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Billet de blog 3 décembre 2022

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METTRE FIN A LA DICTATURE DU GRAND CAPITAL

La suppression de l'exploitation capitaliste et de l'aliénation, condition indispensable à la libération de l'être humain. Malgré l'automatisation et la robotisation, les êtres humains sont de plus en plus aliénés psychiquement et physiquement au travail avec des horaires épuisants, quelle que soit leur hiérarchie dans le système productif.

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METTRE FIN A LA DICTATURE DU GRAND CAPITAL,

AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD.

AFIN D’ARRETER LA   CATASTROPHE MONDIALE, HUMAINE ET ENVIRONNEMENTALE, EN COURS

PREMIÈRE PARTIE

Le souci de réparer l'injustice causée par la répartition inégale des richesses au point de provoquer la faim et la misère, et de punir les responsables, existe depuis l'Antiquité. En 386 avant J.-C., il y a 2400 ans, les négociants en blé d'Athènes qui avaient acheté aux importateurs une quantité supérieure à celle autorisée afin de thésauriser des céréales ont été jugés. Lysias, plaidant devant le tribunal, demanda la peine de mort pour eux, en disant :

"Quand font-ils le plus de bénéfices ? Quand l'annonce d'une catastrophe leur permet de vendre cher ? Ils s'emparent du blé au moment où on en a le plus besoin et refusent de le vendre pour que nous ne discutions pas du prix". (Lisia, Orazioni, Frammenti, XXII (Contro i mercanti di grano), Biblioteca Universale Rizzoli ,  Bergamo, Italie, 1995, p. 225).

 Introduction  épistémologique

L'étude du fonctionnement du capitalisme, comme toute autre étude d'un phénomène social ou naturel, requiert une théorie, un instrument épistémologique ou une méthode de connaissance adéquate pour examiner les faits afin de pouvoir en abstraire les traits essentiels, les régularités, jusqu'à ce que ces multiples caractéristiques ou déterminations puissent être reconstruites en la pensée en une unité, en "la pensée concrète", comme l'appelait Marx. Il s'agit d'un processus permanent, car cette "pensée concrète" nécessite un feed back permanent par sa vérification dans la pratique. (Marx, Introduction à la critique de l'économie politique, 1857, Ch. III, La méthode).

Le cerveau humain est doté pour effectuer ces opérations (voir,  Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste, L'homme de vérité, (2002) en particulier le Ch. VII, La recherche scientifique dans la recherche de la vérité, dernier paragraphe du point 2[1] et le point 3).

Ainsi, afin de donner une cohérence dans une vision globale et objective de la société actuelle aux données disponibles et acquises dans la recherche, l’instrument d'analyse le plus approprié c’est la méthode employé par  Marx et les principales théories qu'il a élaborées ou développés pour étudier l'économie capitaliste : la valeur, le valeur d'usage et le  valeur d'échange, la concentration capitaliste, les crises, la reproduction élargie comme nécessité inhérente au système, la plus-value comme théorie de l'exploitation capitaliste, etc.

IILa suppression de l'exploitation capitaliste et de l'aliénation, condition indispensable à la libération de l'être humain.

Marx, imaginant les possibilités d'épanouissement de l'être humain dans une société où l'exploitation capitaliste ne prévaut pas, a écrit dans les Grundrisse (1857-58) que le progrès technique, les sciences appliquées et l'automatisation de la production libéreraient enfin l'être humain de la nécessité, du travail physique et du travail aliéné en général, ce qui permettrait son plein épanouissement, faisant du temps disponible (" disposable time ", dit Marx) et non du travail la mesure de la valeur. Et il ajoutait : " Libre développement des individualités et donc pas de réduction du temps de travail nécessaire en vue de la création d'un surtravail, mais en général réduction du travail nécessaire de la société à un minimum, auquel correspond alors la formation artistique, scientifique, etc. des individus grâce au temps devenu libre et aux moyens créés pour tous "[2].

 Marx a anticipé il y a 165 ans la possibilité, à un certain degré de développement des forces productives, de passer, comme mesure de la valeur, de la valeur travail à la valeur temps libre dans une société sans exploiteurs ni exploités. En d'autres termes, une société dans laquelle le travail, la vie, la santé, l'éducation, la nourriture, l'air que nous respirons, etc. cesseraient d'être une marchandise. Et le travail cesse d'être une forme d'esclavage moderne de plus en plus insupportable et humiliante.

Malgré les progrès fulgurants réalisés par la science et la technologie, même les besoins minimaux d'une grande partie de la population mondiale restent insatisfaits.

Et  malgré l'automatisation et la robotisation, les êtres humains sont de plus en plus aliénés psychiquement et physiquement au travail avec des horaires épuisants, quelle que soit leur hiérarchie dans le système productif.

Plus de personnes réagissent individuellement à cette situation et - si elles le peuvent - refusent de travailler dans de telles conditions ou, si elles travaillent, ne le font que de manière sporadique. C'est ainsi qu'apparaît le phénomène de l'offre de travail  insatisfaite. Ce que les medias appellent « la grande démission ».

En d'autres termes, la pleine réalisation de l'être humain, telle qu'elle a été préfiguré par Marx dans les Grundrisse, nécessite l'abolition du capitalisme et non son "amélioration", son rafistolage ou son déguisement par un discours libéral ou populiste. Et non plus des astuces individuelles pour travailler moins.

DEUXIÈME PARTIE

L'exploitation capitaliste (I)

Dans les premiers paragraphes du Capital (Livre premier, Section première, Chapitre I, La marchandise. Les deux facteurs de la marchandise : valeur d'usage et valeur (substance de la valeur, grandeur de la valeur)), Marx écrit :

"La richesse des sociétés dans lesquelles domine le mode de production capitaliste se présente comme une "énorme accumulation de marchandises", et la marchandise individuelle comme la forme élémentaire de cette richesse. Notre enquête commence donc par l'analyse de la marchandise. La marchandise est, en premier lieu, un objet extérieur, une chose qui, grâce à ses propriétés, satisfait des besoins humains de quelque nature que ce soit. La nature de ces besoins, qu'ils proviennent, par exemple, de l'estomac ou de l'imagination, ne change rien au problème. Il ne s'agit pas non plus ici de savoir comment cette chose satisfait le besoin humain : si elle le fait directement, comme moyen de subsistance, c'est-à-dire comme objet de jouissance, ou par un détour, comme moyen de production".

Toute chose utile, explique encore Marx, est utile en raison de ses qualités, qui lui confèrent une valeur d'usage pour un but donné. Mais comme marchandise destinée à être vendue, elle a un autre aspect : sa valeur d'échange, et le problème se pose de savoir comment mesurer cette valeur d'échange, ce qui nécessite de trouver le dénominateur commun de toutes les valeurs d'usage (objets, services) échangées - vendues- en tant que marchandises.

Ce dénominateur commun de toutes les marchandises n'est autre que le résultat du travail humain, qui peut être défini comme la dépense d'énergie physique, de la tension nerveuse et l'application par le travailleur (manuel ou intellectuel) de son habileté et de ses connaissances (et parfois aussi de son inventivité) dans l'acte de production.

Ainsi, le dénominateur commun de toutes les marchandises qui sert à établir leur valeur d'échange est le travail humain, qui produit des valeurs d'usage.

« Dans la relation même d'échange entre les marchandises, écrit Marx, leur valeur d'échange nous est apparue comme quelque chose d'entièrement indépendant de leurs valeurs d'usage. Si l'on s'abstrait alors effectivement de la valeur d'usage des produits du travail, on obtient leur valeur, comme on vient de le souligner. Ce quelque chose de commun qui se manifeste dans la relation d'échange ou dans la valeur d'échange des marchandises est donc leur valeur.

Le développement de la recherche nous conduira à nouveau à la valeur d'échange comme mode d'expression ou forme de manifestation nécessaire de la valeur, qui doit cependant être considérée indépendamment de cette forme. Une valeur d'usage ou un bien n'a donc de valeur que parce que le travail humain abstrait y est objectivé ou matérialisé. Comment, dès lors, mesurer l'ampleur de sa valeur ? Par la quantité de "substance génératrice de valeur" - par la quantité de travail - contenue dans cette valeur d'usage. La quantité de travail elle-même est mesurée par sa durée, et le temps de travail, à son tour, reconnaît sa norme de mesure dans certaines fractions temporelles, telles que l'heure, le jour, etc. Il pourrait sembler que si la valeur d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail dépensée pour la produire, plus un être humain  est paresseux ou maladroit, plus sa marchandise aura de la valeur, car il lui faudra beaucoup plus de temps pour la produire. Cependant, le travail qui génère la substance des valeurs est le travail humain indifférencié, la dépense de la force de travail humaine elle-même. L'ensemble de la force de travail de la société, représentée par les valeurs du monde marchand, agit ici comme une seule et même force de travail humaine, même si elle est composée d'innombrables forces de travail individuelles. Chacune de ces forces de travail individuelles est la même force de travail humaine que les autres, en tant qu'elle possède le caractère d'une force de travail sociale moyenne et qu'elle fonctionne comme une telle force de travail sociale moyenne, c'est-à-dire comme, dans la production d'une marchandise, elle utilise uniquement le temps de travail moyen nécessaire, ou le temps de travail socialement nécessaire. Le temps de travail socialement nécessaire est le temps requis pour produire une valeur d'usage quelconque dans les conditions normales de production qui prévalent dans une société et avec le degré social moyen d'habileté et d'intensité du travail".

L'exploitation capitaliste. Le profit (II)

Mais si, comme l'explique Marx, la seule source de la valeur des marchandises sur le marché est le travail humain, comment le profit capitaliste et l'accumulation croissante d'énormes richesses entre les mains de quelques personnes se produisent-ils ? Des personnes qui, de toute évidence, n'ont pas produit par leur propre travail - qu'il soit manuel ou intellectuel, à supposer qu'ils travaillent - l'énorme richesse qu'ils possèdent.

Pour développer cet aspect de l'analyse de Marx, nous citerons "in extenso" le livre -rigoureux et didactique- de John Eaton (Economía Política, un análisis marxista, Edición Amorrortu Buenos Aires, 1966, pages 74 à 85 [3]).

Eaton écrit : Qu'est-ce que le profit ? Les capitalistes utilisent de nombreux subterfuges pour prétendre que les montants qu'ils reçoivent à titre de profit ne sont pas importants; mais les faits indiquent qu'en réalité, la classe possédante reçoit une somme totale énorme sous forme de loyer, d'intérêts et de profit ...Dans l'ancienne société esclavagiste, la source de la richesse du propriétaire d'esclaves était manifeste. Il possédait ce que l'esclave produisait. De même, l'exploitation féodale est franche et sans mystère ; le serf ne sait que trop bien pour qui et dans quelle mesure il travaille. Les esclaves et les serfs pouvaient être légalement contraints par leurs maîtres à travailler. Mais l'exploitation capitaliste est différente. Il n'existe aucune législation qui oblige le travailleur à travailler pour le capitaliste. Ni la loi ni la coutume ne prescrivent combien le capitaliste doit gagner et combien le travailleur doit gagner. 

Afin de percevoir la source du profit capitaliste, il est nécessaire d'étudier l'économie politique.

Le travailleur vend sa force de travail et le capitaliste l'achète. Le travailleur reste pauvre et le capitaliste devient riche et puissant. Quel est le secret de la richesse du capitaliste et de la pauvreté du travailleur ? Qu'est-ce que le profit et d'où vient-il ?

Le profit est la force motrice du capitalisme

Le processus de circulation du capital est représenté par la formule D-M-D'. Le capitaliste commence avec une somme d'argent (D) qu'il convertit en marchandises (M), en machines, en matières premières et en force de travail ; il fait ensuite travailler la force de travail avec les matières premières et vend le produit pour une somme d'argent supérieure à celle qu'il possédait initialement (D'). Cette somme d'argent supplémentaire qu'il obtient en vendant le produit est son bénéfice. L'objectif persistant et incessant du capitaliste est de réaliser des profits toujours plus importants. Au fur et à mesure que le capitalisme se développe, le véritable type de capitaliste se développe également, celui qui, avec une détermination totale, cherche à accumuler de plus en plus de richesses. Ce n'est pas la satisfaction de ses besoins personnels qui le pousse à atteindre ce but unique. Satisfaction qui, bien sûr, peut lui apporter une grande fortune comme une immense fortune, et qui a donc une limite - mais une condition nécessaire du système économique lui-même, c'est-à-dire la concurrence. Toute théorie économique qui laisse cela de côté et prétend que les activités des capitalistes visent uniquement à satisfaire rationnellement des désirs et des goûts est dépourvue de réalisme. Les conditions mêmes de la production et de l'échange capitalistes créent inévitablement un appétit insatiable pour plus de capital et, par conséquent, pour plus de profit. Ne pas saisir une opportunité de faire du profit signifie réduire la force concurrentielle vis-à-vis des autres capitaux et constitue un pas vers l'élimination dans la course entre les capitaux. Saisir de manière répétée les opportunités d'accroître les ressources du capital est la condition de base de la survie dans le système de la concurrence capitaliste. Marx écrit : "La répétition ou le renouvellement de l'acte de vendre pour acheter est obtenu dans des limites par le but même vers lequel il tend, à savoir la consommation ou la satisfaction de besoins définis, but qui se trouve entièrement en dehors de la sphère de la circulation ". Mais quand on achète pour  vendre, au contraire, le processus commence et se termine avec le même article, l'argent, la valeur d'échange ; et ainsi le mouvement devient sans fin (...) La circulation du capital n'a donc pas de limites. Comme représentant conscient de ce mouvement, le possesseur d'argent devient un capitaliste, et ce n'est que dans la mesure où l'appropriation de quantités toujours croissantes de richesses abstraites devient la seule motivation de ses opérations, qu'il agit comme un capitaliste, c'est-à-dire comme un capitaliste personnifié et doté de conscience et de volonté. Par conséquent, les valeurs d'usage ne doivent jamais être considérées comme le véritable objectif du capitaliste, et il en va de même en ce qui concerne le profit qui résulte de toute transaction. Son seul but est le processus incessant et sans fin qui mène à la réalisation du profit" (Marx, Le Capital, Livre I).

 Comment le capitaliste marchand réalisait des profits

La forme la plus primitive du capital - bien avant le développement de la production capitaliste - était le capital marchand. À l'époque précapitaliste, le marchand réalisait des profits d'une manière très différente de celle du capitaliste moderne. Et cette différence est très instructive. Dans les temps anciens et médiévaux, une importante classe de marchands vivait, pour ainsi dire, dans les interstices ou les pores entre les communautés qui dépendaient très peu du commerce, des communautés qui étaient dans la plupart des cas autosuffisantes. Ces marchands  ont combiné le commerce avec la piraterie et se sont enrichis par le pillage et la violence. Dans leur trafic, ils faisaient des profits en achetant quand il y avait de l'abondance et en vendant quand il y avait de la pénurie ; ils achetaient bon marché et vendaient cher. Les marchés qu'ils approvisionnent étaient  généralement éloignés les uns des autres et les conditions prévalant sur le marché où ils achetaient n’étaient pas connues sur le marché où ils vendaient. Ainsi, les marchands s'enrichissaient aux dépens de ceux avec qui ils commerçaient et étaient séparés des activités productives des communautés avec lesquelles ils commerçaient. Ils n'étaient pas associés à la production des excédents qu'ils s'appropriaient.

Le profit dans la société capitaliste moderne 

Dans la société capitaliste moderne, les profits sont réalisés en achetant à bas prix et en vendant cher, mais la classe capitaliste dans son ensemble ne réalise pas ses profits de cette manière. Dans le capitalisme moderne, l'échange n'est plus un lien accessoire entre des communautés généralement autosuffisantes, mais la totalité de la production est destinée à l'échange ; l'échange est partout". La richesse des sociétés dans lesquelles prévaut le mode de production capitaliste est présentée comme " une immense accumulation de marchandises ", c'est-à-dire de biens produits pour être vendus sur le marché. La majeure partie des ventes se fait entre capitalistes ; le capitaliste dont les travailleurs extraient  des matières premières (comme le minerai de fer) les vend à celui dont les travailleurs produisent des produits semi-finis (comme des tuyaux en acier), qui les vend à son tour à un autre capitaliste dont les travailleurs produisent un produit fini (par exemple des bicyclettes), qui les vend à son tour à un grossiste, qui les vend à un détaillant. Parallèlement, il existe toute une série de transactions avec les sous-traitants qui fournissent les composants (par exemple, les cloches ou les freins), avec les fournisseurs de machines, de carburant, etc. Il est donc tout à fait clair que si un profit est réalisé en achetant au-dessous de la valeur et en vendant au-dessus de la valeur, le gain d'un capitaliste représente la perte d'un autre, et la classe capitaliste dans son ensemble n'est pas mieux lotie. La classe capitaliste dans son ensemble ne peut pas aller au-delà de ses forces. Les grands profits des capitalistes ... ne peuvent donc pas être expliqués de cette manière. Les transactions qui n'ont pas lieu entre un capitaliste et un autre peuvent être effectuées dans le commerce entre les capitalistes et les paysans et autres producteurs non capitalistes. À titre d'exemple, nous pouvons citer le commerce entre les grands monopoles européens et américains et les producteurs coloniaux ou ruraux de matières premières. Dans ce cas, les entreprises puissantes utilisent leur position dominante afin de réaliser des bénéfices supplémentaires pour elles-mêmes au détriment des petits producteurs. Cependant, ces profits spéciaux réalisés en dehors de la société capitaliste n'expliquent pas la source du profit dans son ensemble ; ils expliquent simplement une partie des profits d'un groupe spécial de capitalistes. Un bénéfice supplémentaire de ce type n'est généralement obtenu que lorsqu'une entreprise particulière ou un groupe d'entreprises agissant de concert est en mesure d'éviter la concurrence d'autres capitalistes qui pourraient offrir plus d'argent[4]. Les seules autres transactions (en laissant de côté le marché du travail, qui sera traité plus tard) sont les ventes aux consommateurs finaux. La majorité des consommateurs auxquels les produits finaux sont vendus sont des travailleurs. 

L'exploitation des travailleurs est-elle due au fait qu'ils doivent acheter à des conditions plus désavantageuses ? Parfois oui, mais ce n'est pas la principale cause de l'exploitation dans la société capitaliste. Cependant, cela a effectivement été utilisé comme un moyen subsidiaire d'exploiter et d'escroquer les travailleurs. .... L'escroquerie sur le marché n'est pas la base de l'exploitation capitaliste est la preuve que l'exploitation capitaliste se poursuit lorsque les travailleurs achètent sur un marché ouvert à tous. D'une manière générale, le marché n'opère aucune discrimination - du moins dans les conditions du capitalisme concurrentiel - à l'encontre d'une classe particulière d'acheteurs ; et le profit capitaliste dans son ensemble, dans une société capitaliste, ne provient pas de l'achat à bas prix et de la vente à prix élevé.

 Le cycle de la production capitaliste 

 « Accompagnés de M. Ricacho et du possesseur de la force de travail, écrit Marx, nous quitterons pour un temps cette sphère bruyante (c'est-à-dire l'échange des marchandises, le marché) où tout se passe à la surface et au vu et au su de tous les hommes, et nous les suivrons tous deux jusqu'à la demeure cachée de la production, au seuil de laquelle l'écriteau suivant nous regarde fixement : "Entrée autorisée uniquement pour des raisons d’affaires ! ( ... ) En quittant cette sphère de la simple circulation ou de l'échange des marchandises, qui fournit au libre changeur vulgaris ses vues et ses idées, et les critères  par lesquels il juge une société fondée sur le capital et le salaire, il nous semble pouvoir percevoir un changement dans la physionomie des personnages de ce drame. Celui qui était autrefois le possesseur d'argent passe au premier plan comme capitaliste, et le possesseur de force de travail le suit, transformé en ouvrier. Le premier a un air important, sourit avec affectation, se concentre sur les affaires ; le second apparaît timide et méfiant, comme celui qui apporte sa propre peau au marché et ne peut qu'espérer qu'on la lui prenne" (Le Capital, Livre I).

Le secret du profit capitaliste ne se trouve pas dans la sphère de l'échange et de la circulation des marchandises ; il doit être recherché dans la sphère de la production. Un trait distinctif de l'approche marxiste de la science économique - un point commun avec les économistes classiques - est que son analyse est centrée sur les relations productives ; et pour expliquer les relations des marchandises sur le marché, elle rompt avec la sphère de la circulation et s'en éloigne.

Lorsque le capitaliste se lance dans la production, il commence avec un capital sous une forme connue, à savoir l'argent, avec lequel il acquiert les moyens de production. Les moyens dont il a besoin pour entreprendre la production comprennent normalement une usine dans laquelle sont produits des machines et des outils pour façonner ses matières premières et les matières premières elles-mêmes, ainsi que des matières auxiliaires telles que le carburant et les huiles lubrifiantes. Toutefois, il ne s'agit que d'une préparation à la production. S'il a réellement l'intention de produire, le capitaliste doit trouver des travailleurs et les faire travailler. Le capitaliste achète donc des matières premières, loue de la main-d'œuvre, loue (ou acquiert) une usine et des machines - en bref, il échange son argent contre diverses marchandises (D-M), et son intention n'est pas simplement de les vendre (comme le faisaient les marchands) mais de les utiliser dans le processus de production. Il fait travailler les ouvriers dans une usine, en utilisant les machines pour traiter et transformer les matières premières. Au final, les marchandises avec lesquelles il a commencé sont devenues des marchandises différentes. Le processus de production a été réalisé et achevé. Les nouvelles marchandises produites sont alors vendues, et le capitaliste a à nouveau de l'argent entre les mains, c'est-à-dire du capital, sous la même forme qu'au début, mais il y a une quantité d'argent considérablement plus grande que celle qu'il possédait au début - sinon il souffrira de désillusion. Ce cycle complet, par lequel le capitaliste a échangé de l'argent contre davantage d'argent, peut être exprimé symboliquement comme suit : Argent - Biens - (Processus de production) - Nouveaux biens - (Plus d'argent)

Qu'ils ont été transformés dans le processus de production.

Le problème à résoudre est le suivant : comment l'argent devient-il plus d'argent et d'où vient l'argent supplémentaire, le profit ?

Composition de la valeur du produit

Selon ce qui se passe en général, lorsque le capitaliste achète des matières premières à d'autres capitalistes..., la valeur des matières premières - qui ont été vraisemblablement achetées selon leur valeur correcte - constitue une partie de la valeur du produit fini. Une seconde partie de la valeur du produit fini est la valeur de la partie du bâtiment, des installations et des machines qui s'usent durant le processus de production. Bien entendu, les briques et les machines ne sont pas consommées en une seule fois dans le processus de production; elles s'usent progressivement au fil des ans. En conséquence, le capitaliste ajoute aux autres coûts un poste appelé "amortissement", fondé sur la durée de vie moyenne des bâtiments, des installations et des machines qu'il utilise ; ce coût d'amortissement constitue la reconnaissance du fait qu'une partie de la valeur de ces éléments est transférée au produit lors du processus de production. La troisième partie de la valeur du produit fini représente la "nouvelle" valeur "ajoutée" par le travail des ouvriers qui transforment les matières premières en produit fini, grâce à l'utilisation d'installations, etc. Mais, si la valeur des matières premières, de la  plante, etc., utilisées dans la fabrication du produit correspond à la valeur qu'il a achetée, et passe sans changement dans la valeur du produit fini, la nouvelle valeur ajoutée par le travail de ses ouvriers est supérieure à la valeur pour laquelle il les paie. En termes monétaires, ils reçoivent un salaire inférieur à la valeur que leur travail ajoute au produit.

Les salaires

Le capitaliste considère le salaire comme le prix payé pour le travail. Le prix est la valeur exprimée en argent. La question à laquelle il faut répondre est donc la suivante : "Quelle est la valeur du travail ? -ou du moins, c'est ce qu'il semble à première vue. Toutefois, à la réflexion, il apparaît clairement que cette question est dénuée de sens. La valeur elle-même dépend du travail et, par conséquent, demander "Quelle est la valeur du travail ?" revient à demander "Quel est le poids du poids ?" Comment pouvons-nous définir, par exemple, la valeur d'une journée de travail de dix heures ? Dix heures de travail. Dire que la valeur d'une journée de travail de dix heures est équivalente à dix heures de travail, ou à la quantité de travail qu'elle contient, serait une expression tautologique, et encore plus absurde " (Marx, Salaires, prix et profit ).

« Il est évidemment nécessaire d'approfondir cette question et de tenter de découvrir ce que le travailleur vend exactement en échange du salaire qu'il reçoit. Lorsqu'un travailleur accepte un emploi, lorsqu'il se "loue" à un capitaliste, il met en réalité à la disposition de ce dernier, pour une période déterminée - une heure, un jour ou une semaine - sa capacité de travail, c'est-à-dire la somme des capacités mentales et physiques existant dans un être humain, qu'il met en œuvre pour produire une valeur d'usage quelconque" (Marx : Le Capital).

Le travailleur ne vend pas son travail, mais sa capacité de travail, sa force de travail, qu'il met temporairement à la disposition du capitaliste. Le capitaliste fait travailler le travailleur et peut utiliser ses capacités à bon ou mauvais escient, les gaspiller ou les utiliser de manière économique. Le travailleur ne vend pas la contribution réelle qu'il apporte à la création de produits, il vend sa force de travail. Cette distinction entre le travail - la dépense effective des capacités et des énergies humaines (dont dépend la valeur des marchandises) - et la force de travail - la capacité ou la puissance de travail (que le travailleur vend en échange d'un salaire) - est d'une grande importance. Le salaire est le prix de la force de travail. Puisque le prix est l'expression de la valeur en argent, nous devons découvrir comment la valeur de la force de travail est déterminée.

La valeur de la force de travail

Comme nous l'avons montré, la valeur des marchandises dépend du temps de travail nécessaire à leur production. C'est, en fait, aussi vrai pour la force de travail que pour les autres marchandises. "La valeur de la force de travail est déterminée, comme celle de toute autre marchandise, par le temps nécessaire à la production et, par conséquent, également à la production de cet article spécifique. Dans la mesure où elle a de la valeur, elle ne représente qu'une certaine quantité du travail social moyen qui s'y matérialise" (Capital, Livre I).

La valeur de la force de travail dépend donc de la quantité de temps de travail qui doit être consommée pour qu'elle existe. La force de travail n'existe que dans les hommes et les femmes vivants. Pour vivre, les hommes doivent disposer des moyens de subsistance, de la nourriture, des vêtements, du combustible, du logement, etc. Pour que la force de travail continue d'exister, les travailleurs doivent se reproduire, avoir des enfants ; ils doivent donc disposer de moyens de subsistance suffisants, non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour leurs enfants. " La valeur de la force de travail est déterminée par la valeur des articles nécessaires à la production, au développement, à l'entretien et à la perpétuation de la force de travail " (Marx, " Salaire, prix et profit "). Les quantités et la nature de la nourriture, des vêtements, etc. nécessaires varient en fonction de la nature du travail effectué. Par conséquent, la valeur des différentes espèces de force de travail varie. Elle varie également parce que certains types d'aptitudes ou de compétences exigent une éducation ou une formation spéciale qui nécessite une certaine période pendant laquelle le travailleur doit vivre et peut avoir à supporter d'autres dépenses ; toutes ces dépenses constituent la valeur de la force de travail. Là encore, les besoins naturels du travailleur, tels que la nourriture, les vêtements, le combustible et le logement, varient en fonction des conditions climatiques et autres conditions physiques de son pays. D'autre part, le nombre et l'étendue de ses besoins dits naturels, ainsi que les modes de leur satisfaction, sont eux-mêmes des produits du développement historique (...) et dépendent donc dans une large mesure du degré de civilisation d'un pays, et plus spécialement des conditions et, par conséquent, des habitudes et des degrés de confort dans lesquels s'est formée la classe des travailleurs libres. Par conséquent, contrairement au cas des autres marchandises, un élément historique et moral entre dans la détermination de la valeur de la force de travail. Néanmoins, dans un pays donné et dans une période donnée, la quantité moyenne des moyens de subsistance nécessaires au travailleur constitue un facteur fixe" (Marx, Le Capital).

Aujourd'hui, la distinction entre "salaire réel et salaire monétaire" revêt une importance particulière, car la valeur de la monnaie est susceptible de subir des fluctuations de grande ampleur. Par "salaires réels", nous entendons les salaires mesurés non pas en termes d'argent, mais en termes de biens qui peuvent être achetés avec. Les mouvements des salaires réels sont normalement mesurés en comparant la variation de l'indice du coût de la vie avec la variation des salaires monétaires. L'existence d'une masse de travailleurs dépossédés, "libres" de travailler ou de périr de faim, est une condition nécessaire à la production capitaliste. Pour autant que d'autres travailleurs soient disponibles pour les remplacer, la classe capitaliste peut généralement empêcher les salaires des travailleurs de dépasser le niveau de subsistance (tel que défini ci-dessus), c'est-à-dire que les salaires ne dépassent pas normalement la valeur de la force de travail. En résumé, nous voyons donc que la valeur de la force de travail se résout en une quantité définie de moyens de subsistance qui dépendent a) des besoins physiques ; b) des besoins développés par l'histoire et la coutume ; c) des exigences pour l'entretien de la famille, et d) du coût de l'éducation et de la formation".

Il convient d'ajouter à ce qu'écrit Eaton que la valeur de la force de travail dans les pays centraux tend à rester faible ou à diminuer parce que les travailleurs de ces pays satisfont une partie de leurs besoins (vêtements et autres) avec des biens à bas prix provenant de pays où les salaires sont beaucoup plus bas, comme la Chine, le Pakistan, l'Indonésie, certains pays d'Afrique du Nord, etc.

En d'autres termes, les capitalistes des pays centraux profitent indirectement de l'exploitation exacerbée des travailleurs des pays périphériques. Plus loin (à la page 89 de son livre), Eaton écrit : "Tout tourne autour de la différence entre la valeur de la force de travail du travailleur que le capitaliste acquiert et la valeur que le travailleur crée lorsqu'il se met au travail. La force de travail est, en réalité, une marchandise qui a la propriété particulière de créer, lorsqu'elle est utilisée, une valeur supérieure à celle qu'elle possède elle-même."  ... "Une fois ceci compris, nous pénétrons dans le secret du profit ; la source du profit est la différence entre la valeur de la force de travail du travailleur et la valeur qu'il produit. La valeur que le travailleur produit en excès de la valeur de sa force de travail est appelée plus-value".

L'appropriation des richesses produites par le travail humain dans la production de biens matériels et immatériels (appropriation qui se réalise sur le marché par la vente de marchandises, y compris la force de travail) se réalise aussi en dehors de la sphère de la production, non plus comme extraction directe de la plus-value, mais par le pillage des individus et des peuples par le capital financier.

On ne peut plus dire que les capitalistes gagnent "honnêtement" leur vie en "donnant du travail" [5] dans leurs entreprises car ils volent et escroquent également les personnes et les peuples en dehors de la sphère de la production par les opérations du capital financier spéculatif et parasitaire.

L'exploitation capitaliste (III)

Le travail théorique de Marx et d'autres chercheurs marxistes permet de comprendre l'essence et les particularités du système capitaliste, dernier stade d'une période de l'histoire humaine (en fait de la préhistoire) qui a commencé avec l'esclavage, caractérisé par l'appropriation par une minorité de la plus grande partie du produit du travail de l'immense majorité, avec des réajustements périodiques d'accentuation ou de diminution de l'exploitation selon le rapport de forces entre les classes en conflit.

Bien que les crises et les " remèdes d'austérité " imposés par les classes dirigeantes confirment amplement la thèse marxiste sur le système capitaliste, les idéologues "conservateurs" ou "réformistes" et ceux qui sont "revenus" du socialisme, continuent à affirmer, sans aucun fondement, que la situation actuelle est temporaire ou que, au pire, elle n'est pas inhérente au capitalisme, mais au fonctionnement des "marchés", qu'ils estiment être, pour l'instant, laissés aux tendances "ultra-libérales". Il suffirait de "réguler" ou d'"humaniser" les marchés pour résoudre le problème.

Nous souhaitons ajouter quelques éléments qui montrent concrètement l'exploitation capitaliste, qui est dans une période de forte accentuation en raison d'un rapport de force actuellement défavorable aux exploités.

Dans les pays périphériques, mais également dans les pays centraux, la mobilité des grandes entreprises (la possibilité de changer rapidement de lieu d'implantation d'un pays à l'autre) limite le pouvoir de négociation des travailleurs : l'entreprise menace de se retirer du lieu d'implantation ou de segmenter sa production en différents endroits si elle juge les demandes des travailleurs excessives, ou les entreprises "délocalisent" tout simplement leurs usines dans des pays où les salaires sont plus bas. Et, dans l'espoir d'éviter les délocalisations et de préserver les emplois, les travailleurs acceptent la dégradation de leurs conditions de travail en termes de salaires, d'heures de travail, de stabilité, de sécurité sociale, etc.

Cela arrive parce que les écarts de salaires entre les pays "centraux" et les pays "périphériques" d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Europe de l'Est sont de l'ordre de 10 à 1 et parfois même de 20 à 1 et, par contre, les niveaux de productivité ont tendance à s'égaliser. Mais ces processus de délocalisation n'ont pas seulement lieu des pays riches vers les pays pauvres, mais également entre les pays pauvres : les entreprises délocalisent leurs usines des pays où les salaires sont très bas vers d'autres pays où les salaires sont encore plus bas (par exemple, de la Chine vers le Vietnam).

Dans d'autres conditions (un rapport de force favorable aux travailleurs), l'augmentation de la productivité du travail devrait logiquement s'accompagner d'une réduction du temps de travail (quotidien, hebdomadaire et annuel) et d'une réduction de l'intensité du travail. C'était généralement le cas jusqu'aux années 1920, lorsque les luttes des travailleurs, aidées par la crainte des capitalistes de l'exemple de la révolution d'octobre en Russie, ont abouti à la journée hebdomadaire de travail de 48 heures.

Mais avec le fordisme, l'intensité du travail a augmenté, comme Chaplin le montre avec acuité dans le film Les temps modernes. Depuis lors, la journée de travail est restée stable, bien que la journée de travail annuelle ait diminué en raison de l'allongement des vacances et que, dans certains pays, la journée de travail hebdomadaire ait également diminué. Mais ces dernières années, bien que la productivité ait continué à augmenter, la tendance à la réduction du temps de travail s'est inversée, l'intensité du travail a également augmenté et le travail flexible, qui est une façon de garder le travailleur toujours à la disposition de l'employeur, même s'il ne travaille pas, s'est généralisé. L'augmentation du temps de travail est en fait accentuée par la nécessité pour de nombreuses personnes de travailler plus longtemps (dans le même emploi ou dans un emploi supplémentaire) afin de gagner le minimum nécessaire pour survivre.

Les femmes et les enfants sont les premières victimes de l'exploitation du travail dans le monde. En février 2007, la Confédération syndicale internationale (CSI) a publié un rapport sur Les normes fondamentales du travail internationalement reconnues dans l'Union européenne, qui analysait la situation dans ce domaine pays par pays. Entre autres choses, le rapport disait: "Tous les États membres de l'UE ont ratifié les deux conventions fondamentales de l'OIT sur le travail forcé. Toutefois, la traite des personnes, principalement des femmes et des filles à des fins de travail forcé et d'exploitation sexuelle, constitue, dans une certaine mesure, un problème dans pratiquement tous les pays..... Les conclusions du rapport indiquaient que :

 Dans les États membres de l'UE, il existe toujours un fossé profond entre la législation et la pratique en matière d'égalité des sexes. En Europe, les femmes gagnent jusqu'à 40 % de moins que leurs homologues masculins, ont un taux de chômage plus élevé et sont sous-représentées aux postes de direction. La discrimination économique à l'égard des femmes est particulièrement aiguë dans certains États membres d'Europe de l'Est, où l'écart de rémunération dans le secteur public est souvent encore plus important que dans le secteur privé. En tout état de cause, la concentration majeure de femmes dans des emplois à temps partiel et dans le secteur des services a également modifié de manière défavorable la situation des femmes dans certains pays d'Europe occidentale.

L'augmentation de la charge de travail (physique, mentale et nerveuse) a rendu le travail plus pénible ces dernières années, et les horaires de travail flexibles et plus longs parasitent ou engloutissent le temps en dehors du travail, c'est-à-dire ce qui reste de temps libre.

Nous sommes de plus en plus éloignés de la société post-industrielle promise au temps libre. Même les employés et les techniciens supérieurs souffrent de ce fardeau, victimes de la pression dans leur travail et de l'angoisse causée par la peur de perdre leur emploi. Les suicides sont fréquents parmi ces catégories de travailleurs.

Les faits confirment que, comme Marx l'a souligné dans le chapitre VI (dit inédit) du livre I du Capital, non seulement le travail manuel mais aussi le travail salarié produisant des biens immatériels ou intangibles (comme le travail des chercheurs, des techniciens, des enseignants, des informaticiens, des travailleurs de la santé, des artistes, etc.) est l'objet d'une exploitation car il crée de la valeur et est une source de profit (plus-value) pour les capitalistes. Il en va de même pour les salariés travaillant dans les services (transports, communications, banques, etc.).

La santé et la sécurité au travail tendent à se dégrader. Les maladies et traumatismes liés au travail ont été responsables du décès de 1,9 million de personnes en 2016. Selon les premières estimations communes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation internationale du Travail (OIT). ( https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_819803/lang--fr/index.htm).    Ces dernières résultent, entre autres, de l'utilisation d'agents toxiques sur les lieux de travail (agricoles et industriels). Les grandes entreprises se dérobent à leur responsabilité en matière de santé et de sécurité en sous-traitant des tâches pénibles et/ou dangereuses, ce qui aggrave encore la situation du travailleur face à des sous-traitants qui violent régulièrement la législation du travail et n'ont pas la solvabilité économique pour assumer leurs responsabilités.

Il existe même des cas de travail en esclavage ou semi-esclavage. Au Myanmar (anciennement Birmanie), trois entreprises, l'américaine Union Oil of California (UNOCAL) reprise par Chevron Texaco en 2005, la britannique Premier Oil et la française Total, ont profité des "avantages comparatifs" offerts par le régime dictatorial du pays, qui utilise le travail forcé. UNOCAL et Total étaient initialement impliqués dans la construction du gazoduc de Yadana.

En 1997, un tribunal américain de Californie a donné raison à une action en justice contre UNOCAL et Total intentée par 14 victimes d'abus et de violations des droits de l'homme pendant la construction du gazoduc de Yadana. Le juge Richard Paez a déclaré que les sociétés transnationales et leurs dirigeants peuvent être tenus responsables des violations du droit international des droits de l'homme dans les pays étrangers et que les tribunaux américains sont compétents pour juger de telles violations. Dans sa décision, le juge a déclaré que les arguments d'UNOCAL sont "inexplicables" et "difficiles à imaginer". En fin de compte, il n'y a pas eu de condamnations définitives, mais UNOCAL s'est retirée, ne laissant que TOTAL pour profiter des "avantages comparatifs" offerts par la dictature birmane [6].

Les sociétés transnationales utilisent  d'autres pratiques qui s'apparentent à  l'esclavage. Par exemple, Disney a des sous-traitants en Chine qui font travailler leurs ouvriers de 13 à 17 heures par jour, sept jours sur sept, pour un salaire quotidien d'à peine plus d'un dollar. Une autre forme de travail semi-esclave est le travail en prison pour des entreprises privées (souvent transnationales), pratiqué en Chine et dans de nombreux pays riches, comme les États-Unis, la France et l'Allemagne. On pourrait donner de nombreux autres exemples de travail d'esclave ou de semi-esclave. Un cas exemplaire est celui d'UBER.

CONCLUSION

Sans une vue d'ensemble du fonctionnement réel du système capitaliste, le résultat est la soumission à une variante de l'idéologie dominante qui attribue tous les maux de la société actuelle au marché "déréglementé", alors que la racine de ces maux se trouve dans le système lui-même, c'est-à-dire dans la propriété privée des instruments et moyens de production et d'échange. En d'autres termes, les "alternatives" qui proposent uniquement des réformes à l'intérieur du système et des voies prétendument intermédiaires et qui ne s'inscrivent pas dans la perspective de l'abolition du capitalisme, conduisent inévitablement à une impasse, à la dégradation croissante des conditions de vie matérielles et spirituelles des êtres humains et à la détérioration toujours plus accélérée de l'écosystème.

C'est également vrai pour les anciens pays socialistes qui ont rétabli le capitalisme (étatique et privé) - où les différences sociales sont désormais énormes et où l'espérance de vie a même diminué - et c'est également vrai pour les tendances dominantes dans certains pays où l'on parle de socialisme "modernisé" ou de "socialisme du XXIe siècle".

Le capitalisme, dominant à l'échelle mondiale,  génère inéluctablement la dictature du grand capital  et, dans ce cadre,  les grandes puissances subjuguent d'autres États pour les dépouiller de leurs ressources naturelles et profiter du faible coût de leur main-d'œuvre. -----------------

BIBLIOGRAPHIE

Karl Marx, Éléments fondamentaux de la critique de l'économie politique (Grundrisse) ;  Introduction à la critique de l'économie politique et son Prologue ; Misère de la philosophie ; Le Capital, Livre I ; Salaires, prix et profit.Karl Marx, Frédéric Engels, Manifeste Communiste.

John Eaton (Economía Política, un análisis marxista, Edición Amorrortu Buenos Aires, 1966, Original anglais : Political economy : A Marxist textbook. January 1949. Pas d’edition en français.

Paul Sweezy , Theory of Capitalist Development, 1942 ; Teoría del desarrollo capitalista. Pas d’edition en français

Erik Roll, The History of Economic Thought-  Historia de las doctrinas económicas- Pas d’édition en français

Pierre Changeux,  L'homme de vérité ; L’homme neuronal.

Alejandro Teitelbaum, La armadura del capitalismo: El poder de las sociedades transnacionales en el mundo contemporáneo. Editorial Icaria, España, 2010, 236 pags.

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NOTES

[1] Écrit  Changeux :…"l'histoire des sciences reflète un mouvement dialectique de va-et-vient entre ces deux positions [empiriste et rationaliste] ... Ces deux modes d'appréhension du monde extérieur offrent des analogies avec les processus ascendants et descendants qui se développent simultanément dans le cerveau lors de l'exploration du monde : des organes sensoriels aux "processeurs", puis à l'espace de travail conscient (bottom up), et inversement, de l'espace de travail conscient aux "processeurs" (top down). Dans le premier cas, la priorité (mais non l'exclusivité) est donnée aux sens, avec comme limite l'illusion sensorielle. Dans le second, la théorie domine le processus, avec tous les risques qui représentent l'imaginaire incontrôlé et le dogmatisme. La démarche scientifique, le chemin vers le vrai, se trouve sans doute dans l'équilibre instable entre ces deux mouvements". (pag. 316/317).

[2] Karl Marx, Manuscrits de 1857 - 1858 dits "Grundrisse". Contradiction entre la base de la production bourgeoise (mesure de la valeur) et son propre développement. Machines, etc.

[3] Original anglais : Political economy : A Marxist textbook. January 1949. Il semble qu’ il n'y a pas d’edition française.

[4] L'explication traditionnelle du cycle de la production capitaliste et du profit capitaliste est valable dans un marché dit concurrentiel,  de supposé  « concurrence libre et non faussée ». (Voir Sweezy, Theory of capitalist development, Monopoly and rate of profit, pages 331 et ss. edit. espagnol) Si l'offre est oligopolistique ou monopolistique et surtout si concerne un produit essentiel  la soi-disant loi de l'offre et de la demande cesse de fonctionner et le prix –disproportionné- de monopole est imposé et le profit capitaliste augmente de façon exponentiel, quel qu'en soit le coût humain pour la majorité à faible pouvoir d'achat. C'est le moment où le système capitaliste franchit la ligne de son auto-justification pour devenir un système criminel. Un exemple actuel est le prix totalement disproportionné du gaz liquéfié vendu par les États-Unis à l'Europe, profitant de l'interruption de l'approvisionnement en provenance de Russie (https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/09/16/les-etats-unis-colosse-fragile-du-gaz-liquide_6141882_3234.html).

[5] Il convient de préciser que, contrairement à l'expression couramment utilisée, en réalité ce ne sont pas les patrons mais les travailleurs qui "donnent" du travail, en partie en échange d'un salaire et en partie gratuitement (le résultat du surtravail - la plus-value - approprié par le capitaliste).

[6] Ludovic Hennebel, L’affaire Total-Unocal en Birmanie jugée en Europe et aux Etats-Unis, CRIDHO Working Paper 2006/09- En janvier 2022, Total Energies  a annoncé sa décision de se retirer du champ de Yadana et de la société de transport de gaz MGTC au Myanmar, en raison des violations des droits humains depuis le coup d'état de 2021.

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