L’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron, le soir de la défaite du camp présidentiel aux élections européennes, a plongé le pays tout entier dans la sidération – une sidération d’autant plus grande que ce coup de poker risque de livrer la République à l’extrême-droite. Mais après le choc, l’effroi et la terreur qui se sont emparés de nos cœurs, il importe de ne pas baisser les bras – aujourd’hui plus que jamais.
Malgré ce contexte anxiogène (on parle même de politico-anxiété), qui dessine pour la première fois la possibilité réelle du Rassemblement National d’accéder au pouvoir, les signes encourageants se sont vite manifestés : malgré les sarcasmes de nombre de commentateurs politiques, la gauche apparaît plus que jamais unie derrière le Front Populaire, alors que la droite dite républicaine explose sous nos yeux.
Mais au-delà de cela, on assiste, dans les milieux militants comme chez les sympathisants, à un véritable regain d’énergie. Trois semaines. Trois semaines, ce n’est rien, et c’est le temps qu’il faudra tenir pour jeter toutes nos forces dans la bataille, avec l’énergie de l’espoir et l’entrain de celles et ceux qui croient en des jours meilleurs. Trois semaines pour faire mentir le sinistre paris d’un Président aux abois. Trois semaines pour transformer la stupeur paralysante en alternance motivante.
Cela n’était plus le cas depuis longtemps, mais la gauche peut renouer avec l’Histoire, car elle a une responsabilité qui l’engage et l’honore : elle doit proposer un chemin qui ne laisse ni la place à la férocité de la haine, ni à un extrême-centre qui aura tout fait pour faire de l’extrême-droite le réceptacle des peurs et des doutes. Pour cela, il faut donc non seulement proposer un chemin crédible, et le faire avec un enthousiasme débordant. Une énergie pour réduire les inégalités, stimuler la transition sociale et environnementale, proposer de nouvelles perspectives économiques et construire une société juste et soutenable.
Nous avons tous les outils pour le faire – et même si des divisions persistent sur certains sujets, l’heure n’est décemment pas aux atermoiements et aux petites phrases assassines. La responsabilité est trop grande, l’espoir trop immense, l’Histoire trop pressante. Non, le Front Populaire ne signifie pas qu’il n’y a pas de diversité interne, bien au contraire : le but est de démontrer que cette diversité peut générer une tension créatrice, capable de fédérer le meilleur pour éviter le pire.
Le moment n’est pas seulement historique pour la France, il l’est également pour l’Europe. A l’heure où le projet continental se retrouve miné par les souffrances, les frustrations, le déclassement et les ingérences étrangères, c’est peut-être par un été français que l’espoir d’une alternative pourrait renaître au sein de l’Union Européenne. C’est peut-être par un été français que pourraient se redessiner les perspectives géopolitiques, énergétiques, environnementales, sociales, culturelles et économiques.
Pour tout cela, nous devons nous engager et nous battre, en y mettant toute notre énergie communicative, tout notre enthousiasme débordant, tout notre entrain contaminant : nous devons montrer à toutes les personnes touchées par le désespoir, la colère, la misère, la souffrance et l’incertitude que nous pouvons proposer une société juste, digne, reconnaissante, équitable et durable. Il ne s’agit pas que de vains mots, mais d’actions politiques concrètes : et pour pouvoir les mettre en œuvre, il faut gagner. Pour gagner, il faut donner envie. Pour donner envie, il faut être animé par la conviction et l’enthousiasme.
Alors battons-nous, pour l’amour de cette société, pour ce qu’elle pourrait devenir, pour ce pays qui mérite enfin de sourire et d’affronter l’avenir avec détermination, sens de la justice et de l’entraide, attention aux autres, sécurité économique et alimentaire et ambition environnementale. Nous pouvons le faire ; nous devons réussir. Il n’y a plus d’autre choix.