationale » fut la ligne de défense de Pétain à son procès. Les historiens ont démonté ce mensonge. Mais, au-delà, demeure l’obscénité de ce débat, qui occulte l’horreur génocidaire. Car on ne peut discuter tranquillement de la « légitimité » d’envoyer à la mort des enfants et leurs parents, quelles que soient leurs origines.
Depuis, Zemmour a continué de recycler et d’amplifier les attaques antisémites de l’extrême droite : suspicion quant à l’innocence du capitaine Dreyfus, défense de l’attitude de Papon pendant l’Occupation et dénonciation de son procès ; critique de la loi Pleven de 1972, qui pénalise racisme et antisémitisme et de la loi Gayssot contre le négationnisme de la Shoah ; rejet du discours du Vel d’Hiv de Jacques Chirac, reconnaissant en 1995 la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs.
Dans son livre Destin Français (titre emprunté à l’opuscule de Doriot paru en 1943, « Le destin français »), Zemmour écrit à propos du mot « Shoah », inspiré du film de Lanzmann : « Un mot hébreu à la place d’un vocable français, pour mieux enraciner le caractère à la fois unique et juif du génocide qui devint un élément central – parfois obsessionnel – de la psyché juive, faisant des Juifs français une caste d’intouchables, et du génocide la nouvelle religion obligatoire d’un pays déchristianisé ».
Il poursuit en stigmatisant une « communauté juive » fonctionnant comme un « lobby » « sous l’égide de la finance américaine, soudée derrière un État étranger, faisant bloc pour défendre ses intérêts, et suffisamment puissante pour faire céder l’État ». Ces mots sont ceux de l’antisémitisme, quels que soient ses locuteurs.
Dans son dernier livre, Zemmour n’hésite pas à s’en prendre aux victimes de Mohammed Merah, les familles Monsonego et Sandler :
« La famille de Mohamed Merah a demandé à l’enterrer sur la terre de ses ancêtres en Algérie, on a su aussi que les enfants juifs assassinés devant l’école confessionnelle à Toulouse seraient eux enterrés en Israël. Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré. Assassins ou innocents, bourreaux ou victimes, ennemis ou amis, ils voulaient bien vivre en France, faire de la garbure en France ou autre chose, mais pour ce qui est de laisser leurs os, ils ne choisissaient surtout pas la France, étrangers avant tout, et voulant le rester par-delà la mort ». Au fond, dit Zemmour, le massacre de Toulouse implique des populations qui, « assassins ou innocents », ne sont pas de chez nous et cette affaire ne concerne pas les « vrais Français ».
L’alliance entre la haine et la « loi du marché » des médias a promu des Dieudonné, Soral, Ramadan, et Zemmour. Unis dans la haine de l’Autre. On se souvient que Zemmour soutint la « liberté d’expression » de Dieudonné contre « la gauche et ses élites politiques qui ont fait de la Shoah la religion suprême de la République »… De même qu’il envoya des mots doux à Ramadan : « J’aime nos débats francs et virils comme des matchs de foot. Amitiés. Embrassade. ». Il jeta le doute sur les accusations de viol à son encontre, considérant l’argument de « l’emprise » comme une « trouvaille des féministes pour criminaliser l’homme, bourreau éternel ».
La stigmatisation permanente et violente des musulmans, des réfugiés, des mineurs étrangers isolés, des "jeunes des banlieues", la misogynie, l’homophobie, n’ont guère refroidi ceux, nombreux à droite, qui ne lui reprochent au fond que l’outrance de sa parole.
Le « Grand Remplacement », théorisé par Renaud Camus et qui fut pour l’assassin de Christchurch un permis de tuer, constitue un thème largement partagé par la droite identitaire.
Si certains reprennent aujourd’hui le credo de « l’identité nationale » et du « refus de la repentance » pour l’esclavage et la colonisation, peut-on oublier que cet argument fut de tout temps celui de l’extrême droite ? Qu’il se déploya d’abord contre la mémoire de la Shoah, accusée de faire de l’ombre au roman national ?
La propagande de Zemmour justifie le combat du Réseau d’actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), dont l’engagement est d’affronter l’antisémitisme d’où qu’il vienne, en l’inscrivant dans la lutte contre tous les racismes.
Nous appelons à une mobilisation contre la propagande raciste et antisémite de Zemmour et du Rassemblement national. Nul ne peut esquiver ce combat fondamental."
A voir également le dossier de Memorial 98 sur les propos délétères de Mélenchon concernant l'antisémitisme: http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/12/melenchon-diffuse-le-poison-de.html