"Nous rentrons dans l’ère des pandémies, et ce que nous propose le système c’est tout simplement de nous y habituer", ai-je lu ce matin. C'est à mon avis là qu'il aurait été bon d'en dire plus. Nous habituer, ça veut dire nous habituer aux méthodes totalitaires en cours d'homologation.
Nous habituer, ça veut dire que la prochaine fois, il ira de soi que les médecins n'auront pas leur mot à dire, que le diagnostic et le traitement ne pourra que se décider en haut lieu, c'est-à-dire dans la sphère du politique, du pouvoir.
Nous habituer, ça veut dire qu'il ne sera même plus question d'entendre parler de traitements précoces ou encore de cas par cas : chaque pandémie étant par définition planétaire, ce sera des décisions de type "planétaires" (ou au moins à l'échelle de la France voire de l'Occident) qu'il faudra se plier (tout autre type de solution sera considérée comme anachronique, bricolée, comme un repli sur soi, une gauloiserie non-scientifique).
Nous habituer, ça veut dire que seul le vaccin sera considéré comme arme "à l'échelle de la menace" : toute autre forme de possibilité ne sera même plus discutable.
Nous habituer, ça veut dire que la totalité de la presse sera encore convoquée pour s'écraser et dire la même chose que cette fois, à savoir que devant l'ampleur de la menace, il faut faire bloc, et que c'est pas le moment de discuter.
Ce qui vient de se produire pourrait bien n'être que la répétition générale de ce qui nous attend face au désastre climatique. Et là effectivement, ce sera une question de survie, là ce seront des centaines de millions de personnes qui seront concernées. Là effectivement, il faudra peut-être se colleter une information unique distillée de façon totalitaire par l'ensemble du monde.
Sauf que c'était pas la peste (voir ici), c'était pas la vague unique du réchauffement de la planète. Et le totalitarisme de ce qu'il faut penser, on a vu avec quel zèle l'ensemble de la presse l'a mis en œuvre sans broncher, avec quelle (relative) facilité les gens s'y sont pliés.
La prochaine fois, tout sera en place. On dira encore que ce n'est pas le moment de discuter, de tergiverser. On n'aura même plus besoin d'essais bidons de type Discovery ou Recovery pour prouver que toute alternative est insuffisante, non-proportionnée, puisque les gens ne penseront plus qu'au vaccin : à quel vaccin pourra bien nous tirer de là.
Quant à la discussion promise après coup, soit tout ce qu'il nous reste : elle aura lieu ou pas. Ça risque d'ailleurs d'être un peu comme le bilan du Parti Socialiste, l'arlésienne que telle ou telle autre urgence remettra sans cesse à plus tard (après la guerre, c'est à reconstruire qu'il faut penser, nous diront-ils doctement : vous verrez, ce genre de slogan, on va nous le ressortir dès l'élection présidentielle, ça doit déjà être dans les cartons).
Les guerres, maintenant qu'elles n'ont plus lieu que dans des contrées lointaines, jamais assez démocratiques ou civilisées à notre goût, on peut les inventer maintenant. "Et le confinement, c'était pas la guerre ça", qu'il diront ? Les guerres ici, on les fabrique, et elles sont calibrées à l'usage des mots et des esprits.
Quand les mots remplacent le réel dans l'univers mental des gens, il n'y a plus qu'à jouer avec. Pourquoi s'emmerder puisque ça marche ?