FAUSSE CONSCIENCE
Dans le langage des auteurs associés à la sociologie marxiste, la fausse conscience désigne les conceptions et les idées des individus qui ne correspondent pas à leurs conditions matérielles d'existence, ou qui les contredisent directement. Ceci, outre le fait de ne pas offrir une vision fiable de la réalité, rend difficile la compréhension de la vérité.
Karl Marx – qui n'a jamais utilisé le terme de « fausse conscience » dans son œuvre – a souligné que les mécanismes idéologiques font partie intégrante du fonctionnement d'une société de classes, car ils contribuent à dissimuler à ses membres leurs « véritables » intérêts. Face à ce rôle mystificateur des formes mentales des classes dominantes (imposées comme « sens commun »), il a affirmé que « c'est l'être social qui détermine la conscience, et non la conscience qui détermine l'être social. » Par cette affirmation, Marx cherchait à exposer la relation entre les formes de vie sociales – c'est-à-dire les rapports de classe – et leurs formes mentales et culturelles – la « conscience ».
Friedrich Engels a utilisé le terme de « fausse conscience » dans une lettre de 1893 à Franz Mehring pour aborder le cas où une classe subordonnée incarne volontairement l'idéologie de la classe dominante. Engels qualifie cette conscience de « fausse » car la classe s'affirme en poursuivant des objectifs qui ne lui sont pas bénéfiques. La « conscience », dans ce contexte, reflète la capacité d'une classe à s'identifier politiquement et à affirmer sa volonté. La classe subordonnée est consciente : elle joue un rôle important dans la société et peut affirmer sa volonté car elle est suffisamment unifiée dans ses idées et ses actions.
Le phénomène de fausse conscience comme produit de l'aliénation. Si l'activité sociale des individus est aliénée (ne correspond pas à leurs besoins et à leurs désirs), alors leur conscience le sera également. La fausse conscience des salariés s'explique donc par leur existence sociale en tant que classe dominée.