Extrait du discours prononcé lors de l”assemblée fédérale des délégués de l’Internationale des opposants à la guerre
L’être humain qui se laisse confisquer, priver et dépouiller de sa conscience, de sa propre conscience, cesse d’être un être humain et devient la proie de l’inhumanité ; car avec la conscience, nous perdons ce qui fait de nous des êtres humains. L’être humain sans conscience ne peut plus être qu’un monstre, car il n’est plus lui-même, mais seulement l’instrument d’autres pouvoirs auxquels il appartient et obéit. Il peut s’agir de ses propres rêves et passions, ou d’un plan et d’une volonté étrangers ; en tout cas, il n’est plus lui-même, mais autre chose, il n’est plus un être humain, mais une chose, un néant. Mais l’État qui transforme ses citoyen.ne.s en de telles nullités, en de tels instruments, creuse sa propre tombe ; car de quoi vivra-t-il, qui le maintiendra en vie, si ses citoyen.ne.s ne sont plus que des robots – éventuellement très performants – qui n’ont plus de conscience pour les troubler, les émouvoir et les guider ?
…
La guerre est une folie. Mais prétendre qu’on peut s’y préparer est également une folie ; gaspiller de l’argent, du temps et de l’énergie à cette fin ne peut avoir d’autre effet que d’habituer notre peuple à l’idée que la guerre finira par éclater un jour ou l’autre. … Qui peut vraiment garder le silence à ce sujet ? Ceux qui ont encore une conscience ne devraient-ils pas nous mettre ne garde contre une telle imposture et un tel aveuglement, et dénoncer ces dénommées « lois d’urgence » qui préparent psychologiquement à la guerre et à la destruction, les dénoncer pour ce qu’elles sont, mais également, sans cesse encore et toujours, faire appel à notre conscience ? Nous nous le devons les uns aux autres, nous le devons à nos semblables, nous le devons à l’humanité et nous le devons aussi et surtout à notre État : cela ne fait qu’éveiller et encourager la peur et la haine, peut-être même la guerre, mais certainement pas la paix, sans laquelle nous ne pouvons vivre.
--
Alfred de Zayas