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Billet de blog 12 mai 2018

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Les médias saccagent l’information

Source : ACRIMED, Blaise Magnin, 07-05-2018 : " Manifestation du 1er mai à Paris : les médias saccagent l’information" . À chaque grande manifestation depuis deux ans maintenant, se déroule le même scénario auquel les « grands » médias d’information politique et générale participent activement sans, visiblement, se lasser.

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Illustration 1

" À chaque grande manifestation depuis deux ans maintenant, se déroule le même scénario auquel les « grands » médias d’information politique et générale participent activement sans, visiblement, se lasser. Alors que des militants vêtus et masqués de noir formant un cortège en tête de manifestation s’attaquent à des symboles du capitalisme et/ou affrontent les forces de l’ordre, les journalistes focalisent leur attention sur ces heurts et ignorent quasiment « le reste » – qui est aussi l’immense majorité – des manifestants et leurs revendications, avant que des hordes d’éditocrates hurlent leur indignation partout où ils sont invités à le faire.

Dans ce jeu de miroir, les chaînes d’« information » en continu BFMTV et CNews, furent évidemment en pointe, comme le relate Arrêt sur images : diffusion en direct des dégradations dont les images tourneront en boucle jusqu’au soir, servies par une dramatisation outrancière des « événements » par la plupart des commentateurs en plateau qui parleront de militants « armés jusqu’aux dents », de « convergence des violences », de « terrorisme urbain », ou de « prise d’otage de la démocratie », emboitant ainsi le pas aux responsables LR et FN qui se relaient pour faire part de leurs réactions martiales.

Mais cette surenchère et cette polarisation journalistiques sur quelques centaines de manifestants et les dégâts que leurs actions ont occasionnés ne furent pas le propre des chaines d’information en continu. Leurs consœurs, pourtant en principe moins avides d’images spectaculaires et moins obnubilées par la dictature du direct, tombèrent dans les mêmes travers.

Sur France 2 comme sur TF1, le sujet faisait l’ouverture des JT à 20 heures, et les trois reportages suivants lui étaient consacrés pour une durée totale de 7 min sur le service public – qui évoquait une ambiance de « guérilla urbaine » et de « chaos » – et de 10 min sur la chaîne de Bouygues (soit environ 20 % de la durée totale des éditions). Le lendemain, TF1 récidivait avec de nouveau l’ouverture du 20h et quatre sujets successifs (« Qui sont les casseurs et d’où viennent-ils ? » ; « Pouvait-on éviter ces scènes d’émeute ? » ; « Les casseurs peuvent-ils être considérés comme des terroristes ? » (sic) ; « Qui va payer les dégâts ? ») pour une durée totale de 10 min. Plus sobre mais non moins ferme, France 2 n’y consacrait qu’un seul sujet dans son édition du 2 mai : « 1er mai : quelles sanctions pour les casseurs ? ».

Au Parisien, on titre « À Paris, le 1er mai des Blacks Blocs », et on consacre un diaporama aux plus belles images des « violents incidents en marge du défilé ». Au Figaro, il ne fallait pas moins d’un éditorial intitulé « Saccages en plein Paris, l’État bafoué », pour mettre en perspective le reportage vidéo proposant une petite visite « à l’intérieur d’un McDonald’s saccagé ». Sur le site d’Europe 1 aussi, on propose une page de vidéos intitulée « Commerces saccagés à Paris : “On a l’impression qu’il y a du laisser-faire de la part de nos gouvernants” ». Même son de cloche sur francetvinfo lorsqu’il s’agit de dénoncer « un quartier de Paris mis à sac par des blacks blocs » ou lorsqu’arrive « le temps du bilan pour les lieux saccagés à Paris ». Et puisqu’il faut toujours « incarner » un sujet, que la description et les images de dégâts matériels ne pourra jamais émouvoir comme peut le faire un témoignage humain, on s’inquiète sur Sud Radio de la « reprise du travail difficile pour les commerçants du quartier d’Austerlitz », ou on relaye « le témoignage émouvant du gérant d’un commerce saccagé » recueilli à chaud par BFMTV, que l’on retrouve dans Ouest France, sur le Huffington Post ou dans Centre Presse Aveyron (région d’origine du malheureux concessionnaire…).

Ce petit échantillon de la couverture médiatique hors de toute mesure des incidents parisiens du 1er mai ne laisse pas d’étonner : même Le Monde l’affirme dans un article paru le 2 mai, le « bilan matériel et humain de la manifestation, [il] apparaît particulièrement faible avec quatre blessés légers, dont un CRS, et une trentaine de commerces dégradés dont deux incendiés. Alors que la mouvance autonome n’a jamais été aussi nombreuse dans la rue depuis deux ans, la casse a été, dans les faits, limitée » !

Un éclair de lucidité qui n’avait pas empêché le quotidien du soir de publier la veille un montage vidéo des « images des violences en tête du défilé parisien », et un article de synthèse sur la manifestation intitulé « 1er Mai : 109 personnes en garde à vue après les violences en marge du cortège parisien » abondamment illustré, là encore, de vidéos des affrontements, et qui ne disait pas un seul mot de la manifestation officielle. En ce sens, ou peut parler de complicité objective entre les médias dominants et les « casseurs ». "

Source : ACRIMED, Blaise Magnin, 07-05-2018

"Le fait divers fait diversion". La phrase est signée Pierre Bourdieu en 1996 et n'a jamais été autant d'actualité. A l'ère des tweets, de Youtube, de FaceBook la vraie difficulté semble dans la capacité à analyser les faits. On tombe dans la facilité, on extrait un passage de vidéo, une erreur sur un twett qui vont permettre de critiquer et/ou discréditer une personne ou un mouvement.

A cent contre un - Pierre Rimbert ( Monde Diplomatique ) : " J’ai eu la joie d’être attaqué, souvent assez violemment, par tous les grands journalistes français, expliquait Pierre Bourdieu en 1998 à la réalisatrice Barbro Schultz Lundestam. Parce que ces gens qui se croient des sujets n’ont pas supporté de découvrir qu’ils étaient des marionnettes (1). »

20 ans plus tard rien n'a changé sauf que ce n'est évidemment plus Pierre Bourdieu la cible des Nouveaux Chiens de garde

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